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jeudi, mars 28, 2024
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Zero Dark Thirty

Zero Dark Thirty
Zero Dark Thirty

Précisons-le d’entrée : non, Kathryn Bigelow n’a pas attendu le 2 mai 2011 pour avoir l’idée de porter à l’écran la traque d’Oussama Ben Laden. Pour la petite histoire, la réalisatrice était sur le point de commencer le tournage d’un film consacré à la bataille de Tora Bora* quand elle a appris la mort du leader d’Al-Qaïda. Cela faisait des années qu’elle et son scénariste Mark Boal se documentaient sur le travail des services américains. Lorsqu’ils apprirent la nouvelle, leur première réaction fut d’abandonner le projet. C’est seulement plusieurs mois plus tard qu’ils décidèrent de modifier le film en se concentrant sur l’évolution de l’enquête qui permit aux États-Unis d’abattre leur « Public Enemy n°1 » ce fameux soir de mai.

« Zero Dark Thirty » est donc le fruit d’un imposant et sérieux travail de documentation – Kathryn Bigelow nous avait déjà bluffé par son perfectionnisme sur « Démineurs » – , et ça se ressent d’emblée. Durant les 2h40 que dure le film (qu’on ne voit pas défiler), nous suivons Maya, une jeune agente de la CIA parachutée en 2003 au Pakistan pour tenter de retrouver Ben Laden. La jeune femme – Jessica Chastain, extraordinaire dans son rôle – va vite se rendre compte que la CIA ignore tout de la planque du chef d’Al-Qaïda. Pour sa première mission [sic], Maya va devoir se baser sur des informations lacunaires, contradictoires et surtout, sur son intuition.

Connue pour faire des « films de mecs », Bigelow dresse ici le portrait d’une femme forte. Son enquête semble vouée à l’échec, son équipe se résume à une petite dizaine de personnes et plus les années passent, plus les politiques lui font comprendre que la traque de Ben Laden n’est plus leur priorité. Et pourtant, en véritable bête d’abnégation, Maya n’abandonne pas et va se laisser guider par son flair.

Magnifié par la beauté sèche de la photo de Greig Fraser, « Zero Dark Thirty » est un sommet d’intensité. Intelligent dans son approche, le film ne tombe jamais dans le triomphalisme américain et ne fait aucune concession. Piégée par l’erreur monumentale des prétendues « armes de destruction massive » irakiennes, l’Amérique que décrit Bigelow est une puissance qui avance à l’aveugle et qui n’a plus droit à l’erreur. Quelques mois après la sortie du bien propret « Argo » – qui vient de triompher aux Golden Globes –, « Zero Dark Thirty » renvoie instantanément ce dernier au rang de « gentil divertissement » qu’il mérite et fait place à un cinéma d’une qualité rare.

Zero Dark Thirty
De Kathryn Bigelow
Avec Jessica Chastain, Jason Clarke, Mark Strong…

[Thomas Gerber]

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