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Mad Max – Fury Road : Entre le feu et le sang, la fureur de vivre

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En revenant à ses premiers amours, George Miller signe non seulement le fleuron du blockbuster, mais aussi l’un des meilleurs films sortis sur nos écrans cette année. Préparez-vous, Mad Max: Fury Road ne fait pas dans la dentelle.


Marmonnant quelques mots qu’il crache comme si c’était son sang, Max contemple une étendue désertique aux couleurs jaunâtres et saturées. Alors qu’un lézard à deux têtes longe le sol près de lui, il l’écrase d’un coup sec. Puis, il monte à bord de sa voiture en faisant hurler son moteur et dévale la pente de sable qui se tenait devant lui. Quelques secondes passent – le temps que la caméra effectue un léger travelling ascensionnel – avant qu’une horde de motards et d’autres ennemis ne tracent Max et son bolide.

Cette scène d’ouverture synthétise le dernier film de George Miller, qui se présente comme une course poursuite furieuse sur près de deux heures, dont les seules haltes ne sont rythmées que par des besoins techniques (les engins devant refroidir) et narratifs. Posée en quelques vrombissements de moteurs, l’histoire de Mad Max: Fury Road est celle de Furiosa, qui s’enfuit avec les femmes d’Immortan Joe (le tyran d’une secte religieuse) en quête de rédemption et de liberté. Le patriarche compte bien récupérer ses biens et lance une armada de ses fanatiques pour arrêter Furiosa. Captif au sein de la secte, Max se retrouve projeté dans cette folie de sable et de sang.

Miller a certes dû se battre plus de dix ans pour parvenir à mener le projet à terme, mais il est difficile de ne pas percevoir Max Mad: Fury Road comme sa vengeance sur le cinéma, faisant rugir la « ozploitation » de ses débuts (le cinéma de genre australien des années 1970-80) dans toute sa splendeur. Le réalisateur n’explore pas de nouveaux territoires mais a cette fois-ci les moyens de le défricher avec la richesse qui lui est due, en illustrant une civilisation au trépas où certaines problématiques d’aujourd’hui (le fanatisme religieux, la hiérarchie sociale) deviennent les pastiches perturbants de demain. Le film déborde d’inventivité, autant dans l’exploitation du monde post-apocalyptique et du rapport des personnages vis-à-vis de celui-ci que dans l’accoutrement et les attributs des clans.

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À mesure qu’il s’associe à l’espoir déraisonné de Furiosa (l’excellente Charlize Theron), Max retrouve peu à peu une part d’humanité. D’abord présenté comme une bête sauvage, il aboie plus qu’il ne parle. Progressivement, il se défait de ses attributs animaliers, coupant d’abord la chaîne qui le reliait à son maître, puis sa muselière, avant de grogner ses premiers mots. Non loin de son rôle de Bane dans The Dark Knight Rises, Tom Hardy livre une prestation physique et, reprenant l’aspect rugueux et brut de Mel Gibson, s’impose de tout son charisme.

Mad Max: Fury Road est sans doute le film de la saga qui porte le mieux son nom, puisqu’il dépeint un Max qui, au-delà de la bestialité abordée ci-dessus, affiche une véritable folie. Les visions qui l’assaillent brouillent les repères et remettent constamment la santé mentale du personnage en question. Tout en étant présente chez le protagoniste, cette démence imprègne également le long-métrage, débordant de toute part dans cette course à la vie et à la mort dont une fièvre contagieuse finit par émaner.

L’aspect le plus fracassant du film réside assurément dans son esthétique et sa gestion de l’action. À ce propos, la première scène de poursuite provoque l’effet d’un tourbillon. Alors que les différents convois se font la guerre – les enjeux de la séquence ne cessent d’être redistribués entre les bolides et à l’intérieur de chacun de ceux-ci –, une violente tempête des sables s’abat sur les personnages. Mais dans ce chaos absolu, la lisibilité reste reine et permet aux spectateurs de savourer ce spectacle destructeur, ce que la réalisation de Miller ne cesse de peaufiner.

Bien que ces éclats de violence et de dégénérescence humaine soient palpables, quelque chose de définitivement abstrait émane de cette poursuite sans véritable fin. Chaque personnage aspire à un idéal, pessimiste ou fantasmé, alors que tous sont finalement régis par la barbarie dictée par ce monde, mais surtout par les impératifs artistiques du réalisateur. On assiste à un ballet morbide et coloré qui provoque frénétiquement des sensations physiques, amplifiées par le symbolisme grandissant auquel les protagonistes sont rattachés.

Avec sa sélection au Festival de Cannes et sa grande campagne de promotion, Mad Max: Fury Road vise gros et tous spectateurs. Pourtant, le caractère extrême du film s’associe à un certain type de cinéma qui ne règne que rarement dans les multiplexes et qui, par conséquent, risque de provoquer quelques sueurs froides au grand public. Ravagé, le film porte assurément la marque de son auteur et offre des scènes d’ores et déjà anthologiques, rythmées par les moteurs et colorées par le feu. On en sort violenté et avec une seule envie, celle d’y retourner.

Mad Max: Fury Road
De George Miller
Avec Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult
Sortie: 14 mai

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