Présent avec notre partenaire « Baka News Network » à la 21e édition du « FFFH », nous eûmes l’occasion de rencontrer le polyvalent Pascal Elbé. Il nous expliqua entre autres, sa manière d’éviter des stéréotypes.

Comment est née l’idée de votre nouveau film et pourquoi ce titre ? On ne sait pas vraiment d’où vient une idée. Quand j’en ai une, parfois, elle mûrit, puis je la laisse partir quelques jours. Mais quand elle revient encore et encore, je me dis que je la tiens peut-être. J’ai toujours souhaité faire un film se passant pendant cette période (1940), que j’aime beaucoup, qui est très vaste et riche pour un scénario. C’est un laboratoire basé sur l’humain, les lâchetés ou le courage qu’on peut se découvrir. J’aime tellement ces films comme « La Traversée de Paris », « La Grande Vadrouille », ou « La Vie est belle ». En fait, « La Bonne Étoile » n’est pas venu tout de suite comme le bon titre. Il s’est imposé à moi d’un coup et là, j’ai compris que je le tenais. En plus, il est proche de l’attrait du conte et résonne avec l’étoile jaune. Comme souvent, j’avais trouvé le titre par miracle, mais avec beaucoup de réflexions en amont.
Quatre ans sont passés depuis votre précédente très bonne réalisation, « On est fait pour s’entendre ». Entre ces 2 films, quels sont les points les plus distincts ?Cela dépend du sujet, mais il en existe. J’essaie toujours de porter un regard à la hauteur des hommes et femmes dont je parle. Je tâche de ne pas juger mes personnages, malgré cette période folle et trouble. « Chevalin » par exemple, va s’affranchir de sa bêtise, grandir et un peu délaisser ses stéréotypes. Tout en faisant ce qu’il peut avec ce qu’il a. Un peu comme dans « On est fait pour s’entendre », où ces personnages peuvent avoir des préjugés, avant une confrontation, puis penser que tout n’est peut-être pas noir et blanc.

Comment va le porc présent dans votre fiction ? Au début, j’en avais un très poilu. Mais je me disais que cela n’allait pas, qu’il ne bougeait pas assez. Puis, on m’amena autre petit cochonou. On était devant le coffre d’une voiture et on me l’a montré. J’ai craqué tout de suite en me disant que celui-ci accompagnerait très bien le personnage dans son périple, tout en développant leurs liens. Comme je tenais beaucoup à l’apparition du cochon, il en devint mon fil rouge.
Quelle fut la scène la plus simple à tourner ? Parfois, ce ne sont pas les scènes les plus simples qui sont à réaliser. Parce qu’on peut avoir de bons acteurs, un bon scénario, mais la scène ne marche pas. Toutefois, par la grâce du jeu, des comédiens et de la direction, quelque chose apparaît et se met en place doucement, comme une peinture. Aucune scène n’est simple, mais c’est aussi pour cela qu’une folle adrénaline nous touche pendant la réalisation d’un film.

Plusieurs comédiens jouent des rôles d’Allemand-e-s dans votre récit. Comment les avez-vous dirigés ? J’ai tourné dans les Vosges (en France) et on était proche de la frontière (allemande). J’ai grandi à Strasbourg, je connais bien la région. Je les ai dirigés comme je le fais à chaque fois en apportant une attention particulière à chacun. C’était aussi très important de montrer pour moi, ce jeune Allemand qui les laisse partir. J’ai vu suffisamment de reportages et eu des témoignages pour l’affirmer. Tout le monde n’a pas participé à cette barbarie, le peuple allemand s’en est insurgé et en a aussi été victime. Je trouve donc important de montrer ma sévérité avec les collabos français. Quand vous regardez les Allemands dans le film, ils appartiennent à la Wehrmacht, jamais au régime nazi. Je ne voulais pas les dépeindre comme des énièmes nazis sanguinaires. Finalement, ce principe m’a sauvé la mise car quand les 2 personnages se sauvent de l’usine, c’est un Allemand qui les aide.
Prises de risques, magouilles et maladresses font partie de « La Bonne étoile ». Quel est votre penchant le plus proche ? Parfois, il faut savoir mentir, je peux le faire, avec panache et même de la sincérité. Le mensonge et la mauvaise foi… La mauvaise foi en comédie est un outil très précieux. Je pourrais faire des films entiers uniquement sur cet aspect car il est profondément humain. Le mensonge parfois, est indispensable pour la cohésion, même sociale. Il faut savoir parfois, ne pas faire du mal à l’autre et lui dire ce qu’il a envie d’entendre. Je n’ai pas envie qu’à la sortie d’un de mes films, un collègue ne l’ayant pas aimé, me donne son abrupte vérité. Par contre, le savoir 6 mois ou 1 an après, cela me permettra d’évoluer et de franchir une étape. Je le remercierai donc pour sa vérité, sincérité et de m’avoir protégé par son mensonge.

De quelle manière avez-vous trouvé les lieux de tournage et les anciens véhicules ? Je m’en suis tenu à l’histoire où les points de passage furent les Pyrénées-Orientales par l’Espagne et la Suisse. Les Vosges se sont rapidement imposées. En plus, quand vous faites des repérages et que vous devez tourner dans les années 40, il faut faire attention au budget. La chance que j’ai eue, fut de tourner dans des villages qui sont restés dans leur jus depuis la guerre. Ça me permettait de pouvoir tourner à 180, parfois à 360 degrés sans avoir à refaire tout le décor à cause d’anachronismes. En plus, on a été très bien reçus dans cette région, malgré son aspect assez sinistré. Les gens n’étaient pas du tout blasés de nous voir. On les a fait participer comme figurants, d’autres nous ont prêté leur voiture de collection ou leurs trésors de guerre. C’est une région historique où on sent encore le poids du passé.
Vous êtes plutôt étoile de Noël, celle de « Mario Kart » ou celle a délaissé comme dans « La Bonne étoile » ? Je dirais entre la 1re la 3e. Mais, étoile de Noël quand même parce qu’on a besoin parfois d’en voir et qu’on nous raconte des histoires comme celle du père Noël. Même adulte, on doit continuer à nous faire rêver, à espérer de jolies surprises.
Les « Chevalin » passent finalement en Suisse, quelles mésaventures leur arriveraient-ils ? S’ils partaient en Suisse, j’imagine que « Monsieur Chevalin » se ferait peut-être passer pour l’horloger du village. Comme les Suisses sont souvent ponctuels, il ne le serait pas vraiment car il n’aurait aucune montre suisse. Il arriverait toujours en retard et on commencerait à douter de ses capacités. Il serait alors, obligé à nouveau de fuir pour se planquer dans une usine de chocolat (suisse).












