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mercredi, décembre 11, 2024
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Heretic, « Mr. Reed » vous souhaite la bienvenue dans son humble demeure…

Quand le porte-à-porte est maudit.

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Très rares sont les films où la religion est ainsi approchée. La plupart d’entre eux suivent une famille emménageant au sein d’une vieille maison, ou de démons hargneux désireux de posséder un être vivant. Avec cette fiction horrifique, la théologie fuse mais dans un sens plus vicieux.


Sœur Paxton et Sœur Barnes sont en pleine discussion, assises sur un banc. Leur déplacement en faisant du porte-à-porte au sein de l’état du Colorado ne se passe pas forcément comme espéré. Car proposer une (re) conversion même en se sentant à l’aise avec ses idéaux, n’est pas si simple. En particulier par rapport à leur religion, soit l’église mormone. Après leur petite pause, et échanges permettant aux jeunes femmes de se connaître un,  peu plus, elles décidèrent de s’arrêter devant une maison isolée, mais bien entretenue. Quelques minutes s’écoulent et un homme à l’allure propre leur ouvre sa porte et se présente de manière chaleureuse, Monsieur Reed. Invitées à entrer chez lui en attendant que la tempête passe et se sécher, les 2 Sœurs sentiront très vite une sorte de piège, une toile se refermer sur elles. La bâtisse s’avère en fait être un véritable labyrinthe et la seule manière d’en sortir est d’écouter les propos de Reed. Sans oublier le choix définitif, la porte verte ou brune…

L’une des 1res excellentes surprises d’ « Heretic », demeure sa distribution. A commencer par le duo de cinéastes polyvalents, Scott Beck et Bryan Woods. Assez inconnus du grand public, ils sont pourtant les scénaristes de la franchise très lucrative et réussie, « Sans un bruit ». Ou récemment également, de « 65 – La Terre d’avant » avec Adam Driver.

Concernant « Heretic », l’inspiration horrifique se poursuit. Mais cette fois-ci, le monstre est humain et comme annoncé officiellement dans le synopsis. Amical au prime abord, son étrangeté sera perçue trop tardivement par les 2 Sœurs.

Car dès qu’elles pénètrent dans l’antre du diabolique « Mr. Reed », alias Hugh Grant (« Wonka »), la trame se gagne en intensité et devient davantage horrifique et psychologique. Des 2 côtés, les paroles qui s’avèrent souvent théologiques, se transforment en armes.

Au gré du récit, où l’horreur et l’effroi sont de plus en plus présents pendant l’avancement des 2 mormones au sein de la maison dédaléenne de « Mr. Reed », les répliques fusent. Aucune réelle violence verbale, mais la menace se ressent à chaque mot et la tactique du Malin fonctionnera d’une certaine manière.

Celle-ci a même un nom, le sealioning, faire le lion de mer. Il s’agit d’harceler les gens par des demandes d’arguments répétées, tout en restant faussement courtois et sincère. Cette pratique, parfaite pour les pervers-e-s narcissiques, s’emploie aussi dans le cadre de débats. Ce que fait sans hésiter le nébuleux « Mr. Roseau » qui ne ploiera jamais grâce à des raisons lui étant propres.

Ce dernier s’avère donc être incarné par le très bon acteur Britannique Hugh Grant. En tête d’affiche d’ « Heretic », il se démarque largement de tous ses précédents rôles (même de la série télévisée « The Undoing » où il jouait un meurtrier) grâce à son incroyable investissement.

Le comédien, qui avait déjà impressionné les réalisateurs en 2012 dans le film « Cloud Atlas », a tellement senti le potentiel de son rôle d’hérétique, qu’il se documenta beaucoup sur des polémistes et gourous de sectes bien spécifiques. Afin de mieux cerner les raisons pour commettre des actes si maléfiques.

Les performances de ses collègues ne s’oublient également pas facilement et surprennent tout autant. Ainsi, Sophie Thatcher (« Le Croque-Mitaine ») et Chloe East (« The Fablemans »), 2 comédiennes et réellement d’anciennes mormones, se révèlent un brin innocentes, mais plus intelligentes, intuitives et courageuses qu’il ne paraît. Surtout, fidèles à leur foi et croyances qui ont une grande importance par rapport au film d’horreur.

Un 4e personnage est à mentionner au niveau de cette réalisation. L’incroyable habitation du tortueux propriétaire. Extérieurement tourné en décors réels, les différentes pièces construites au Canada, sont toutes significatives et plus lugubres les unes que les autres. Le lieu vit, entoure et encercle les 3 protagonistes quoiqu’il en soit…

Néanmoins, 2 éléments demeurent un peu regrettables au sein d’ « Heretic ». Sa composition musicale, faite par Chris Bacon (« Mercredi »), manque d’un thème marquant, angoissant et/ou effrayant. Outre cette petite absence, le personnage du Missionnaire responsable des 2 Sœurs, n’a pas assez d’importance et malheureusement, et s’oublie très vite par rapport au reste du récit.

« Heretic » est donc une œuvre horrifique réussie, soignée, intrigante et vraiment efficace. Son horreur ne se compare pas à l’excellent « Terrifier 3 », mais elle se remarque bel et bien. Les aficionados du genre se délecteront de chaque scène (devant un chianti ?). Tandis que les plus jeunes et personnes trop sensibles l’éviteront, car cette fiction ne s’adresse pas à ce type de public.

Bien entendu, ceci est un choix personnel et comme le démontre l’intrigue du long-métrage, toutes les décisions ont des conséquences…

Heretic
USA – CAN – 2024
Durée: 1h50 min
Épouvante, Horreur, Suspense
Réalisateurs: Scott Beck, Bryan Woods
Avec: Hugh Grant, Chloe East, Sophie Thatcher, Topher Grace, Elle Young, Julie Lynn Mortensen, Wendy Gorling
Pathé Films Suisse
27.11.2024 au cinéma

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