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vendredi, mars 29, 2024
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The Living Longyearbyen

Une Vaudoise dans le Grand Nord!

Rencontre avec Marie Geiser, réalisatrice de « The Living Longyearbyen », un voyage dans l’archipel du Svalbard, à mi-chemin entre la Norvège et le Pôle Nord. Qui peut donc bien résider sur ces terres reculées, aux températures polaires et plongées trois mois par an dans la nuit ?

– Pouvez-vous nous relater votre parcours jusqu’à la réalisation de « The Living Longyearbyen » ?
– J’ai grandi à Daillens, dans le canton de Vaud. Je suis conceptrice en multimédia de formation. J’ai effectué mon apprentissage à L’ERACOM à Lausanne. Dans ce cursus de 4 ans étaient inclus deux fois 6 mois de stage pratique. C’est un peu par hasard que j’ai fait mon premier stage chez les productions Oeil-sud, à Genève (ils s’appellent aujourd’hui Les films du Tigre) et que j’ai découvert le montage vidéo. J’ai tout de suite croché ! J’ai aimé ce défi de devoir chercher et puis faire ressortir l’histoire qui se cache dans un tas de rushes… J’ai donc naturellement décidé de faire mon deuxième stage dans le montage également et c’est chez André Kuenzy, à Neuchâtel, que j’ai atterri. André, c’est « l’homme bleu ». Un drôle de personnage, tout de néoprène, qui parcours le monde sans dire un mot, à la recherche de rencontres. Il avait des dizaines d’heures d’images de ses déambulations, dont il fallait tirer quelque chose, essayer de trouver l’essence… à l’issue de ce dernier stage, j’ai passé mes examens et obtenu mon CFC. J’ai emménagé à Neuchâtel, pour m’installer dans les bureaux d’André et y faire du montage à mon compte. J’ai fonctionné comme ça deux ans. Je faisais un 50% dans la vente pour payer mon loyer et j’ai commencé à étoffer mon carnet d’adresses et à multiplier les collaborations à Neuchâtel. C’est vite devenu très intéressant, mais jamais vraiment rentable. Du coup, pour assurer mes arrières, j’ai trouvé un poste de « conceptrice multimédia », toujours à Neuchâtel. Comme j’étais employée à temps plein, ça ne me permettait plus de bosser sur grand-chose d’autre en parallèle. Au bout d’un an, un poste de monteur à temps partiel s’est ouvert au bureau neuchâtelois de la RTS, je l’ai obtenu et j’ai pu quitter définitivement la conception multimédia pour ne plus faire que du montage. Nouveau travail, plus de temps libre et meilleur salaire : je pouvais désormais envisager de réaliser un vieux rêve, celui de partir découvrir le Grand Nord. Mon voyage m’a amenée jusqu’à Longyearbyen, sur l’île de Spitzberg et si je suis rentrée en Suisse, j’y ai laissé un petit bout de ma tête en repartant. Cette ville m’avait tant intriguée que j’ai eu envie d’y retourner, pour tenter de mieux la comprendre. Je ne voulais pas le faire en « touriste » alors j’ai monté un petit dossier, sur une très vague idée de film documentaire, que j’ai soumise au programme de résidence d’artiste de la ville. Ils m’ont accueillie en février 2012, c’est à ce moment-là qu’est vraiment née l’envie de me lancer dans la réalisation de ce film qui est mon tout premier projet en tant que réalisatrice.

– Comment êtes-vous arrivée sur ce projet de documentaire particulier ?
– La première personne que j’ai rencontrée durant ma résidence à Longyearbyen a été Samuel, il est l’un des 5 portraits que dresse mon documentaire. Très vite nous sommes devenus amis. Je lui ai parlé de mon envie de comprendre les dynamiques sociales uniques de Longyearbyen (isolée sur une île, en dehors de l’espace Schengen, la ville compte plus de 40 nationalités pour à peine plus de 2000 habitant, dont aucun d’entre eux n’y est né et tous repartiront en moyenne après 6 ans). Il m’a tout de suite comprise et aidée. Il m’a mise en contact avec plusieurs personnes qui m’ont permis de me faire une idée plus précise de ce qui amène les gens à s’installer si loin au nord et de la vie sociale de la ville. J’ai rencontré plusieurs des personnages du film durant ces quelques semaines sans caméra. Je considère que c’était une chance d’avoir l’occasion de faire véritablement leur connaissance de cette façon, juste pour le plaisir, sans la pression de devoir en sortir quelque chose de concret. Nous avons beaucoup discuté. En quittant Longyearbyen pour la deuxième fois, j’avais acquis la certitude qu’il y avait là-bas une histoire à raconter et l’impression que je pouvais le faire bien. Je savais aussi que mes rencontres et les liens forts que j’y avais tissés durant mon séjour me rendraient les choses plus faciles au moment de tourner. J’ai donc décidé de me lancer. Et puis je n’ai pas eu trop le temps de me poser mille questions : je voulais raconter la ville au travers du regard de ses habitants et il me paraissait impensable de le faire sans le personnage de Samuel, or il allait quitter Longyearbyen définitivement à l’été 2012. Il fallait donc tourner avant. C’est comme ça qu’avec Antoine Silacci, (caméraman pour l’occasion, sans qui le film n’aurait jamais existé), nous avons décidé de tourner la première partie du film au mois de mai qui suivait. On s’est lancé un peu sur un coup de tête, sans aucune idée de l’investissement en temps et en énergie que ça allait représenter. On avait rien : pas d’expérience, pas de producteur, pas le temps d’attendre sur les subventions… Mais très envie de tenter l’aventure quand même ! Alors on a cassé nos tirelires et on y est allé.

– Est-ce que vous pensez passer à la réalisation d’œuvres fictives ou allez-vous rester dans le documentaire à l’avenir ?
– Non je ne pense pas. Le cinéma de fiction que j’aime et qui me parle requiert à mon sens une compréhension aigue et très affinée de l’humain et du monde. Or, de ce côté-là, j’ai plus de questions que de réponses. « The Living – Longyearbyen » est véritablement parti de là, de l’envie de comprendre et je me sens plus à l’aise dans cette démarche que dans celle qui consiste à rendre réaliste des histoires que l’on fabrique.

– Avez-vous de nouveaux projets de documentaires, ou autre projet lié au cinéma ?
– Pas pour le moment non, pas en tant que réalisatrice du moins. En faisant ce film, j’ai pris conscience de deux choses. La première c’est que la manière dont j’ai travaillé sur ce film n’est pas viable : on peut demander une fois aux gens (à fortiori à des professionnels) d’y croire, de prendre sur eux et de travailler gratuitement, mais ça ne peut pas et ne doit pas devenir une méthode de travail ! De mon côté, j’ai essayé d’apprendre en même temps les métiers de réalisatrice, de productrice, de scénariste, de diffuseur… ça fait beaucoup pour une seule personne, trop pour pouvoir tout faire bien et c’est trop lourd à porter. Si je devais refaire un film, je m’entourerais dès le départ d’une vraie structure de production, capable de lever les fonds nécessaires au travail à venir.

La deuxième chose que j’ai réalisée c’est que si j’ai aimé tourner ce film c’est parce que j’avais vraiment envie de raconter cette histoire-là. Le but n’était pas de « faire un film », le but c’était de raconter cette histoire ! Alors, je ne veux pas me sentir obligée d’en faire un deuxième, je le ferai si l’envie me reprend. Mais je veux que ce soit avant tout un plaisir ! Je reste très curieuse et j’espère ressentir à nouveau cette envie profonde de transmettre quelque chose. Mais sans ça, sans avoir trouvé LE sujet qui me passionnera à nouveau, je ne referai pas de film. J’attends un nouveau coup de cœur !

www.the-living-movie.com

 

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