Home Cinéma Critiques de films « Moka » : combat d’une femme esseulée

« Moka » : combat d’une femme esseulée

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Moka De Frédéric Mermoud

Adapté d’un roman de Tatiana de Rosnay, le nouveau film du réalisateur romand Frédéric Mermoud met en scène Emmanuelle Devos et Nathalie Baye dans un drame familial flirtant discrètement avec le thriller policier.


Diane (Emmanuelle Devos) est une mère de famille déséquilibrée par la perte de son fils dans un accident de voiture et obsédée par la recherche de la Mercedes couleur moka qui a renversé son enfant. Agacée par l’inefficacité de la police, elle décide de mener elle-même son enquête et retrouve rapidement ladite voiture dont la couleur donne son titre au film et qui sera l’élément central du récit. Plutôt que d’agresser frontalement les propriétaires de la Mercedes, elle décide de les aborder dans leur vie quotidienne, tentant désespérément de découvrir la vérité.

« Moka » est avant tout la peinture délicate d’un personnage combatif mais esseulé par l’absence de son fils et sa séparation avec son mari. L’intrigue, extrêmement convenue malgré un dénouement inattendu, sert surtout de prétexte à dresser un univers de relations ambigües, où la voiture tient le rôle principal. Mermoud parvient en effet à capter le mélange de haine furieuse et d’attirance malsaine qui guide Diane dans ses rencontres avec les gens qui ont brisé sa vie. Sans saillie ni éclair de génie, le cinéaste suisse construit subtilement un environnement fragile, appuyé par la grâce tranquille du lac Léman qui scinde la vie de Diane en deux, entre le deuil de son fils laissé à Lausanne et sa quête de justice menée à Evian

Malgré une intrigue qui n’atteint jamais le suspens auquel elle prétend, « Moka » trouve un véritable intérêt dans son utilisation de la voiture comme fil rouge, aussi bien narratif que psychologique. Déclencheur du drame puis point de départ de l’enquête, la Mercedes se mue ensuite en véritable cocon protecteur, où Diane tente vainement de se reconstruire, avant de finalement servir d’exutoire de sa rage dans une séquence finale que nous ne dévoilerons pas ici.

« Moka » baigne donc dans un classicisme formel parfois trop envahissant mais sait développer son propre univers avec sensibilité. Mermoud nous confirme donc encore que le cinéma suisse romand a son importance et se permet même d’effleurer, avec plus ou moins de réussite, le cinéma de genre.

Moka
De Frédéric Mermoud
Avec Emmanuelle Devos, Nathalie Baye
Frenetic Films
Sortie le 17/08

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