Un marin pêcheur dans la « Tempête »

2 février 2016

Tempête De Samuel Collardey

Un « Germinal » marin qui décrit à la manière d’un documentaire le difficile quotidien des marins pêcheurs.

Cette histoire vraie, qui raconte une partie de la vie d’un marin pêcheur nommé Dominique Leborne, débute dans un pub à Cork, ville portuaire du sud de l’Irlande. Cet homme trentenaire plutôt jovial danse sur une table, bière à la main, aux sons des flûtes et violons de la musique traditionnelle locale. Seulement, la fête est de courte durée : dès le lendemain, Dominique reprend la mer sur le chalutier Petit Gaël II. Le petit bateau de pêche tangue dans tous les sens, et c’est écrasés par des flots violents, trempés jusqu’à l’os, agrippés à des cordages sous un vent d’une violence inouïe, que les marins rentrent chez eux en France. Arrivés au port, Dominique se rend chez lui pour prendre des nouvelles des deux adolescents, Mailys et Matteo, dont il a la charge depuis sa rupture conjugale. Etant fréquemment et longtemps absent pour exercer son métier, il a de la peine à gérer leur quotidien. Dominique va bientôt devoir faire face à un autre style de tempête, et celle-ci promet d’être bien plus violente…

La force du scénario est d’utiliser des personnages jouant leur propre rôle, racontant leur propre vécu. Si certains comme le père et les enfants s’en sortent bien, la mère de Dominique semble un peu troublée par la caméra. Ce long-métrage met en avant la vie terrible des hommes de mer qui se lèvent à des heures impossibles et s’en vont souffrir en pleine mer par des températures glaciales pour gagner un maigre salaire. Ce « Germinal » marin nous fait prendre conscience de la gravité de la situation pour les familles qui vivent de la mer, ces générations d’humains tatoués, marins de père en fils qui voient avec tristesse leur métier sacrifié sur l’hôtel de la rentabilité, ainsi que leur incapacité à gérer leur propre affaire face aux grands poids-lourds de la branche. Avec une fin abrupte et un peu décevante par rapport aux attentes, on regrettera toutefois que cet excellent film documentaire finisse en… queue de poisson.

Notons que ce film a bien marché dans les festivals, remportant le Prix du Public au Festival international du film de la Roche sur Yon, ainsi que le Prix Orizzonti du Meilleur acteur à la 72^ème Mostra Internationale d’art cinématographique de Venise et au festival international du film francophone de Namur.