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mardi, avril 16, 2024
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Michael Dudok de Wit : « La Tortue rouge » n’est pas un film pour enfant traditionnel »

La Tortue rouge De Michael Dudok de Wit

Merveilleux film d’animation remarqué par notre envoyé spécial à Cannes où il a remporté le Prix spécial de la section Un certain regard, « La Tortue rouge » devrait faire l’unanimité chez les amateurs de dessin animé poétique à la Ghibli. Conversation avec son réalisateur, le Néerlandais Michael Dudok de Wit.


Michael Dudok de Wit
Michael Dudok de Wit

Quels sont les premiers retours du public ?
Une expérience marquante a été la séance organisée pour le public jeunesse. Je pouvais mesurer la concentration des enfants au bruit des sacs de chips (rires). Ils étaient très attentifs. « La Tortue rouge » n’est pas un film pour enfant traditionnel, mais j’espère qu’il plaira. Au festival international du film d’animation d’Annecy, le public était vraiment enthousiaste. Nous avons eu le droit a beaucoup d’applaudissements, c’était extraordinaire !

Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec le travail du studio japonais Ghibli ?
Oui, bien sûr, c’était au début des années 90 au festival d’Annecy. Avec des collègues, nous avons tout de suite été frappés par le caractère inédit d’un film comme « Le Château ambulant ».

Comment vous ont-ils approché pour vous proposer ce projet long-métrage ?
Le studio m’a envoyé une lettre en 2006 disant qu’ils aimaient beaucoup mon film « Father And Daughter », et qu’ils étaient prêts à le distribuer au Japon. Le choc, bien sûr, a été leur proposition de long-métrage en coproduction avec Wild Bunch. Sans y croire totalement, je suis allé voir Vincent Marval (dirigeant de Wild Bunch) à Londres. Il a répondu à mes questions en confirmant la sincérité des Studio Ghibli pour m’épauler dans ce projet. J’ai alors commencé à écrire. Il était déjà question à l’époque d’un homme seul dans la nature.

Quelles ont été les étapes de fabrication du film ?
Il a été écrit en cinq mois, puis les story-boards ont pris forme. Pendant cette période je me suis rendu de nombreuses fois au Japon. Ils ont été très patients en me laissant le loisir d’expérimenter des choses. A partir de 2012, nous avons recruté des animateurs de talent pour donner vie aux personnages. Le défi a été de coller à la réalité tout en restant simple. Garder la dynamique du mouvement sans exagérer.

La Tortue rouge De Michael Dudok de Wit

Les sons, et plus particulièrement la musique, jouent un rôle primordial dans le film. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce travail ?
Le film est muet, il fallait donc que la bande-son soit expressive. A la différence de mes précédents films, je n’avais pas une idée précise de la mélodie, des instruments à poser. Nous avons alors étudié une dizaine de propositions. Nous voulions une musique sensible, qui vienne du cœur. Laurent Perez Del Mar (le compositeur) est arrivé assez tard sur le projet, ce qui lui a permis de s’inspirer du visuel du film. En parallèle de son travail, la B.O. a été construite, ce qui était très agréable.

Quelles ont été les histoires qui vous ont nourri enfant ?
Petit, j’étais un fidèle lecteur de la bibliothèque locale. J’ai toujours été sensible aux rapports entre les êtres humains et les animaux. On peut retrouver cet aspect autant dans la mythologie grecque que dans les contes japonais ou irlandais qui m’ont beaucoup marqué. Avec « La Tortue rouge », on me parle souvent de Robinson Crusoé. Je l’ai relu à vingt-cinq ans et j’y trouve un côté irritant. J’ai voulu mettre en avant l’adaptation du héros à un environnement qu’il sait indomptable, et également d’y ajouter une histoire d’amour.

La Tortue rouge De Michael Dudok de Wit

En regardant de plus près votre biographie, on apprend que vous avez fait une partie de vos études à Genève…
J’ai vécu longtemps aux Pays-Bas, et très tôt j’ai su que je voulais voyager tout en vivant ma passion. A Genève j’ai eu l’opportunité d’explorer des techniques comme la gravure, puis, vu mon intérêt pour la narration, je me suis tourné vers l’animation. C’était l’époque où Moebius et d’autres artistes commençaient à exploser. J’ai vite compris que mon désir se portait sur des films personnels, c’est pourquoi j’ai décidé de mettre le cap sur l’Angleterre.

Avez-vous encore des liens avec la Suisse ?
J’ai rencontré mon épouse à Genève et ma maman vit non loin de Lausanne, donc oui, on peut dire que j’y ai encore des liens (sourire).

La Tortue rouge De Michael Dudok de Wit

La Tortue rouge
De Michael Dudok de Wit
Filmcoopi
Sortie le 29/06

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