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Colossal : une narration originale au rythme particulier

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Et si les monstres gigantesques d’un ailleurs lointain n’étaient que les allégories de ceux d’un quotidien plus proche ?


Gloria, une écrivaine au chômage, mène une vie de débauche alcoolique, et abuse de la patience et des ressources de son petit ami Tim, un jeune homme bien sous tous rapports, jusqu’au jour où celui-ci la met à la porte. En désespoir de cause, Gloria quitte New-York pour la maison inhabitée de ses parents, dans une petite ville paumée. Là, elle retrouve Oscar, un ami d’enfance que l’on devine amoureux transi de longue date, qui l’invite à visiter son bar hyper cool et lui présente ses amis, avant de lui offrir un job de serveuse. Elle essaie vaguement de renouer avec Tim, mais celui-ci comprenant qu’elle n’a toujours pas mis un terme à son alcoolisme s’en détourne. Finalement, elle commence à se complaire dans cette nouvelle vie facile et insouciante, avec ses potes qu’elle retrouve autour d’une bière, en fin de soirée, sa maison qui commence à se meubler grâce aux cadeaux d’Oscar et en prime des plans drague des plus sympas. Pendant ce temps, de l’autre côté du globe, un monstre mystérieux fait son apparition à Séoul et ravage la ville.

Ce qui est intéressant dans ce film, c’est qu’il mélange trois éléments différents, créant une œuvre hybride tout à fait savoureuse. Il y a tout d’abord le niveau réaliste et anecdotique, presque trivial, d’un quotidien ordinaire dans une petite ville. Cet aspect-là apporte souvent une touche d’humour, comme lorsque Gloria s’endort, assommée par l’alcool, à plat ventre sur un matelas dégonflé, et se réveille avec une grimace de douleur en portant sa main à son sein endolori.

Ensuite, il y a la dimension humaine, qui commence par montrer le côté superficiel et plaisant des personnages avant d’explorer leurs côtés plus sombres, leurs dépendances, leurs faiblesses et perversités. Cette lente révélation crée une sorte de tension et de malaise qui vont dangereusement s’amplifier. Les personnages prennent un relief qui les rend sympathiques ou inquiétants, mais dans tous les cas plus intéressants.

Et pour finir il y a l’aspect fantastique et lointain, avec l’apparition à Séoul d’un premier monstre aux allures d’Alien préhistorique, puis d’un deuxième beaucoup plus robotique. Ils rappellent avec humour les Kaijus, ces créatures démesurés du cinéma japonais et des séries de notre enfance, qui envahissaient et piétinaient des maquettes de villes en Carton, je pense notamment Ultraman contre Gomora. Ces monstres géants et leurs mystérieuses apparitions créent la surprise et donnent au film toute son originalité et son mystère.

Ces trois éléments vont se rejoindre et se mélanger, dans une narration originale au rythme particulier. On peut également profiter des différents niveaux de lecture du film ; simple divertissement ou révélateur de questions plus sérieuses. Comme par exemple avec la thématique des dépendances à des substances toxiques ou des personnes qui le sont encore plus. Qu’est-ce qui est le plus dangereux et destructeur ; les monstres lointains ou celui qui dort, en chacun de nous ?

Colossal
Canada, Spain, 2016
De Nacho Vigalondo
Avec Anne Hathaway, Jason Sudeikis, Tim Blake Nelson
Universum Films (DE)

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