Hacker de Michael Mann

2 mars 2015

Depuis le décevant « Public Enemies » (2009), Michael Mann avait disparu des écrans radar à la réalisation. Le voilà qui revient aux affaires avec « Blackhat », un techno-thriller sur fond de piratage informatique. Tout commence par un plan vertigineux ; d’une vue macroscopique de la Terre couverte de flux d’informations, nous plongeons dans les méandres microscopiques d’un système informatique dans lequel il suffit à Michael Mann de filmer une diode pour faire planer une menace. Ce simple et minuscule signal lumineux sera la cause d’un incident nucléaire dans la centrale de Chai Wan, à Hong Kong ; une manière de nous faire comprendre que nous sommes dans un monde où l’infiniment petit peut être à l’origine de gigantesques problèmes. Alors que la Bourse de commerce de Chicago se fait également hacker et que les motivations de ces cyber attaques demeurent mystérieuses, les services secrets chinois et américains décident de collaborer et de libérer Nicholas Hathaway (le très convaincant Chris Hemsworth), un célèbre pirate informatique afin qu’il puisse leur venir en aide. Sur la base de cette intrigue, Michael Mann signe un remarquable film globe-trotter – la menace informatique ne connaît pas les frontières – à la narration épurée, aux jeux de lumières éblouissants (on se délecte lors de la séquence à Hong Kong) et ponctué de fusillades sèches et assourdissantes parfaitement maîtrisées (Mann reste le maître en la matière). Bercé par une atmosphère flottante, « Blackhat » s’apparente à un thriller contemplatif dans lequel la violence invisible de la menace informatique se mêle à la brutalité incarnée de coups et des tirs. Une très belle proposition de cinéma véritablement envoûtante.