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jeudi, décembre 4, 2025
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Festival CinéMasala

Yerden Telemissov : « Sasyq m’a aidé à mieux me comprendre »

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Invité au « NIFFF 2025 », le cinéaste Kazakhstanais présenta sa 1re fiction durant la manifestation. À la suite d’emplois du temps chargés, la rencontre ne put se faire sur place. Mais il nous expliqua notamment à distance, ses multiples références cinématographiques.


Votre nouveau film s’appelle « Sasyq » qui en français, signifie « Puant ». Pourquoi ce nom ? J’ai passé beaucoup de temps à chercher le « bon » nom, quelque chose qui susciterait la curiosité et enflammerait l’imagination. En kazakhstanais, « Sasyq » est assez provocateur. Je ne crois pas que d’autres œuvres artistiques au Kazakhstan portent un tel titre. Quand je le disais à mes amis, ils me demandaient souvent de le répéter et cette réaction m’amusait toujours beaucoup.

Mais pour moi, il a aussi une signification particulière. Dans l’histoire, l’extraterrestre entend tout le monde appelle le « Vieil Homme », « Sasyq ». L’alien suppose alors que ce nom signifie « Humain ». Dans la scène finale, quand il dit : « Tu es Sasyq, je suis Sasyq », ce qu’il veut vraiment dire, c’est : « Tu es Humain et je suis Humain. » Ce moment donne une émotion supplémentaire au film, indécelable à la base.

Comment avez-vous démarré votre projet et trouvé les différents lieux ? J’avais cette idée en tête depuis 2 ans déjà et j’en parlais très souvent autour de moi. Presque à chaque fois, la réaction était la même : « Qu’est-ce que tu avais fumé quand tu as eu cette idée ?! » Beaucoup ne pouvaient pas imaginer à quoi cela ressemblerait et étaient sûrs que je ne trouverais aucun financement. Mais j’étais convaincu qu’il suffirait d’une réunion d’1h avec le bon producteur, qui comprenait vraiment le cinéma et avait les moyens financiers. Cette personne fut Gulnara Sarsenova (« Dans la brume électrique »), la productrice la plus renommée du Kazakhstan.

Nous avons tourné dans 3 endroits différents, le principal fut trouvé en une journée. Au moment où nous faisions plus amplement le tour du secteur, j’ai repéré la place où nous allions construire les toilettes et le magasin. À seulement 200 mètres de là, j’ai vu un gros poteau électrique, une rivière et un pont, que j’ai par la suite intégrés au scénario. Le bureau du Maire est en fait le bureau de mon producteur et la casse est une vraie cour que nous avons filmée directement.

Plusieurs allusions sur Steven Spielberg font partie de votre film. Pourquoi donc ? En regardant attentivement, il y a plusieurs hommages à d’autres cinéastes. Comme « E.T. l’extra-terrestre », « Life Is Beautiful », « Training Day » ou « The Big Lebowski ». C’est ma façon d’exprimer mon amour pour le cinéma et de rendre hommage aux films qui m’ont façonné.

« Sasyq » est avant tout une comédie. Mais il parle de nombreux sujets sérieux dans votre pays, comme les problèmes politiques ou les différentes classes sociales. Pourquoi ces choix ? Je n’ai jamais eu l’intention de faire une comédie. Mon but était de parler de choses qui me concernent dans le monde actuel. Mais parce que je vois naturellement la vie positivement, le résultat en fut humoristique. C’est mon 1er long-métrage et quand j’ai regardé sa 1re finalité, j’ai soudainement réalisé à quel point je suis naïf, gentil et comment « Sasyq » m’a aidé à mieux me comprendre.

Comment avez-vous choisi le costume de l’extraterrestre ? C’était un vrai défi. Je suis biologiste de formation, alors j’ai passé des heures à imaginer à quoi ressemblerait un amphibien extraterrestre adapté à des conditions environnementales « spéciales ». Nous avions une équipe de maquilleurs incroyable et un département artistique qui a développé le costume et les effets spéciaux donnant ainsi vie à l’extraterrestre.

Qui est l’acteur qui a joué l’extraterrestre et quelle a été la scène la plus amusante filmée avec lui ? Il a été joué par Chingiz Kapin qui s’avère remarquable et est également diplômé d’une école de ballet. Son physique a beaucoup apporté au rôle. Pour moi, la scène la plus drôle a été celle où l’extraterrestre apparaît pour la 1re fois face à la grand-mère, émergeant des profondeurs d’une toilette extérieure, scintillant de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Nous avons construit ces toilettes spécialement pour le tournage. En dessous, un réservoir d’eau chauffé a été placé et les acteurs ont porté des combinaisons de plongée sous leurs costumes. Ce qui « remplissait » les toilettes était du plastique peint et du cacao.

Comment se passa le choix de la distribution ? J’ai été méticuleux avec le casting. Nous avons auditionné de nombreux acteurs talentueux et choisi les meilleurs. Cette décision a ensuite été confirmée lorsque le film reçut le prix de la « Performance Exceptionnelle (Cheval Noir Compétition 2025) » au festival de films « FanTasia » à Montréal. Je crois fermement que si la préproduction est bien faite, le tournage se déroulera sans problème.

Presque toutes les séquences ont été tournées pendant les journées ensoleillées. Pourquoi ce choix et en réalité, la météo a-t-elle été indulgente ? Nous avons choisi avril-mai pour le tournage, quand la nature est plus luxuriante. Mais elle nous a tout de même mis au défi avec de la pluie et une petite tempête. La partie la plus difficile fut la scène finale, lorsque le vaisseau spatial décolle d’un champ d’herbe. Nous y sommes retournés 4 nuits… Une nuit n’avait pas de vent et l’herbe ne bougeait pas et l’autre fois, il pleuvait. La dernière nous a finalement permis de finaliser « Sasyq ».

Si « Sasyq » vient à Neuchâtel en Suisse, que ferait-il ? J’ai adoré Neuchâtel, c’était la 1re fois que je venais ici et j’ai été enchanté par sa beauté, ses habitants chaleureux et sa délicieuse cuisine. Si « Sasyq » venait ici, il essaierait de rester le plus longtemps possible et de rencontrer tout le monde. Mais finalement, il ressentirait l’appel de son foyer au Kazakhstan, à Almaty. Il ferait le retour avec son vaisseau et emmènerait ses nouveaux amis neuchâtelois pour les remercier de leur hospitalité.

Bienvenue au Kazakhstan !

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