Home Divers Dossiers Gianni Haver : « On assiste à un regain d’importance pour la télévision »

Gianni Haver : « On assiste à un regain d’importance pour la télévision »

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Vecteur d’information et de divertissement, la télévision s’impose comme une véritable fenêtre sur l’extérieur en cette période de confinement. Gianni Haver, professeur en sociologie des médias et Estelle Dossin, psychologue clinicienne, énumèrent les pouvoirs de ce média, comme à son apogée.


Estelle Dossin, psychologue clinicienne française, fait partie de ceux qui considèrent que « les écrans sont des atouts dans nos vies, lorsque ceux-ci sont utilisés à bon escient ». Entre le smartphone permettant un contact avec l’extérieur, l’ordinateur qui est indispensable pour le télétravail et les fameux Skypéros, ainsi que la télévision qui nous informe quotidiennement sur la propagation du Covid-19, c’est à présent que l’on se rend compte à quel point les écrans rythment notre quotidien.

Fenêtre sur l’extérieur
Estelle Dossin, comme Gianni Haver, professeur de sociologie des médias à l’Université de Lausanne, s’accordent à dire qu’en ces temps de confinement, où nous faisons davantage d’allers et retours entre la cuisine et le salon, la télévision est un média qui regagne en importance : « Elle est un élément central du foyer et elle l’est d’autant plus actuellement, car c’est la fenêtre sur l’extérieur. En nous informant et en nous divertissant, la télévision est notre meilleur allié ! », confie celle qui est également psychologue dans l’émission « Mariés au premier regard », abritée par la chaîne française M6.

« Les gens ressentent un grand besoin d’être informés »

Et les chiffres enregistrés par la Radio Télévision Suisse (RTS) ces derniers jours témoignent de ce que décrit Gianni Haver comme le « regain d’importance pour la télévision » : « Nous constatons en effet une hausse très importante des audiences moyennes, mais aussi de leurs parts de marché, en particulier en ce qui concerne nos émissions d’information. Les gens ressentent un grand besoin d’être informés », développe Maeva Chiari, responsable des relations médias à la RTS. Une hausse constatée donc sur l’ensemble des grilles.

Le 19h30 à son apogée
Si, comme le révèle la RTS, le nombre de visites moyennes sur le site rts.ch, a plus que doublé, avec un attrait particulier pour le « minute par minute » consacré à la crise du coronavirus, le journal télévisé de 19h30 atteint son apogée : « Il n’a jamais été autant regardé depuis les premières mesures d’audience effectuées en 1985, se félicite Maeva Chiari. Certains jours, le journal du soir a jusqu’à triplé son audience moyenne habituelle, avec une part de marché dépassant les 80%. »

« Les prises de parole du Conseil fédéral sont faites pour la télévision. »

Il semblerait qu’une fois bien informés, les Suisses romands souhaitent s’évader tout en privilégiant la proximité et les thématiques dites « concernantes » en cette période de coronavirus, note Maeva Chiari : « Le divertissement « Bon pour la santé – les artistes avec vous » diffusé le 28 mars dernier, a réalisé des scores exceptionnels pour un samedi soir avec une audience moyenne de 255’000 téléspectateurs et une part de marché de 36,7%, malgré la concurrence d’habitude si féroce de « The Voice » sur TF1. »

Un média de « transmission »
« Ce que le public attend de la télévision, c’est de l’entretenir au vu de cette présence inhabituelle à la maison », ajoute Gianni Haver. En effet, l’angoisse plane depuis l’apparition du Covid-19 en Suisse. Le sentiment d’incertitude est palpable. Il s’agit donc de s’occuper l’esprit pour ne plus penser à la pandémie et faire passer le temps. Un pouvoir que détient le petit écran notamment : « La période que nous vivons actuellement s’inscrit hors de l’espace et du temps. En se posant devant la télé, le téléspectateur ne voit pas les heures passer. Et puis d’un point de vue psychologique, c’est une activité qui permet de se calmer soi-même lorsque l’on est angoissé », explique Estelle Dossin.

« En marge d’être un bon moyen de faire passer le temps, les films ont un pouvoir de transmission du patrimoine à la jeune génération. »

La psychologue française perçoit aussi la télévision comme « un média qui rassemble ». Tout un pays, voire même le monde entier. À l’échelle du foyer familial, les films présentent des vertus non-négligeables, notamment en ce qui concerne la transmission intergénérationnelle : « En marge d’être un bon moyen de faire passer le temps, les films ont ce pouvoir de transmission à la jeune génération. Car on est en plein dans la transmission lorsque l’on montre à nos enfants de vieux films que l’on a connu à leur âge. Tenez, l’autre jour, j’ai regardé « La Septième Compagnie » avec ma fille. C’était génial ! C’est intemporel, ça fait partie de notre patrimoine, et puis c’est feel-good ! » Encore un moyen de se détendre et d’oublier l’ennemi invisible qui nous guette.

La télévision face à Internet
En tant que spécialiste des médias, Gianni Haver estime qu’il y a actuellement « un sursaut de gloire de la télévision, qui était en perte de vitesse à cause des capacités toujours grandissantes d’Internet ». Si la télévision d’aujourd’hui n’est plus celle que l’on a connu à son émergence, notamment avec l’arrivée d’Internet et du replay, le professeur de sociologie voit cette période actuelle comme un atout pour le petit écran : « La télévision avait dû jusque-là partager son statut de « fenêtre sur le monde » avec Internet, mais en ces temps de confinement, ce dernier est davantage mobilisé à des fins utilitaires, comme le télétravail, l’achat des courses en ligne, etc. En matière d’information, on se rend compte qu’une prise de parole du Conseil fédéral est beaucoup plus télévisuelle. Cela se regarde moins bien sur un smartphone », conclut-il.

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Amoureux du film «American Gigolo», ses parents la prénomme en hommage à l'actrice américaine Lauren Hutton. Ainsi marquée dans le berceau, comment aurait-elle pu, en grandissant, rester indifférente au 7ème art ? S'enivrant des classiques comme des films d'auteur, cette inconditionnelle de Meryl Streep a prolongé sa culture en menant des études universitaires en théories et histoire du cinéma. Omniprésent dans sa vie, c'est encore et toujours le cinéma qui l'a guidée vers le journalisme, dont elle a fait son métier. Celle qui se rend dans les salles pour s'évader et prolonger ses rêves, ne passe pas un jour sans glisser une réplique de film dans les conversations. Une preuve indélébile de sa passion. Et à tous ceux qui n'épellent pas son prénom correctement ou qui le prononcent au masculin, la Vaudoise leur répond fièrement, non sans une pointe de revanche : «L-A-U-R-E-N, comme Lauren Bacall !». Ça fait classe !

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