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Interview: Irene Loebell nous parle de « Life in Progress »

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Life in Progress

La documentariste zurichoise Irene Loebell s’est rendue dans un township de Johannesburg pour comprendre comment les jeunes adultes vivent 20 ans après la fin de l’apartheid. Les promesses d’émancipation ont-elles été tenues ? Comment sort-on de l’adolescence dans une banlieue pauvre d’Afrique du Sud ?


Un township en Afrique du Sud du nom de Katlehong – « progrès » en langue Sotho. 20 ans après la fin de l’apartheid, la situation des habitants dans cette lointaine périphérie de Johannesburg n’a guère évolué. C’est là qu’habitent Tshidiso, 20 ans, Venter, 19 ans, et leur amie Seipati, 18 ans. Tous les trois ont grandi sans leur père et tous trois cherchent leur chemin vers l’âge adulte dans des conditions de vie très difficiles. Heureusement pour eux, ils sont sous la protection de Jerry qui a créé la compagnie de danse TAXIDO. Ils ont ainsi la possibilité de sortir du ghetto et partout où la troupe se produit, leurs chorégraphies sont acclamées.

Malgré cela, de retour dans leurs maisons délabrées, la dureté de la vie les rattrape. La discipline que Jerry – qui a vécu l’Apartheid – leur impose ne fait que les mettre encore un peu plus sous pression; ils décident donc de se rebeller en espérant que la vie pourra leur en apporter un peu plus. « Life in Progress » met en lumière de manière saisissante la vie d’adolescents qui représentent la première génération n’ayant pas vécu l’apartheid. Un difficile passage à l’âge adulte à travers le portrait de trois jeunes : leur apprentissage de la danse, leurs attentes, leurs craintes et aussi leurs succès…

Daily Movies a pu échanger sur son expérience de tournage avec Irene Loebell.

Irene Loebell

– Comment avez-vous rencontré vos protagonistes ?
Je savais que je voulais faire un film sur ce township, Katlehong. Après avoir rencontré de nombreuses personnes sur place, un jour je suis entrée dans le centre d’art du township, une maison pleine de couleurs. On m’a alors présenté le leader du groupe de danseurs qui m’a proposé de voir une répétition. C’était extraordinaire, l’esprit des jeunes était formidable. J’avais trouvé mon sujet.

– Qu’est-ce qui vous a marquée dans leurs parcours ?
Quand j’ai commencé à travailler sur le film, j’ai vu à quel point les conditions étaient difficiles. Dans des conditions pareilles, atteindre ses rêves demande beaucoup de volonté. J’espère que tous y parviendront.

– Dans le film, vous êtes un personnage à part entière…
Au départ, je devais être une mouche sur le mur, passer inaperçue. Mais j’ai vite compris que cela ne serait pas possible, je voulais avoir un échange avec eux et m’éloigner de la position de journaliste objective. Je suis donc devenue petit à petit un personnage du film. La prise où on me voit dans le miroir permet au spectateur de situer qui je suis, à savoir une femme blanche. En Afrique du Sud la couleur de la peau est un facteur politique et social tellement important, qu’il était normal pour moi de montrer qui tenait la caméra.

– Une fois votre sujet trouvé, comment s’est organisé le tournage du film ?
Etant journaliste de formation, j’aime bien tout organiser à l’avance. Là, c’était impossible. J’ai réalisé que je devais acheter mes tickets d’avion et saisir deux mois durant ce que j’observais. L’avant et l’après de cette période étaient hors de portée, mais je devais m’y résoudre. Par exemple, quand Tshediso a fait son test du VIH je n’étais pas dans le pays.

– « Life in Progress », c’est avant tout l’histoire du passage à l’âge adulte…
Oui, pendant cette période, on a l’impression que tout est possible. Réaliser que le monde n’est pas si ouvert et qu’il faut s’adapter aux réalités fait partie de l’entrée dans l’âge adulte. « Life in Progress » raconte aussi les espoirs de la première génération post-apartheid.

– Comment perçoivent-ils cette période ?
Nous avons fait une projection en Suisse avec cinq membres du groupe et beaucoup de questions étaient posées à ce sujet. Cette génération n’a pas de souvenir concret de cette époque. Pour eux c’est très lointain. J’ai essayé d’aborder le sujet avec eux, mais j’ai réalisé que pour eux, ce qui est palpable c’est avant tout les problèmes qu’ils rencontrent au quotidien. Venter, qui a vécu des situations très concrètes de racisme, dit qu’il ne veut pas trop y penser car cela ferait jaillir en lui une rage qu’il ne souhaite pas ressentir.

– Que sont-ils devenus ?
Je suis contente qu’on demande de leur nouvelle. Venter a toujours la forte envie d’étudier et a son propre groupe de danse. Seipathi est mère d’un deuxième bébé. Tshediso livre des pizzas et Jerry est toujours le directeur du groupe. Le film nous a permis de faire une grande tournée en Afrique du Sud.


LIFE IN PROGRESS – Bande annonce par TheDailyMovies

Life In Progress
D’Irene Loebell
Avec Jerry, Venter, Seipati, Tshidiso.
Moa Distribution
Sortie le 02/12

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