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mercredi, avril 24, 2024
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« Jackie » : dans l’intimité d’une First Lady meurtrie

Lauren von Beust
Lauren von Beust
Amoureux du film «American Gigolo», ses parents la prénomme en hommage à l'actrice américaine Lauren Hutton. Ainsi marquée dans le berceau, comment aurait-elle pu, en grandissant, rester indifférente au 7ème art ? S'enivrant des classiques comme des films d'auteur, cette inconditionnelle de Meryl Streep a prolongé sa culture en menant des études universitaires en théories et histoire du cinéma. Omniprésent dans sa vie, c'est encore et toujours le cinéma qui l'a guidée vers le journalisme, dont elle a fait son métier. Celle qui se rend dans les salles pour s'évader et prolonger ses rêves, ne passe pas un jour sans glisser une réplique de film dans les conversations. Une preuve indélébile de sa passion. Et à tous ceux qui n'épellent pas son prénom correctement ou qui le prononcent au masculin, la Vaudoise leur répond fièrement, non sans une pointe de revanche : «L-A-U-R-E-N, comme Lauren Bacall !». Ça fait classe !

Une grande performance de Natalie Portman, au service d’un drame maîtrisé.


Le 22 novembre 1963, le Président Kennedy vient de recevoir une balle dans la tête qui lui a été fatale. Après ça, tout va très vite pour la First Lady. Encore sous le choc, meurtrie dans son tailleur rose ensanglanté, elle assiste à la passation de pouvoir à côté de la dépouille de son mari. Lyndon Johnson lui succède. Couple brisé, c’est aussi l’espoir d’une Amérique meilleure qui part en fumée. Si Jackie peut encore sentir l’esprit de JFK dans les couloirs du Bureau Ovale, tendant à l’enfermer dans son mutisme, elle doit quitter la Maison Blanche au plus vite, la loi l’oblige. Impossible de faire son deuil en paix. Et sa douleur ne semble pas susciter le soutien profond de ses pairs. Elle fera de sa souffrance une force qui ne la quittera plus jamais.

Ce drame très psychologique, parfois torturé, nous plonge dans l’intimité et l’introspection d’une First Lady déboussolée, qui devra redéfinir le sens de sa vie. Le film lui attribue un statut « d’épouse de », si bien qu’elle semble ne plus exister après le drame. Mais le récit reconnaît la grande perception de Jackie : elle savait ce qu’il convenait de soigneusement garder secret. Malgré ce qu’on aurait pu craindre, le patriotisme est bien dosé (et de toute façon nécessaire au récit sur sa fin). Le monde froid et intransigeant de la politique est incarné tout au long du film par le frère de JFK, Robert Kennedy, protagoniste dénué d’émotions profondes comme la plupart des représentants de Washington. Dans un rôle difficile à incarner, Natalie Portman rend un bel hommage à cette Lady, avec un charme et un accent parfaitement maîtrisé. Femme d’honneur, Jackie aura su trouver dans son malheur la force et la dignité nécessaires à son existence pour sortir de l’ombre.

Jackie
De Pablo Larraín
Avec Natalie Portman, Peter Sarsgaard
Pathé Films
Sortie le 01/02

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