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The Square: Contrecarrer les idées reçues !

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Différente des réalisations primées à Cannes, ces dernières années, cette comédie dramatique suédoise est intéressante pour diverses raisons. Jamais ennuyeuse, plutôt marrante, rarement incompréhensible et finement interprétée, cette bonne surprise plaira à un public assez vaste. Seule condition indispensable à l’appréciation du film… Ne pas avoir l’esprit carré ! 


« Le square est un lieu où règne la confiance et l’altruisme, un endroit où l’on est tous égaux envers la loi, avec des droits et des obligations ». 

C’est la définition donnée par Ruben Ostlund, le réalisateur suédois de 43 ans à la forme quadrilatère qui retient votre attention deux heures et demies durant. Ce chef-d’oeuvre cinématographique « Grand Prix » du Festival de Cannes cette année est très différent de ses prédécesseurs Palmés d’or. Il a le privilège d’allier modernisme, sobriété, humour tout en contenant bien évidemment, des thèmes forts d’actualité qui justifient à elles seules, sa présence sur la Croisette.

Cette production est en quelque sorte une critique de la société actuelle. Avec, passablement, d’humour et de délicatesse, le scénariste pointe du doigt l’individualisme de notre société occidentale. L’accent est porté sur la peur de l’autre. Le metteur en scène, suédois caricature ses semblables comme des êtres froids, indifférents méfiants et renfermés. Ces sentiments nous font prendre nos distances face à ce que nous percevons comme des agressions externes, mais qui n’en sont finalement pas. Il pose d’ailleurs la question : « Laisseriez-vous vos affaires personnelles (argent, téléphone etc.) par terre sans protection et à la vue de tous durant une visite quelconque ?»

Christian, le héros de l’histoire est le conservateur du musée contemporain de la ville installé au Palais Royal de Stockholm. Il doit faire la promotion de sa nouvelle collection et tente d’attirer un maximum de visiteurs à son exposition. Il ne vise pas que les habitués, mais aussi un public différent ainsi que des touristes étrangers. Pour ce faire, il compte sur les nouvelles technologies qui lui permettront de faire le «Buzz». Deux de ses collègues ont une idée de génie, ils sont persuadés qu’en choquant le public avec un clip original de quelques minutes, ils vont pouvoir attirer la foule. Malheureusement, la réaction n’est pas celle attendue et Christian qui a déjà des problèmes personnels à régler, va devoir aussi rattraper le coup…

Au casting de cette création satyrique, nous avons un duo des plus originaux. L’actrice américaine Elisabeth Moss la plus expérimentée du groupe (62 films et séries tournées) n’a pas le premier rôle. Celui-ci est tenu par un néophyte local, Claes Bang qui fait presque un one-man-show dans le film.

L’acteur danois n’en est qu’à sa huitième prestation. Les titres de films et téléfilms dans lesquels il a joué ne vous diront certainement rien. Il a tourné dans « Nor mor kommer hjem », « Under Overfladen », « Regel Nr 1 » ainsi que d’autres merveilles scandinaves. Peu habitué à être au centre des projecteurs, l’acteur interprète pourtant parfaitement son rôle de directeur de musée. Rarement mal à l’aise il profite de son charme naturel et de son excellent jeu d’acteur pour compenser quelques rares maladresses.

À leurs côtés, nous trouvons des artistes de différentes nationalités. Dominic West est britannique, Terry Notary américain, Christopher Laessoe danois et Marina Schiptjenko suédoise. 

Sur le plan thématique, le film aborde plusieurs sujets, comme la responsabilité et la confiance, la richesse et la pauvreté, les clivages entre riches et pauvres, le pouvoir et l’impuissance, l’importance croissante que l’on accorde à l’individu par opposition à la désaffection vis-à-vis de la communauté et la méfiance à l’égard de l’État en matière de création artistique et de médias.

« The Square », tient son vrai nom d’un projet artistique exposé au Vandalorum Museum, dans le sud de la Suède. Cette exposition qui illustre l’idéal de consensus censé gouverner la société dans son ensemble, pour le bien de tous, est devenue une installation permanente sur la place centrale de la ville de Värnamo. Si l’on se trouve à l’emplacement du Carré, il est de son devoir d’agir et de réagir si quiconque a besoin d’aide. 

Si le scénario et les images sont de qualité, il est malgré tout assez regrettable que la bande sonore ne soit pas du même acabit. Les mélodies au violon et les chants aigus deviennent vite soûlants. Une seconde ombre au tableau concerne la deuxième partie du film. Pour on ne sait quelle raison, Ruben Ostlund a mis en scène un comédien cascadeur et coach de mouvement faisant le chimpanzé lors d’un dîner de Gala. Cette séquence d’une vingtaine de minutes pour le moins originale discrédite en partie le film et embrouille le spectateur. Le seul intérêt de sa prestation est d’être le spécialiste en la matière. Outre le rôle de Rocket dans « la planète des singes », l’artiste a aussi incarné des Gobelins dans la trilogie du « Hobbit », un Orc dans « Warcraft », le banshee de Jake Sully dans « Avatar », mais surtout le dernier « King Kong ».

C’est sans surprise que le film de Ruben Ostlund a été choisi par la Suède pour tenter sa chance à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. C’est la troisième fois que le cinéaste se rend sur place à Los Angeles puisqu’il avait déjà soumis sans succès « Happy Sweden » en 2009 et « Snow Therapy » en 2015. Nul doute qu’il ne passera pas inaperçu, cette fois-ci !

The Square
SUE – ALL – FRA – DAN – 2017
Durée: 2h31 min
Comédie, Drame
Réalisateur: Ruben Östlund
Avec: Elisabeth Moss, Dominic West, Terry Notary, Claes Bang, Christopher Læssø, Liliane Mardon, Marina Schiptjenko
Xenix Film
18.10.2017 au cinéma

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