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Under the Silver Lake : attention, risques de noyade

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Chouchou des festivals et du public après « It Follows », film fantastique surprenant et terrifiant, David Robert Mitchell revient avec le très attendu « Under the Silver Lake », un hommage au polar truffé de références à la pop culture, avec Andrew Garfield dans le rôle du détective malgré lui. Ambitieux, mais pas forcément réussi.


On le sait, pour réaliser un polar efficace, il faut comme ingrédients un antihéros, une ou plusieurs femmes fatales, des gangsters inquiétants, une ville dans laquelle il fait bon se perdre, se prendre des coups ou se réveiller avec une sévère gueule de bois, et un scénario qui démarre plutôt linéairement avant de mélanger allègrement différentes situations et intrigues alambiquées. Dans un genre similaire à « Inherent Vice », à savoir le neo-noir enraciné à Los Angeles, « Under the Silver Lake » coche d’emblée toutes ces cases.

Son antihéros, c’est Sam (Andrew Garfield), jeune adulte désœuvré qui baigne dans la nostalgie du début des années 90, entre fumette, cinéma, musique, comics et jeux vidéo. Depuis l’arrière de son petit appartement, il passe son temps à espionner ses voisines, de la vieille hippie à la bimbo promenant son petit chien – l’espace de quelques plans, on se souvient de Marlowe qui observait avec amusement sa cour intérieure dans le « Long Goodbye » signé Robert Altman. La bimbo, femme fatale en devenir, c’est Sarah (Riley Keough), dont Sam s’amourache immédiatement. Bien qu’en couple avec une aspirante actrice, il se jette à l’eau et l’accoste un soir. En retour, elle lui offre de venir chez elle. Interrompus dans le feu de l’action par ses colocataires, elle lui promet de le revoir. Le lendemain, Sam revient frapper à la porte. À sa grande surprise, Sarah n’est plus là, ses colocs non plus, et l’appartement est entièrement vidé de son mobilier. Désemparé, Sam n’a plus en mains qu’un polaroïd et de très maigres indices glanés au fond d’une boîte en carton pour espérer retrouver l’objet de son coup de foudre.

Commence alors un invraisemblable jeu de pistes à travers Los Angeles, qui propulsera Sam au contact de la jeunesse dorée locale, dans le dangereux sillage d’un ravisseur de chiens, en quête d’un mystérieux auteur de fanzine, et sur la trace de symboles empruntés au langage secret des sans-abris. Objets, images, textes, magazines : tout paraît progressivement former un gigantesque puzzle caché au sein de la ville, et renvoyer à une conspiration qui s’étend bien au-delà de la seule disparition de Sarah. Auparavant préoccupé par l’idée de donner un sens à sa vie, Sam va désormais s’impliquer corps et âme dans une investigation complexe, alignant et reliant les moindres détails entre eux, souvent de façon hasardeuse ou absurde.

Passé un certain cap, on comprend que David Robert Mitchell prend un plaisir manifeste à bousculer les codes de la narration, et par là le spectateur, en s’intéressant plus à l’état d’hallucination permanente de son personnage qu’à sa destination finale. Mais s’il est amusant d’accompagner pendant quelque temps Andrew Garfield égaré dans les méandres d’une enquête sans fin, « Under the Silver Lake » use rapidement les nerfs en cherchant à multiplier les situations vaguement surréalistes et à verser dans le référentiel à tout prix. Porté par une musique orchestrale en décalage constant et parfois insupportable, marqué par des problèmes de tempo, le film, d’une durée de 2h20, finit également par donner l’impression de se regarder le nombril d’une scène à l’autre. Une expérience cinématographique aussi atypique ne pouvait fonctionner sur la longueur qu’avec une réelle maîtrise du genre. On préfère se rappeler que Mitchell est l’auteur de « It Follows » avant de lui pardonner cette déception et de guetter avec enthousiasme son prochain projet.

Under the Silver Lake
USA – 2018 – Thriller
Réalisateur: David Robert Mitchell
Acteur: Riley Keough, Jimmi Simpson, Andrew Garfield, Sibongile Mlambo, Topher Grace, Summer Bishil, Sydney Sweeney, Callie Hernandez, Patrick Fischler, Riki Lindhome
Ascot Elite

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