Home Cinéma Films d'horreur « Knock Knock » : c’est pas le plombier !

« Knock Knock » : c’est pas le plombier !

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Eli Roth, le réalisateur d’Hostel, apporte avec Knock Knock une nouvelle œuvre choc à son intéressante, bien que largement inégale, filmographie.


« Knock Knock » place son décor dans une banlieue bourgeoise de Los Angeles, nous introduisant au personnage d’Evan, un architecte quadragénaire menant une vie bien rangée avec sa femme et ses deux enfants. Un soir, alors que sa famille est partie en week-end sans lui, deux jolies jeunes femmes perdues et trempées par la pluie sonnent à sa porte. Evan leur propose d’entrer chez lui pour se réchauffer et leur appelle un taxi. C’est là que débute la nuit cauchemardesque du père de famille car, en réalité, les deux adolescentes ne sont pas de timides égarées mais des manipulatrices féministes et violentes, qui vont d’abord le pousser à se laisser aller à ses désirs sexuels avant de le torturer physiquement et psychologiquement en guise de vengeance.

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En dépit de son pitch, qui pourrait laisser supposer un torture porn décérébré ne misant que sur un enchaînement de supplices rageurs et jouissifs, « Knock Knock » s’en démarque par bien des aspects. Loin tout de même de proposer une analyse raffinée de la société patriarcale américaine, Eli Roth se sert de ses deux personnages féminins pour exprimer son mépris envers le machisme constant qui sous-tend les relations familiales occidentales. En accolant à ses sadiques la défense d’une véritable cause (la punition vient de l’adultère commis par Evan et, par conséquent l’abandon de sa famille), le film évite de se perdre dans une violence gratuite et faussement divertissante, sans jamais non plus justifier une telle agressivité tant la folie outrancière des jeunes femmes rend la dimension symbolique de « Knock Knock » évidente. Au vu de la situation de départ et de la place accordée à la violence, la comparaison avec « Funny Games » de Haneke semble inévitable et s’avère intéressante. Car là où Haneke employait la violence gratuite et excessive à des fins de dénonciation de cette même violence (principalement dans les films), Roth l’utilise en la redirigeant vers l’imposture sociale de la famille égalitaire et stable. Les deux démarches sont donc a priori opposées mais chacune des deux œuvres a le mérite d’être lucide et de traiter l’excès avec intelligence.

La mise en scène de Roth souligne également la fausseté de la famille idéale en prenant bien soin, par exemple, de reproduire le même travelling arpentant les pièces et scrutant les murs de la maison avant et après les évènements. On y découvre donc une première idée de la famille, confortable et ornée de tableaux et de photos jusqu’à l’écœurement, puis la deuxième, sous-jacente, mettant en lumière un environnement détruit, souillé par le mensonge.

Restons toutefois sincère en affirmant qu’Eli Roth semble s’être énormément pris au jeu de la destruction et paraît quelques fois se complaire dans son univers d’acharnement et de vulgarité. Sa démarche dynamitant les codes de cette société mi puritaine mi dégénérée étant louable, nous lui pardonnons aisément ses débordements et l’immodération qui lui est propre. « Knock Knock » vaut donc la peine d’être visionné, pour peu qu’on se détache de sa forme perverse et décomplexée, au risque de tomber dans tout ce que le film critique.

Knock Knock
D’Eli Roth
Avec Keanu Reeves, Lorenza Izzo, Anas de Armas
Disques Office

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