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Thelma : l’horreur nordique réussie

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L’Europe du Nord s’est forgé une belle réputation avec les polars intenses et sombres. Avec « Thelma », ces sensations sont amplifiées, en plus d’une excellente dose d’effroi.


[dropcap size=small]T[/dropcap]helma est une jeune étudiante introvertie qui vient de quitter la maison de ses parents vivant sur la côte ouest de la Norvège. Bien qu’elle se soit toujours sentie fusionnelle avec eux, son emménagement n’a pas été un supplice. Toutefois, sa vie sera encore plus bouleversée, car peu de temps après son arrivée, une mystérieuse et violente crise d’épilepsie à laquelle elle ne s’est jamais sentie sujette auparavant la désarçonna. Sauvée par une étudiante nommée Anja, il s’avère que Thelma commencera à ressentir de forts sentiments d’attirance pour cette dernière. Qui plus est, ses crises deviennent toujours plus fréquentes et semblent atteindre leur paroxysme. Ces moments la mettent, entre autres, en danger. A force de questionnement et de recherches sur cette infection, Thelma se retrouve confrontée à son lourd passé et se remémore d’étranges situations…

Si un réalisateur norvégien paraît extrêmement prometteur dans les années à venir, c’est bien Joachim Trier. Pour les personnes se demandant si un lien existe entre lui et Lars von Trier (« Nymph()maniac »), c’est effectivement le cas, mais de manière très lointaine. Avec « Thelma », Joachim Trier prouve une nouvelle fois sa polyvalence professionnelle. En effet, en 2012 sortit le joli drame sobre qu’est « Oslo, 31 août ». Autant dire que les sujets et approches sont radicalement différents avec le long-métrage angoissant et surnaturel qu’est « Thelma ». Pour créer une telle ambiance avec un thème distinct, il a notamment fallu qu’il consulte et revoit plusieurs gialli. Plutôt oubliés ces dernières décennies, les gialli sont les fameux films italiens d’horreur datant des années 70. Se basant sur ce genre, ainsi que d’autres à l’exemple du glacial et excellent « Morse », les références se perçoivent et s’apprécient dès les premiers instants.

Mais le plus troublant avec « Thelma » n’est pas le fondement scénaristique avec les influences susmentionnées. Ce qui se ressent vraiment est l’étonnante frontière entre la réalité et la fiction. Car l’héroïne semble souffrir de crises proches de l’épilepsie. Afin de mieux comprendre ce mal, elle devra faire preuve de courage et de détermination. Bien sûr, la médecine, ses convictions et croyances interviennent à tour de rôle durant ses investigations et sèment d’intenses bouleversements et doutes supplémentaires.

Deux autres éléments restent très impressionnants dans ce long-métrage. D’une part, la jeune actrice principale Ellie Harboe The Wave ») s’est totalement investie dans son rôle à tel point qu’elle a suivi un entraînement intensif pour la plongée sous-marine. Tout comme elle a appris à simuler les effets propres à l’infection. La force complétant, Thelma » réside dans les fabuleux paysages. Car le metteur en scène s’est donné beaucoup de peine pour embellir la nature sauvage du grand nord norvégien. Citadin dans l’âme, il avoue volontiers et avec amusement que son idée d’aller sur place pour filmer l’environnement était une magnifique folie. Mais cette initiative apporte énormément au sein de la trame de « Thelma ». Non pas pour rendre la nature plus hostile ou angoissante, mais simplement pour accompagner les protagonistes en dehors d’Oslo.

Bien loin des grosses productions américaines navrantes telles que « Ca », « Thelma » propose une histoire avec la digne froideur du nord et une intrigue difficilement décelable. Qui plus est, les effets numériques sont très réussis et se mélangent aisément avec la réalité. Afin de mieux savourer l’œuvre cinématographique, il est fortement conseillé d’aller le voir dans sa version originale sous-titrée anglaise. En espérant bien sûr, que la distribution du long-métrage ne soit pas uniquement en français.

Attention toutefois, car la sensibilité de certaines personnes peut être mise à l’épreuve selon les séquences. Elles ne sont pas violentes, choquantes ou gores, mais très psychologiques et il est facile de sursauter en suivant l’histoire. De ce fait, « Thelma » ne s’adresse pas au public appréciant peu les récits intenses et effrayants. Pour les autres, cette œuvre cinématographique plaira sans nul doute, car elle, notamment, est hypnotique et surprenante.

Thelma
NOR   –   2017   –   110 Min.   –   Drama
Réalisateur: Joachim Trier
Acteur: Eili Harboe, Okay Kaya, Eilen D Petersen, Henrik Rafaelsen
Outside The Box
07.03.2018 au cinéma

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