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Edna Epelbaum : « Les salles suisses font face à une perte de 200 millions de francs »

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Salle de cinéma - Cinerama Empire

La pandémie n’aura pas épargné la culture. Dans le milieu du cinéma, l’incertitude est plus vive que jamais. Edna Epelbaum, directrice de l’Association cinématographique suisse (ACS) et membre du comité de ProCinema*, fait le point sur la situation actuelle. Malgré les difficultés, elle reste toutefois optimiste pour la suite.


Entre les périodes de fermeture des salles, les reports de sortie des films et la date de réouverture des cinémas encore inconnue, l’industrie du film en Suisse a subi de plein fouet les conséquences du Covid-19. À compter du début de la pandémie, à combien s’élève, en cette fin d’année, la perte financière dans le milieu du cinéma ?
Edna Epelbaum : Le nombre de spectateurs en Suisse en 2020 va baisser d’environ 65 à 70% par rapport à 2019. En tenant compte de tout (entrées, bar, events, publicité), les salles de cinéma suisses font face à une perte d’environ 200 millions de francs. À cela, s’ajoutent les pertes des distributeurs de films.

À titre de comparaison, qu’en est-il des autres pays du monde ?
Nous ne disposons pas de chiffres exacts à l’échelle internationale, mais de nombreux pays afficheront une perte identique, entre 60 et 70% de spectateurs.

« Toute la chaîne souffre. Que ce soit les cinémas, les distributeurs, mais aussi les autres métiers qui gravitent autour »

En Suisse, quels sont donc les principaux facteurs ayant conduit à cette perte ?
Toute la chaîne souffre. Que ce soit les cinémas, les distributeurs, mais aussi les autres métiers qui gravitent autour, comme les attachés de presse, les publicitaires, les graphistes, les afficheurs, etc. Les principaux facteurs responsables sont d’une part, la fermeture des salles pendant de longues périodes — avec toutefois quelques différences selon les cantons —, et d’autre part, la situation difficile à l’échelle internationale. Notre branche ne dépend pas que de la Suisse. Par exemple, si les cinémas sont fermés en France, la Suisse romande est impactée également. Même chose pour l’Allemagne et l’Italie. Des conséquences en découlent respectivement en Suisse allemande et au Tessin.

Si la pandémie a influencé les habitudes du public, il semblerait que depuis la réouverture des salles au printemps, les adeptes des salles ont eu de la peine à y revenir. Les chiffres n’étaient pas bons cet été…
Il y a eu peut-être une hésitation d’une partie du public, mais toutefois minoritaire. Et cet été, la sortie de « Tenet » de Christopher Nolan – film très attendu et soutenu au niveau pub par son distributeur – a enregistré un très bon résultat en Europe. Un résultat certainement équivalent à ce qu’il aurait pu faire lors d’une année normale, sans Covid.

« Les plus petites salles ne sont pas forcément celles qui souffrent le plus »

On imagine que nombre de petites salles et salles indépendantes auront de la peine à se relever. Certaines pourraient ne pas survivre à la pandémie et devoir mettre la clé sous la porte. Qu’en disent les statistiques ?
À notre connaissance, aucune salle n’a fermé en Suisse à ce jour. Les programmes d’aide (prêts, RHT, APG, compensation des pertes) ont heureusement été mis rapidement en place et, même s’ils ne couvrent pas tous les frais, ils permettent de limiter la casse. Et puis les plus petites salles ne sont pas forcément celles qui souffrent le plus, car elles fonctionnent souvent de manière associative avec des bénévoles et des subventions locales. En cas d’arrêt de l’industrie, les grandes salles – qui paient les plus hauts loyers – sont celles qui souffrent en premier. C’est pourquoi il est très important que la Confédération et les Cantons continuent de traiter rapidement les dossiers des indemnisations pour cette nouvelle vague de fermeture. Dans le cas contraire, la situation des salles de cinéma sera fatale dans les mois à venir…

Selon vous, que faudra-t-il mettre en place pour relancer l’industrie du cinéma ?
Nous ne comblerons pas cette perte. C’est la raison pour laquelle il est important de pouvoir repartir au plus vite à un rythme normal, dès que la situation sanitaire le permettra, bien sûr. Une réouverture des salles dans un premier temps, puis un retour à la normale avec l’espoir que le vaccin qui se profile permette d’alléger les mesures sanitaires. Le public est impatient de retourner au cinéma et de vivre la culture cinématographique. Et nous nous réjouissons également de pouvoir à nouveau offrir à notre public un bon nombre de films ayant été reportés et qui n’attendent que de sortir. De notre côté, nous demandons à ce que la Confédération poursuive aussi longtemps que nécessaire les programmes d’aide déjà en place. L’idée d’un programme en soutien aux distributeurs de films pour les nouvelles sorties est aussi dans l’air.

« Après 6 ou 8 mois de télévision, je suis persuadée que le public appréciera encore davantage de retrouver le grand écran »

Malgré l’incertitude actuelle, vous demeurez plutôt optimiste…
Oui, on attend impatiemment la réouverture ! Après 6 ou 8 mois de télévision, je suis persuadée que le public appréciera encore davantage de retrouver le grand écran et de partager un moment convivial en salles. Nous restons positifs et continuons à vivre notre métier, notre passion, le cinéma !

*Faîtière des exploitants de salles et des distributeurs suisses de films.

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Amoureux du film «American Gigolo», ses parents la prénomme en hommage à l'actrice américaine Lauren Hutton. Ainsi marquée dans le berceau, comment aurait-elle pu, en grandissant, rester indifférente au 7ème art ? S'enivrant des classiques comme des films d'auteur, cette inconditionnelle de Meryl Streep a prolongé sa culture en menant des études universitaires en théories et histoire du cinéma. Omniprésent dans sa vie, c'est encore et toujours le cinéma qui l'a guidée vers le journalisme, dont elle a fait son métier. Celle qui se rend dans les salles pour s'évader et prolonger ses rêves, ne passe pas un jour sans glisser une réplique de film dans les conversations. Une preuve indélébile de sa passion. Et à tous ceux qui n'épellent pas son prénom correctement ou qui le prononcent au masculin, la Vaudoise leur répond fièrement, non sans une pointe de revanche : «L-A-U-R-E-N, comme Lauren Bacall !». Ça fait classe !

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