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samedi, avril 20, 2024
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Le « Grain d’sel » à Bex : un cinéma de quartier qui résiste!

Le "Grain d’sel" à Bex : un cinéma de quartier qui résiste!
Le « Grain d’sel » à Bex : un cinéma de quartier qui résiste!

Rencontre avec Blaise Bataillard, responsable d’exploitation du cinéma « Grain d’sel » situé dans la sympathique commune de Bex (Vaud), et David Cagliesi, responsable de la programmation (et accessoirement rédacteur à Daily Movies).

– Pouvez-vous en quelques phrases nous expliquer comment s’est montée la structure de votre cinéma ?

– Blaise Bataillard : En 1988, l’ancien cinéma « Rex » fermait ses portes et laissait un grand vide dans la vie communautaire bellerine. La salle a été totalement vidée afin d’en faire un supermarché, projet qui fort heureusement n’a finalement jamais abouti. En 1995, Michel Baeriswyl a organisé une séance d’information pour sonder l’intérêt de la population concernant la réouverture d’un cinéma. Suite aux retours positifs, un groupe de travail s’est ensuite constitué pour étudier la remise en état de la salle et surtout son exploitation. Monsieur Miguel Stucki, propriétaire de Métrociné (actuellement Pathé Lausanne et Genève), est venu nous prêter main forte afin de concrétiser ce projet. Les plans étaient prêts fin 1998 et le cinéma a ensuite été entièrement remis à neuf. L’inauguration a eu lieu le 31 octobre 1999. Une coopérative a été créée avec des statuts et le financement a été réalisé à l’aide de parts sociales, de subsides du canton, de prêts LIM (sans intérêt), de sponsors locaux et surtout avec le soutien financier de la Loterie Romande. Un comité composé d’un président, d’un responsable de programmation, d’un responsable d’exploitation, d’une gérante et d’une comptable gère depuis le bon fonctionnement du cinéma.

– Comment concevez-vous la programmation ?

– David Cagliesi : Nous avons un petit comité de programmation composé de trois personnes (Danielle Decaillet, Sara Cagliesi et moi-même). Nous essayons de nous réunir chaque deux semaines. L’objectif est d’établir la liste complète de tous les films que nous souhaitons programmer sur une période d’environ deux mois. Notre programmation standard regroupe les films selon trois types de catégories : les films « A » composés d’œuvres « grand public », des films populaires programmés en version française le mercredi, le vendredi, le samedi et le dimanche. Ensuite, nous avons les films « B », des œuvres moins commerciales qui sont programmées en version originale le jeudi, le samedi et le dimanche. Et enfin, de septembre à mai, un mardi sur deux nous proposons en version originale, des œuvres plus « pointues » dans le cadre du programme annuel des toiles. Nous essayons de proposer des œuvres atypiques issues des quatre coins du monde, en alternant longs-métrages et documentaires. En parallèle de cette programmation usuelle, nous proposons régulièrement des séances « spéciales » en présence d’invités (réalisateurs, acteurs, producteurs, etc.).

– Travaillez-vous en contact avec d’autres cinémas indépendants de Suisse romande ?

– DC : Oui, nous avons la chance de pouvoir collaborer avec Patrick Dentan, qui est le programmateur des cinémas d’Aubonne (« Rex ») et Châtel-St-Denis (« Sirius »). Patrick est notre lien direct avec les distributeurs. Sur la base de la liste définie par notre comité, nous avons des échanges réguliers qui nous permettent d’affiner notre programmation selon les contraintes du marché (résultats) et celles des distributeurs.

– BB : Nous rencontrons régulièrement nos confrères lors des séances des différentes associations qui défendent l’intérêt des exploitants. C’est l’occasion d’échanger avec d’autres cinémas indépendants sur nos difficultés et nos succès respectifs.

– Vous proposez des sections Ciné-Séniors, Cinéfilou et prochainement Cinéado, pouvez-vous nous en parler ?

– BB : Depuis 3 ans nous avons mis en place avec Pro Senectute un partenariat qui a débuté avec 3 films par année pour les séniors, puis 5 et finalement 7 pour la prochaine saison. La Lanterne Magique n’ayant pas été mise en place à l’ouverture du cinéma, un groupe indépendant de notre staff a créé « Cinéfilou », un ciné-club pour enfants de 6 à 12 ans. Une saison comporte 6 films programmés entre octobre et mars. Le prix pour la saison est de 20.-. Même principe pour « Cinéado » qui débute cet automne avec 6 films pour les préados et les ados dès 11-12 ans.

– Quels genres de films marchent le mieux dans un cinéma de quartier comme le vôtre ?

– DC : En termes d’entrées, nous souffrons quelque peu de la concurrence régionale sur les films « grand public » ! Nous pouvons difficilement concurrencer les multiplexes régionaux avec leurs infrastructures conséquentes et les nombreux services qu’ils proposent. Comme vous le mentionnez très bien, nous sommes un cinéma de « quartier » et je rajouterai même de « campagne » ! Au fil des années, nous avons pu constater un intérêt certain pour les œuvres « rurales », notamment pour les documentaires. Ce sont donc principalement les films « B » et les « toiles » qui fonctionnent le mieux. Nous avons la chance d’avoir un public ouvert et l’aspect familial de notre cinéma est propice à de nombreux échanges !

– Vous donnez une importance particulière aux films Suisses avec souvent la présence de l’équipe de tournage, est-il facile de faire venir des personnalités à Bex ?

– BB : Lors de la sortie de nouveaux films suisses, nous avons la chance de pouvoir faire venir assez facilement et rapidement des réalisateurs ! Le débat qui suit la projection est très apprécié de notre public qui vient nombreux.

– Pouvez-vous tous deux décrire en quelques mots ce qui vous a amené au cinéma ?

– BB : J’ai toujours aimé le cinéma ! Parmi toute l’équipe qui a fondé le « Grain d’Sel », seule une personne avait la formation de projectionniste. Mon activité au « Grain d’Sel » concerne la gestion d’une équipe, la gestion de l’exploitation comme une petite entreprise. C’est beaucoup de satisfactions depuis bientôt vingt ans que je suis dans ce beau projet !

– DC : Le cinéma a une importance primordiale dans ma vie : j’y consacre tout mon temps libre ! Depuis mon enfance, j’ai toujours été attiré par le 7ème Art, certains films étaient même des baby-sitters très efficaces (rires) ! C’est un « virus » qui m’a surement été transmis par ma mère qui possédait de nombreuses VHS. Le cinéma est un vecteur d’émotion très puissant et pour quelqu’un de peu expressif comme moi, c’est une sorte d’exutoire ! J’appartiens à cette génération qui a construit une certaine cinéphilie grâce aux vidéoclubs.

– Avez-vous des événements spéciaux prévus pour le « Grain d’sel » dans les prochains mois ?

– DC : La semaine du mercredi 29 octobre au dimanche 02 novembre, le cinéma fêtera ses 15 ans d’activité ! Afin de célébrer dignement cet anniversaire, nous avons décidé d’organiser une programmation spéciale regroupant uniquement des œuvres cinématographiques suisses avec des séances en présence d’invités.

www.graindesel.ch

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