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Interview avec Léa Pool pour « La passion d’Augustine »

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La passion d’Augustine de Léa Pool

La passion d’Augustine de Léa Pool

Comment accrocher le public avec des actrices portant le voile et un univers assez spartiate ? Léa Pool a son idée.

Léa Pool, vous adoptez le point de vue des Sœurs d’un couvent pour raconter la révolution tranquille, le tournant des années 60 au Québec. Pourquoi ce choix ? 
Marie Vien, à qui je dois l’idée originale du film, est venue me chercher après avoir écrit une première version du scénario. Ayant elle-même vécu dans un couvent, il s’agissait de son point de vue. De là, je me suis assez vite laissée embarquer dans l’aventure, avec l’envie de raconter la grande Histoire à travers le regard que portaient ces femmes sur les bouleversements de leur époque.

Dans vos films, la jeunesse remet souvent en question l’ordre établi.  Dans « La passion d’Augustine », Alice (Lysandre Ménard), la nièce de Mère Augustine (Céline Bonnier), tient ce rôle…
Oui, elle bouscule ! La scène où Alice commence à jazzer du Bach est parlante… Cette hérésie dans une école de musique classique dérange et trouble Mère Augustine, même si elle s’oblige à garder son masque d’enseignante. La fougue d’Alice la renvoie à son passé, à une jeunesse qu’elle n’ose pas, au même titre que Bach, revisiter.

Est-ce que le féminisme et la religion sont compatibles dans votre film ?
Bonne question! D’une certaine façon, oui. Il faut nuancer, mais pour la plupart de ces femmes, entrer en religion était une libération, une façon pour elles de se soustraire au carcan du mariage et d’accéder à l’éducation. Ces religieuses étaient par conséquent, très cultivées. Ce sont elles qui ont été à l’origine des plus grands hôpitaux et conservatoires du Québec… Et elles ont des points de vue très féministes. J’imagine qu’on peut être féministe et croire en Dieu.

Parmi les valeurs religieuses qu’elles portent, dans lesquelles vous reconnaissez-vous plus particulièrement ?
Au regard de nos sociétés de plus en plus individualistes, c’est sans doute leur esprit de communauté qui est le plus proche de mes convictions.

Durant les trois-quarts du film, vos actrices sont pratiquement toutes voilées. A-t-il été plus difficile de les investir d’un rôle?
Je me souviens de l’inquiétude de mon directeur artistique. Il se demandait comment j’allais filmer ces personnages « sans corps  », et comment le public allait bien pouvoir s’attacher à elles. Le tout a été de trouver des comédiennes qui, en plus d’être talentueuses, avaient des personnalités contrastées.

Vous êtes installée au Québec depuis 1975. En tant que suissesse, comment vous inscrivez-vous dans le paysage cinématographique québécois d’aujourd’hui ? On pense bien sûr à Xavier Dolan, Jean-Marc Vallé, Denis Villeneuve…
Xavier Dolan est une comète qui est apparue dans notre ciel ! Même s’ils sont plus jeunes que moi, nous avons fait une carrière parallèle ces dernières années. Tous ont l’opportunité et fait le choix de poursuivre une carrière aux Etats-Unis. J’ai moi-même fait deux films en anglais,  « Le papillon bleu » avec William Hurt et « Lost and Delirious »  (avec Mischa Barton et Piper Perabo). Actuellement je n’ai pas cette envie, et je dirais que je suis bien au Québec.

Pour finir, vous êtes sur quel projet en ce moment ?
Je parcours le monde pour un documentaire sur les enfants de mères incarcérées, qui sont en quelque sorte victimes collatérales du système judiciaire. Lorsqu’une mère s’en va, la cellule familiale est détruite et l’enfant est souvent abandonné à son sort. On a tourné en Bolivie et prochainement on s’en va au Népal.

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