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L’éclipse du bonheur : une mise en abîme suisse d’une œuvre biblique.

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L’éclipse du bonheur – dont le titre original est Finsteres Glück est un drame familial adapté sur grand écran par le réalisateur zurichois Stephan Haupt, à partir du roman éponyme de Lukas Hartman. La psychologue Eliane Hess – dont l’actrice n’est autre que la femme de Haupt est appelée une nuit à se rendre à l’hôpital au chevet du petit Yves, suite au drame qui vient de se produire. Partie en voyage en Alsace pour observer l’éclipse lunaire, la famille du garçon de sept ans – ses parents et ses deux frères et sœur – décède quelques heures plus tôt dans un tragique accident de voiture, le laissant pour seul rescapé. Prise d’affection pour l’enfant, Eliane décide de franchir la barrière qui sépare le thérapeute de son patient et l’accueille chez elle pour l’aider à surmonter cette épreuve. Visage de l’innocence incarné par le très jeune Noé Ricklin, Yves fait écho à la figure du Christ et Eliane s’apparente à la Vierge Marie, mère d’un enfant qu’elle n’a jamais conçu. Les références chrétiennes sont montrées au spectateur dès les premières images, la caméra examinant en gros plans les détails de peintures bibliques dont le célèbre retable d’Isenheim, pièce maîtresse du musée de Colmar, ayant pour scène centrale la crucifixion. Il sera aussi le décor clé d’une des scènes finales de l’histoire. Dans une de ses présentations en triptyque, le tableau représente le salut opéré par l’incarnation, le sacrifice et la résurrection du Christ. Se référant récursivement à cette image, Stephan Haupt filme Yves incarnant la figure de l’innocence, mais portant malgré lui sur ses épaule, le fardeau de la culpabilité. C’est l’aspect dramatique du titre, l’éclipse. Mais grâce à Eliane, l’enfant pourra réaliser son processus de résurrection – son deuil – et vivre à nouveau le bonheur. Le miracle qui se produit alors est double, et c’est un salut pour tous, car si la mère de substitution permet à Yves de guérir de son traumatisme, l’entrée de l’enfant dans la vie de celle-ci aura également pour effet d’en résorber les souffrances. On remarquera une légère aura fantastique planant dans l’atmosphère du film qui fait encore une fois écho à la peinture des maîtres allemands Grünewald et de Haguenau. Le jeu et la direction des acteurs sont globalement corrects, mais reflètent les limites de Stephan Haupt en matière de réalisation de fiction, lui qui compte à son actif une majorité d’excellents films documentaires. Si la narration semble parfois se perdre dans des intrigues a priori secondaires et sans importance, elles servent en réalité le propos principal du film. On pourrait certes reprocher leur intégration quelque peu maladroite qui relève sans doute de la difficulté d’adapter en long-métrage un roman de 300 pages. Le réalisateur suisse signe néanmoins avec L’éclipse du bonheur une adaptation poignante qui émeut sans être larmoyante et réussit brillamment la mise en abyme aussi bien visuelle et explicite que narrative et métaphorique de l’œuvre biblique.

  • De Stephan Haupt
  • Avec Heleni Haupt, Noé Ricklin, Elisa Plüs et Carla Bär

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