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Call me by your name : Un récit initiatique amoureux

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« Call me by your name » de Luca Guadagnino met en scène un récit initiatique amoureux. Au cours d’un été, un adolescent de dix-sept ans s’éprend de l’élève de son père, plus âgé que lui. Une idylle sublime.


L’été, temps du passage à l’acte, saison de la mue. Celui de 1983, quelque part dans le nord de l’Italie, sert de cadre à cette histoire. La famille d’Elio (Timothée Chalamet) possède une grande maison dans laquelle ils ont l’habitude de passer les vacances. Comme chaque année, le père, professeur d’université, a invité son meilleur élève à venir étudier et profiter de la vie dans ce cadre champêtre. Voici Oliver, Adonis moderne, beau et cultivé, cheveux dorés et peau hâlée.

L’amour a ses rites initiatiques, exaltant et vertigineux, à plus forte raison quand on a, comme Elio, dix-sept ans. Luca Guagagnino capte avec finesse l’ivresse de ces premières expériences où l’on quitte peu à peu le monde de l’enfance pour entrer dans celui, plus incertain, des adultes. Entre un père professeur d’université, une mère littéraire et polyglotte (la grâce maternelle d’Amira Casar), Elio développe sagement son talent musical en jouant du piano et en retranscrivant les partitions de Bach qu’il écoute sur son walkman. Le corps frêle, sa beauté est encore celle d’un adolescent. Tout se chamboule lorsque apparaît Oliver (Armie Hammer), jeune premier bien fait et admiré de tous, objet des regards et des convoitises, des filles comme des garçons.

Luca Guadagnino met ici en scène le déploiement du désir physique et amoureux, oscillation estivale fragile qui façonne et grandit les heureux qui y succombent. Adapté du roman d’André Aciman, « Call me by your name » dessine ce mythe intemporel et universel de l’initiation amoureuse, sans cesse renouveler et réactualiser. En évitant avec justesse de céder à un romantisme doucereux. Il situe cette éducation sentimentale dans un milieu intellectuel où se croisent art antique et littérature du XVIe siècle, et dans lequel s’entremêlent les époques et les langues (on parle anglais, italien, français, allemand). En anglais comme en italien, Oliver est Elio et Elio est Oliver, ainsi le veut le titre. Le plus jeune veut préserver leur passion de la dégradation. On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. Et pourtant. Innocence de l’amour à qui l’on confie sa chaire et son cœur, apprentissage sentimental et physique qui consume autant qu’il nourrit, le film est tout cela. Il témoigne, caméra portée, de la noblesse des sentiments amoureux et de la révérence dont font preuve les deux amants. Il construit son récit initiatique dans le scintillement de l’été, accompagné d’airs de piano et d’une bande-son qui est comme le tintement des années 80, ajoutant à l’esthétique de l’amour celui des images et de la musique.

Il y a quelque chose d’indéfiniment fascinant dans cette histoire éternelle qui voit un adolescent aimer et souffrir, et, par là-même, devenir adulte. Comme un agréable goût de déjà-vu, qui toujours nous surprend.

Call Me By Your Name
IT, FR   –   2017   –   132 Min.   –   Drama
Réalisateur: Luca Guadagnino
Acteur: Armie Hammer, Timothée Chalamet, Michael Stuhlbarg
Praesens Film
28.02.2018 au cinéma

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