A 94 ans, Clint Eastwood vient peut-être de signer l’un des pires films de sa carrière. Vendu encore une fois comme son dernier pas de danse devant la caméra, il faut justement espérer que ce très faible « Cry Macho » ne sera pas son dernier rodéo de réalisateur.
Un vieux garçon vacher revenu de tout accepte le curieux contrat de son employeur. Partir au Mexique pour délivrer un ado soi-disant rebelle des griffes du cartel…
Déjà le titre n’augure rien de bon. « Cry Macho » !?
« Million Dollar Baby », « Pale Rider » ou même « Space Cowboys » dans un autre registre, s’affichaient mieux et donnaient de meilleures promesses. Mais il est clair qu’ici, dès le début, rien ne va. Les situations, les dialogues et le jeu des acteurs rappellent les télénovelas. Le cadreur fait de jolis plans, les scénaristes imaginent tout ce qui pourrait faire de leur patron le meilleur des héros mais une curieuse impression persiste. Le vénéré réalisateur n’est-il pas en train de se passer la pommade ? Les plans sont trop signifiants et les situations sans équivoque. Quand Clint ne fait pas de siestes, il danse, soigne les animaux, séduit les jolies villageoises et dompte les fougueux sans que le spectateur ne puisse vraiment se décider sur ce qui est le plus passionnant des deux.
Au début, l’histoire est simple et aurait pu aboutir à un prolongement réussi des thématiques traitées dans l’un des meilleurs films du réalisateur : « A Perfect World ». A l’époque et au sein même du long-métrage, les relations entre l’enfant et l’adulte sonnaient justes. Ici, le point de départ et les enjeux sont certes bien différents, mais on y croit moins. Le vieillard est déjà d’un âge beaucoup plus avancé, n’est pas très alerte et le jeune homme ne parait pas aussi féroce que le scénario et ses différents personnages le prétendent. La virée de ces « deux protagonistes que tout oppose et qui finalement se rapprochent » est bien molle et n’offre que de rares étincelles. Certes, ils s’arrêtent dans un petit village perdu, s’y attardent et caressent un instant l’espoir d’une vie paisible loin des vicissitudes du monde moderne, de ses violences et de ses coups bas mais franchement… cette idée d’un Mexique « préservé » et garant de toutes les belles valeurs humaines est trop romantique pour ne pas sombrer dans le ridicule. La mise en scène étant également très convenue et souvent maladroite, il faut bien avouer que cette dernière œuvre (en date ?) de Clint Eastwood n’est, sous aucun angle et sans aucun doute, pas un ajout majeur à sa respectable filmographie. Mais une fois encore, il faut espérer que ce ne sera pas là son chant du cygne.
Néanmoins, et pour rester franc, cette 48ème œuvre du cinéaste n’est pas non plus complètement à jeter car elle pourrait malheureusement aussi être un peu comme cette dernière visite à son grand-père qu’on regrette de ne jamais avoir faite. Un vieux remord, une propension à la nostalgie ou un certain respect fera peut-être même fléchir quelques spectateurs vers l’indulgence. Car s’il est sûr que « Cry Macho » n’est pas bon, il a tout de même « ce petit charme suranné ». Le même que celui de son réalisateur et acteur principal…
Cry Macho
US – 2021 – 104min – Thriller
De Clint Eastwood
Avec Clint Eastwood, Dwight Yoakam, Fernanda Urrejola, Brytnee Ratledge, Paul Lincoln Alayo, Horacio Garcia Rojas, Ana Rey, Alexandra Ruddy, Amber Lynn Ashley, Sebestien Soliz
Warner Bros
10.11.2021 au cinéma
