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mercredi, mars 27, 2024
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2300 plan 9 : Les Étranges Nuits du Cinéma 2023 ; « Toyko Gore Police » & « 13 Notes en rouge »

Loup-Gabriel Alloati
Loup-Gabriel Alloatihttps://www.senscritique.com/L-G-Alloati
Jeune passionné (entre autres) de cinéma, j'en admire et apprécie le potentiel créatif exceptionnel.

L’édition 2023 des Étranges Nuits du Cinéma s’est déroulée à la T’chaux, du 3 au 9 avril 2023. L’étrange énergie dégénérée des festivités a alors évolué dans une ambiance informelle et sympathique ; bilan de l’évènement et retour sur la soirée du vendredi.


2300 Plan 9 ; édition 2023
Le sous-titre de cette 22ème édition, « qu’est-ce que c’est que ce cirque ? », dénotait parfaitement le caractère chaotique et dégénéré du festival, encore une fois très (mais vraiment très) haut en couleurs, et tout aussi riche en péripéties et en étrangetés diverses.

L’évènement organisé par l’association non-lucrative « 2300 Plan 9 » se distingue et se démarque sur bien des aspects des autres festivals de cinéma, mais c’est avant tout les lieux et leur décoration qui donnent cette touche significative et identitaire à l’évènement. Il s’y déroule au Temple Allemand de la Chaux-de-Fonds, décoré et démystifié pour l’occasion. L’édifice religieux, affublé de toutes part de décorations en tout genre, fruit du travail acharné et passionné de bénévoles habiles et motivés, adopte au cours de la semaine festivalière un look plus proche du hard rock et des beatniks que des ornements protestants pour que s’y déroule sa « messe déviante ». Sur les parois installées sont dessinées des illustrations en tout genre, au mauvais goût assumé (et même promu), à l’indécence volontaire, et diverses inscriptions en langage familier sont inscrites pour renseigner et/ou amuser le spectateur curieux. Plusieurs objets décoratifs dont la présence dans un temple ne peut que surprendre sont alors installés un peu partout, évoquant volontiers les trains-fantôme, les super 8 et l’univers punk-horrifique.

Le festival fonctionne grâce à l’énergie sans limite des bénévoles, ses trente responsables travaillant gratuitement durant l’année sur le projet. Les décors, point central de l’évènement, sont pour leur part le fruit de près de deux-mille heures de travail par une vingtaine de bénévoles, supervisés par trois responsables de projet durant trois mois.  Et chaque soir, c’est près de quarante bonnes âmes motivées qui viennent assister le festival pour assurer son bon déroulement. En cuisines, à la technique ou au bar, chacun y trouve sa place. Comme rétribution, ils gagnent leur repas, boissons en tout genre et des entrées au festival.

Au programme de cette année : un ciné-concert sur l’absurde Rubber de Dupieux, qui, pour rappel, narre le périple déroutant et destructeur d’un pneu, la Nuit du Court (mais trash), diffusant 27 courts-métrages, évalués par un jury, une masterclass sanglante par Yoshihiro Nishimura, des réalisateurs ou autres artistes et techniciens, les mini-courts GRRIF, de la boisson, la Chasse aux œufs et les films des enfants (après-tout, les plus jeunes ne sont-ils pas eux-mêmes des diablotins sur patte à qui la folie sied encore mieux qu’à d’autres?!), et même une exposition d’art. Et, concernant les films (car il s’agit avant tout de ça), une programmation abondante (19 films), répartie sur plusieurs cycles était proposée aux spectateurs. Des projections en 35mm, de la 3D, huit premières suisses, et même une mondiale (!), cinq réalisateurs, cinq séries de courts-métrages, des classiques comme des nanars d’un peu partout (« car le mauvais goût de qualité n’a pas de frontières »), du punk hardcore, du « totalitasirme Guatemala », du « débile », des films inventifs qu’on ne voit que là-bas, des tornades sans cohérence ; bref, une salade aussi imbibée que pimentée (!)

On pouvait aussi bien y voir Quand on a que le mur, film guatémalais traitant du totalitarisme dans un futur dystopique, que le Vidéodrome de Cronenberg, Scream, du Mad Max enneigé avec Polaris (La Peau de l’Ours), par la réalisatrice canadienne Kirsten Carthew, mais aussi l’extrême Megalomaniac, de Karim Ouelhaj, plusieurs films « hyperboliques » (le terme est faible) de Nishimura, ou une sélection de courts-métrages pour les enfants, et autres choses étonnantes.

Du palmarès du concours des courts-métrages sont ressortis vainqueurs Censor Of Dreams de Léo Berne & Raphael Rodriguez, titulaire du prix du jury, et Pentola, de Leo Cernic, auquel a été décerné le prix du public. Se seront également démarqués Bear, de Nash Edgerton, et Une Belle Nuit d’été, de Sam Castelli, Alek-sandar Savic, Yannis Brun, Barbara Derail, Arthur Dupuy et Enzo Leboucher, respectivement titulaires des mentions « Meilleur petit ami » et « Cerf vidé ».

Concernant les exigences, au 2300 Plan 9, durant les projections, ni le silence dévoué ni les prières ne sont de mise. Le septième art n’y est pas adulé et inatteignable, perché du haut de ses sphères mystiques, mais un art vivant et expressif, occasion de fête et d’expériences cinématographiques. Il compte dans son identité un attrait pour le sang et la déviance, faisant notamment usage d’un « goromètre » dans sa page de programmation, gradué à cinq niveaux, (dont certains films peuvent toutefois excéder très largement la limite, comme Toyko Gore Police, et ses diaboliques « 666/5 »), et estimant nécessaire (sans surprise) la mention du « trigger-warning » pour ses œuvres les plus extrêmes (parce que non, il n’y a pas que de la rigolade, mais aussi du glauque et du très sérieux).

Les spectateurs se sont volontiers prêtés au jeu, plusieurs arborant des costumes ou maquillages témoignant d’un effort ou d’une créativité admirable et ajoutant une touche de folie à l’ambiance particulière des lieux (en plus de leurs commentaires comiques ou réactions spontanées lors des projections). Cicatrices ou blessures pastiches, faux-sang, teintures et accoutrements créatifs et bizarres (même si là-bas, tout l’est moins) n’étaient donc pas rares (et aussi bienvenus qu’attendus) !

Au total, c’est près de 4500 spectateurs qui se sont rendus au festival, sur 19 films projetés, et huit avant-premières suisses. Parmi les pépites, le festival invite à retenir notamment la présence de Yoshihiro Nishimura, venu pour l’avant-première mondiale (!) de son dernier film, Onimanji, en présence de Masanori Mimoto, Yuya Ishikawa, et Natsumi Tadan, au casting de l’œuvre en question !

À l’exception de quelques détails techniques vites oubliables (qui seront évoqués dans les retours sur la projection), la vingt-deuxième édition du 2300 Plan 9 peut se considérer comme un fort succès, ayant rempli ses promesses et ses rangs, grâce à l’énergie de nombreux bénévoles. Leur fréquentation est restée stable, les organisateurs sont « contents, mais fatigués » d’avoir « fait rayonner la bêtise avec beaucoup de sérieux », et on ne peut que leur souhaiter une folie plus folle encore pour ses éditions futures ! (Rendez-vous en 2024, du 25 au 31 mars !)

Retour sur deux projections de la programmation du soir du vendredi 7 ; « Toyko Gore Police » et « 13 Notes en Rouge ».

Tokyo gore police
Le film (déjà passé lors de l’édition 2009) a été projeté en présence du réalisateur en personne, Yoshihiro Nishimura, venu spécialement du pays du soleil levant pour le festival, qui a présenté le métrage devant près de 250 spectateurs.

Et si on aime l’explosion, on est servi. Ce produit nippon d’une inventivité sans limites et d’une passion sans bornes, a fait verser, dit-on, près de cinq tonnes de faux-sang (!)

Ce film débordant raconte l’histoire d’une « chasseuse d’engineers » à la recherche de l’assassin de son père, les ingénieurs étant de cruelles créatures dont les blessures se régénèrent sous la forme d’armes mortelles. L’œuvre profite de ce scénario tiré par les cheveux pour exprimer son attrait pour le gore (comme l’indique le titre) et la violence, autant parodiée qu’hyperborée, radicalement comique et dégénérée. Résultat : une œuvre certainement pas au goût de tous (et peut-être même au-delà des critères du « mauvais » film, les nanars assumés échappant volontiers à pareils adjectifs).

L’énumération et la description fonctionneront ici bien mieux que n’importe quelle forme de critique, puisqu’on trouve dans Toyko Gore Police des choses qu’on ne trouverait nulle part ailleurs ; le sang abonde tant qu’on s’en protège avec des parapluies, on y voit une esclave dont les quatre membres sont des armes blanches se battre en duel (membres plus tard régénérées en armes à feu) contre l’héroïne armée d’un katana, des combats de tronçonneuse (une à chaque bras !), un œil cybernétique, des clés en matière cervicale ouvrant les avant-bras, on y utilise des bazookas comme propulseurs, le méchant, qui est très méchant, et qui a en guise d’yeux deux canons, on y voit une femme aux jambes crocodiles, une femme-escargot, les tirs de balle se parent avec des épées, du flou, une police sanguinaire assassine avec sourires et assurance, du Starship Troopers, de l’écartèlement avec des voitures, de la violence (on s’en doutait) des gros plans sur du sang, des gerbes de sang, des geysers de sang des explosions de sang, bref, beaucoup d’énergie, et peu de prise de tête.

La mise en scène travaille l’aspect violent du métrage, usant de divers effets dynamiques ou esthétiques très particuliers. On y filme depuis ou entre les plaies, des flous volontaires viennent dissimuler la violence de l’action, un grand nombre de cut dynamise le montage, le sang asperge tout, y compris les caméras, et j’en passe. Loin de la finesse et de la délicatesse, éloignée de toute sagesse et retenue (pas très sage du tout en somme), cette imagination démesurée abonde et déborde tout au long du métrage, enchaînant les surprises, au plus grand plaisir des spectateurs amusés (dont les commentaires, sifflements ou applaudissements ponctuaient la séance).

Le métrage profite également d’un aspect clairement parodique, dont une scène mythique, durant laquelle le méchant émet un rire maléfique devant une lune pourpre absolument gigantesque, plan mémorable qui illustre volontiers la démesure du métrage.

Une séance (très) vivante et énergique
Les étranges nuits du cinéma faisaient bon accueil au film, pour une projection des moins académiques, n’hésitant pas à régler le volume sonore « à fond », laissant hurler hauts-parleurs, dont déferlaient bruitages et rock à tout va, pour proposer une expérience plus extrême et immersive aux spectateurs, quoique trop extrême peut-être, à la limite de l’acouphène (la démesure ne devrait-elle pas se fixer des limites, même si, on le lui accorde, c’est très satisfaisant de dépasser les bornes ?!).

À intervalles réguliers, quelques commentaires comiques émergeaient de la foule, commentant le film, avec plus ou moins de tact. De façon plus spontanée, quelques activités impromptues ponctuaient la séance, comme un passage d’un ballon d’hélium entre les spectateurs ou la circulation et le partage de boissons alcoolisées « faites maison » de la part des spectateurs (« aussi fortes que l’alcool de papy ») dans les gradins.

Si vous aimez les nanars assumés, l’hyperbole, la démesure, l’absurde, le non-sens, les bêtises, le délire, le rock et le sang, ce film est pour vous.

13 Notes en Rouge
C’est également en présence du réalisateur, François Gaillard, qu’a été projeté ce film français de 2022 à l’allure à l’allure « giallo-esque ultra-esthétique », comme l’indique le programme, réalisé par François Gaillard, pour une première suisse ! Une centaine de spectateurs, bravant l’heure tardive de la projection (débutée passé minuit), a vu défiler sur le grand écran blanc les somptueuses images de 13 notes en Rouge.

Le film, sorti en 2022, mais fruit d’une « dizaine d’année de gestation », et d’une production aussi chaotique que remarquable au vu de son très faible budget, a pour lui un scénario des plus particuliers. Il image l’histoire de Charlotte à son réveil, à la suite d’une soirée a priori arrosée. La jeune femme est témoin en auditrice de l’ébat sexuel de sa colocataire avec un individu, ébat qui vire cependant au meurtre brutal et sanguinaire. L’assassin somme ensuite à Charlotte de lui rendre son dû. Cette dernière ne comprenant pas la cause de ces évènements, ni ce à quoi l’homme fait référence, va tâcher tout au long du métrage de se remémorer les évènements oubliés de la veille, qui vont lui revenir progressivement sous forme de flash-back, teintés d’horreur et de violence, jusqu’à l’explosion finale.

Une œuvre aux nombreuses qualités esthétiques
C’est notamment par sa photographie et sa direction artistique que se démarque l’œuvre, qui évolue sur deux tempi, détentrice d’un style qui oscille entre l’ésotérisme et la virée cauchemardesque, et teintée d’un érotisme très travaillé, marqué par plusieurs aspects artistiques. L’esthétique magistrale du long-métrage travaille notamment ses couleurs, ses teintes et ses contrastes (la robe claire sur le tissu rouge, la peau blanche dont jaillit un sang noir), mais aussi sur ses lumières envoûtantes et hypnotiques, bardée d’éclairages colorés frôlant l’hystérie (à l’image d’une boîte de nuit), ou mobilisant divers effets de brume.

Cette sensualité portée par les costumes, les acteurs, même les maquillages (dont plusieurs sont remarquables), les actrices et leur traitement visuel, côtoie toutefois la violence sourde au long du métrage, la figure de désir étant rattachée à la sournoiserie du reptile, avec le serpent ondulant sur la peau claire, ou à la dangerosité des araignées ou des scorpions se promenant sur la femme dénudée, qui observe le spectateur tandis que se promènent sur son visage les arachnides menaçants.

La musique est des plus présentes, plusieurs titres du groupe accompagnant et dynamisant la catharsis de ce métrage par divers motifs aux allures rock, témoignant d’une passion et d’un travail de sélection minutieuse.

La direction artistique porte une attention marquée non seulement sur les textures matérielles (reflets métalliques, cuir, bois, etc.), humaines (peau, corps, yeux, sang) ou animales (ondoiement du serpent, araignées, asticots), mais aussi sur ses décors, cadrés avec attention (permettant de faire évoluer la narration dans un contexte esthétique), ce qui ajoute une plus-value remarquable au film, que plusieurs tableaux et décisions ancrent définitivement dans le registre expérimental. On y remarque notamment une passion pour l’illustration, dans plusieurs séquences au-delà de la narration, où l’image parle plus que tout, ou, au contraire, en magnifiant la narration en l’esthétisant au maximum (allant jusqu’au split-screen).

Horreur, action psyché et…un peu de vacuité
Le récit du périple de Charlotte, dévoilé lors des flash-back de cette dernière, est marqué par un plus grand dynamisme, où aux beautés plus statiques et contemplatives du premier plan-séquence succèdent les violences, les rires, les coups et les gerbes de sang. On y suit son périple avec Chloé, en extérieur comme en boîte de nuit, et on y voit notamment leur attaque (et contre-attaque) par un groupe de femmes en roller, jusqu’à que lui soit dévoilés par le flash-back l’origine, la nature et l’emplacement de l’objet que lui réclame l’assassin.

Mais l’œuvre présente aussi un aspect horrifique particulièrement gore, en plus d’une tension toute droit issue du giallo. Elle évolue au rythme effréné d’une course à la mort démentielle, d’un cauchemar dont on veut mais ne peut sortir, Charlotte subissant les menaces, et, plus tard, les violents sévices de son agresseur, tâchant de lui échapper et de s’en débarrasser. Ces séquences présentent un travail sur la tension proche sur plusieurs aspects du giallo italien (qu’il référence même jusqu’à son titre visiblement, non loin des Sette notte in nero de Lucio Fulci). On retrouve un attrait pour les textures humaines en combustion dans une scène où un visage est brûlé au chalumeau (ce qui n’est pas sans rappeler l’Aldilà du même Lucio Fulci) et pour la menace des armes (certains plans ou scènes évoquant volontiers les gialli de Dario Argento ou de Bava), et pour le gore filmé de près.

Le film joue également sur une dimension plus psychique, élaborant à un moment donné de façon humoristique l’hypothèse selon laquelle tous les évènements auquel assiste les spectateurs ne sont au fait que des produits de l’esprit de la protagoniste, dont le récit se déroulerait dans son esprit en roue-libre. Ce passage, qui prend la forme d’un dialogue de guignols, surprend de par son ton comique (et réussi) et son style plus léger, en contraste avec l’épaisseur particulièrement opaque du reste du métrage, allégeant alors son visionnage (où l’humour est finalement très peu présent, au profit de l’expérience esthétique et de la tension).

Le film insuffle donc autour d’un scénario plutôt léger (voire mal écrit, si pareils termes osent s’employer) une énergie artistique et une créativité incroyable, dont la portée est toutefois amoindrie par la relative pauvreté des scènes de dialogue (qui, au vu des commentaires parfois (trop ?) explicites lors de la séance, en ennuyaient plus d’un), qui comptent parmi les points les plus faibles du film. Dans les scènes concernées, les actrices jouent plutôt mal que bien, peu de choses avancent, et on s’y échange des banalités, scènes dont la relative vacuité affecte le rythme de l’œuvre.

Une expérience cinématographique
Quelques problèmes techniques ont toutefois perturbé le déroulement de la séance, interrompue et recommencée à son début (un problème qui n’aura évidemment échappé à personne, et aura ensuite valu l’amusante récurrence du commentaire « on peut r’avoir le début ? » de la part d’un spectateur au courant de la séance), ainsi qu’un problème dans le mixage sonore, rendant les voix (sur les haut-parleurs centraux) difficilement audibles en comparaison avec les sorties sonores périphériques (permettant toutefois une mise en valeur de la musique, comme quoi on y trouve son compte).

En faisant abstraction de ces détails techniques quelque peu dommage, mais concernant davantage la projection que l’œuvre, et malgré les inégalités qui parsèment l’intensité de celle-ci, la séance de 13 Notes en Rouge ne laisse pas indifférent.
Film difficilement classable, parce qu’assez trouble et instable (plusieurs de ses aspects se rallient au cinéma d’horreur, d’autre, à l’expérimental, au cinéma d’essai, au giallo, sans trouver pour autant une identité qui soit totalement unitaire et parvienne à rassembler tous ces morceaux), en somme ; une de ces étranges œuvres qui permettent de dire des Étranges nuits qu’elles ont définitivement pour elles une programmation particulière, où certaines productions ne se voient que là-bas.
Amateurs d’expériences étranges et de belles images d’où suintent caractère, créativité et atmosphères (visuelles comme sonores), ce film est pour vous !  


Fiche IMDB de Tokyo Gore Police

Fiche Senscritique de Tokyo Gore Police

Fiche IMDB de 13 Notes en Rouge

Fiche Senscritique de 13 notes en Rouge


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