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samedi, avril 20, 2024
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Courageuse Fadwa Suleiman en interview

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Actrice Syrienne ayant dû fuir la Syrie car le gouvernement la recherchait pour s’être ouvertement opposée au gouvernement de Bachar El Assad et pour avoir organisé des manifestations à Homs, nous avons pu la rencontrer à l’occasion du FIFDH.

– Vous êtes arrivée le 24 mars 2012 en France, comment se passe cette vie française ?
– C’est difficile de vous parler de ma vie en France car je n’ai pas choisie la France en tant que telle, j’ai simplement choisi de vivre à l’étranger. C’est difficile car j’ai été obligée de quitter mon pays et aussi par rapport à ce qu’il se passe en Syrie. Évidement ça aurait été génial si j’avais pu habiter en France s’il n’y avait pas tous ces problèmes. Que ce soit en France, en Suisse, en Allemagne, j’aurais beaucoup aimé, mais étant donné ce qu’il se passe en Syrie, ma vie est difficile quel que soit le pays dans lequel je puisse vivre.

– Arrivez vous à prendre un peu de temps pour vous malgré votre combat quotidien pour les vôtres ?
– C’est encore une chose difficile. Je reprends ma vie à zéro. Il faut apprendre la langue, trouver du travail et je cherche toujours un moyen d’aider les gens là bas et je cherche à défendre notre cause. Je cherche des solutions pour les miens et bien sur pour moi aussi.

– Comptez vous mettre votre carrière d’actrice de côté jusqu’à la fin du conflit ?
– C’est l’une des questions que je me suis posée lorsque je suis arrivée en France. A l’heure actuelle, j’essaie surtout de savoir qui je suis. Comment m’aider moi-même à vivre ? Je n’arrive pas à me considérer comme comédienne ou artiste. Je cherche autre chose en moi, quelque chose qui puisse aider la Syrie. Pas seulement pour la Syrie d’ailleurs, c’est un problème qui concerne l’être humain dans le monde. Comment vit on ? L’origine des guerres ? Il y a un certain manque d’empathie dans l’humanité. Nous n’arrivons pas vraiment à partager avec les autres, ici il y a des problèmes avec la crise. Nous avons l’impression que ces problèmes ne nous touchent pas mais en réalité nous sommes dedans. Bien entendu certains font preuve d’empathie, essaient de changer les choses, mais malheureusement les actes souvent ne sont pas assez forts. L’humanité s’engage dans des guerres qui ne résolvent pas les problèmes. A ce moment là pourquoi se lancer dans ces guerres ? Cela va t’il tout de même résoudre un problème ?

– Ce sentiment de révolte est il venu avec un déclic ou a-t-il toujours été présent ?
– Il a toujours été présent. Ça commence par une révolution contre soi-même. Depuis ma plus tendre enfance je suis révoltée. Avant la révolution en Syrie, il y avait déjà une certaine révolte interne et je crois que c’est ça la vraie révolte. J’ai un sentiment très négatif car je suis passée de l’acte à la parole. Avant j’agissais et maintenant je me contente de parler. Et je n’aime pas parler ! C’est un sentiment très frustrant pour moi.

– Pouvez vous nous donner un aperçu de l’engagement des comédiens lors de cette révolte?
– Il n’y a pas eu de préparation de la part des artistes pour cette révolution, mais c’était effectivement un rêve pour cette communauté ainsi que celle des intellectuels. C’était un rêve pour tous de voir du changement par la révolution. Naturellement les artistes ont été favorables pour le changement. Malheureusement les artistes n’ont pas pu jouer un rôle prépondérant.

– Quelles ont été les réactions du monde arabe quand à votre exil en France ?
– Il y a eu surtout des réactions positives car beaucoup m’encourageaient à partir de Syrie. J’étais dans une situation très critique, ma vie était en danger. Mais personnellement, je ne voulais absolument pas quitter le pays. J’avais un dilemme puisque j’étais prête à assumer mes responsabilités, mais je ne pouvais pas me permettre de mettre la vie des autres en danger du simple fait que je restais sur place. Je n’avais plus le choix de m’exiler à partir du moment où la révolution est devenue armée.

– Avez-vous aujourd’hui le sentiment d’être une héroïne pour le peuple révolutionnaire ?
– Il est devenu difficile aujourd’hui de parler du terme « héros ». C’est grâce aux actes de chacun, à la hauteur de ses moyens que les choses changent. Ces gens sont les véritables héros.

www.fifdh.ch

[Alberic Gros]

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