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THE SON – Le portrait de la douleur

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La dramatique histoire d’une famille détruite par le divorce et toutes ses facettes négatives. Lorsque la douleur prend plus de place que la vie, que devient l’existence ?


Nicolas a 17 ans et souffre encore terriblement du divorce de ses parents survenu deux années auparavant. Il ne parvient pas à mettre en ordre ses émotions et sa douleur prend rapidement le pas sur la réalité. Au lieu de continuer à vivre et à se construire, Nicolas sombre dans un tourbillon auto-destructeur qu’il ne comprend pas. Ses parents désemparés se heurtent à leur impuissance.

Un drame clair et simple sur une situation que vivent des milliers de familles, devant l’incapacité de distiller les souffrances émotionnelles que la vie peut apporter. D’une part, la perte de temps dans la reconnaissance de cette souffrance et d’autre part le manque d’information et de soutien pour les familles dans cette lutte contre le mal-être sont autant de pollutions qui peuvent amener à une issue funeste. Pas de grandes envolées lyriques, ni de démonstrations sanguinolentes ou de gros clash visuel pour décrire ce cas. C’est finalement une peinture très exacte de ce que nous pouvons tous être amenés à vivre. 

La douleur réside effectivement dans l’incompréhension et dans son incrédulité une fois mise à jour. Nous partons souvent du principe que les histoires dramatiques ne nous arriveront jamais. Alors lorsque le malheur enfonce notre porte, nous perdons un temps considérable à le reconnaître. Le contraste entre la douceur de l’amour et la violence de la haine est parfaitement joué ici. 

La réalisation et les acteurs se sont appropriés de la dimension émotionnelle authentique du sujet. Tellement, que c’est à se demander lesquels l’ont déjà vécue de près ou de loin. Certes la plupart du temps l’issue reste destructrice sans pour autant se terminer dans le sang. Mais il est toujours plus soulageant, pas facile, de se faire du mal d’une manière ou d’une autre afin de nourrir ce monstre avide qui sommeille en nous et contrôle cette maudite douleur. La source et l’outil importent peu du moment que l’on arrive à faire taire cette odieuse créature.

À l’image, la pénombre quasi-omniprésente illustre bien ce sentiment de possession ou plutôt d’être dépossédés du contrôle de nos émotions, de nos actes. Il faut un sacré cran pour vivre tous les jours avec un tel fardeau. Les décors épurés et sobres se font l’écho de la perte de conscience et d’options des personnages. On peut facilement ressentir la froideur et le néant de cette noirceur qui retentit dans leur quotidien. Ce sont des acteurs brisés que l’on observe dans cette mélasse psychologique. Comme eux, on ne peut que subir. D’aucuns diront qu’ils auraient pu faire ceci ou dire cela, mais la réalité est que chaque situation, aussi similaire qu’elle puisse paraître, reste unique. Nous ne sommes pas égaux en réactions face aux difficultés de nos existences, c’est un fait. Notre sentiment de révolte ou de soumission sont autant de déclencheurs d’un instinct de survie de l’espèce. 

J’invite tous les publics, à partir de l’adolescence, à voir ce film avec son vécu et à partager son expérience ensuite. Beaucoup se verront allégés, même le temps du visionnage, de leur propre fardeau.

The Son
UK, FR – 2022 – 123min – Drama  
Réalisateur:Florian Zeller 
Acteur:Hugh Jackman, Laura Dern, Vanessa Kirby, Zen McGrath, Anthony Hopkins, William Hope, Hugh Quarshie, Akie Kotabe, Isaura Barbé-Brown, Julia Westcott-Hutton 
Ascot Elite
01.03.2023 au cinéma

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