Manipulation collective, bienveillance cachée et sacrifice pour le bien commun déjà corrompu sont les quelques thèmes de ce dernier chapitre tant attendu. Une avalanche de musique et de couleurs pour le portrait d’un monde encore si mal connu dans nos contrées francophones. Espérons que la porte ainsi ouverte, inspirera d’autres cinéastes ambitieux de dévoiler plus de ce monde de Oz si prolifique et tellement merveilleux.

Après l’université, Elphaba, Galinda désormais Glinda et Fiyero suivent leurs voiesavec des objectifs différents. Alors que Glinda rêve d’épouser Fiyero et devient une icône populaire de gentillesse, de beauté et de bonté, Fiyero met tout en œuvre pour retrouver celle qu’il aime vraiment : Elphaba. Cette dernière endosse malgré elle le rôle officiel de Méchante Sorcière de l’Ouest alors que son seul vœu est de libérer les peuples d’Oz de la supercherie orchestrée par Le Magicien et Mademoiselle Morrible. Elphaba est traquée, calomniée et haït. Glinda est adulée, adorée et soumise aux caprices des dirigeants de la cité d’Émeraude. Par faiblesse, la poupée rose bonbon laisse les choses se dégradées d’elles-mêmes jusqu’à vendre son intégrité d’esprit et entrer de pleins pieds dans les rouages du miroir aux alouettes.

Une suite tout aussi fantastiquement réalisée et merveilleusement visuelle que la première. Plus d’actions en mouvements, mais moins de détails contextuels pourtant. Le développement des personnages se creusent un peu plus et le magicien perd encore de sa superbe. Le spectateur semble être presque le seul témoin privilégier de la véritable nature des protagonistes. C’est comme assister à un naufrage sans pourvoir rien y faire.

Une des meilleures comédie musicale cinématographique se classant au niveau de Grease, de West Side Story ou encore de Moulin Rouge, avec une technologie visuelle dix fois supérieure, époque oblige cela dit en passant. Une splendeur pour les yeux et les oreilles. Les fans seront ravis autant qu’on puisse l’être lorsqu’on prend en considération qu’une interprétation cinéma doit composer avec des raccourcis, des compromis pour ne pas défigurer l’œuvre originale. Dans ce cadre, Wicked 2 For Good est une réussite à tous les niveaux.

Le roman de Lyman Frank Baum de 1900 et ses suites écrites également par d’autres auteurs comme Jack Snow, est assez bien représenté. Oui, ces histoires sont au départ des livres pour enfants, mais elles évoluent pour un public plus ado par la suite et finalement young adult. Ce qui, tout assemblé, forme une critique satirique de la société capitaliste et des dérives des religions par leur mode d’endoctrinement. Le bien pour le bien et le mal pour le mal. Ce qui apparaît comme un monde enchanteur pour enfants aux merveilles naïves et innocentes se révèle comme beaucoup plus lourd de sens et de profondeurs révolutionnaires.

Un grand soin a à nouveau été apporté aux costumes d’une complexité hors paire, au décors avec leur multitudes de promesses illusoires de vie derrière les portes et les fenêtres. Un bon décor donne envie de toucher les éléments, un excellent décor nous appelle à croire que le carton et le sagex sont réels et protège une véritable vie quotidienne. Cette envie de vivre pleinement l’expérience d’une fiction est provoquée par une qualité supérieure de réalisation. Les petits métiers du cinéma sont vitaux, on ne le dira jamais assez, afin de faire naître la magie à l’écran.

Du côté des acteurs ou plutôt des actrices, Ariana Grande met fait à nouveau, comme je l’aime tant, changer mon fusil d’épaule la concernant. Habituellement, elle m’insupporte. Pour aucune raison notoire ni générale, mais nous avons tous des personnes qui ne nous inspirent rien, c’est épidermique c’est tout. C’est pour dire l’étendue qualitative de sa prestation. Ariana Grande est parfaitement en place et à sa place dans son rôle de Glinda. Une perfection dans l’interprétation de la beauté, de l’idéal et de la bonté faussée puis sacrificielle ensuite. Il n’est pas aussi aisé de jouer un tel personnage, une image d’injonction sociale. Un miroir qui peut à tout instant se briser sur la vérité crue. Cynthia Erivo a de ce fait une partenaire rêvée pour lui donner la réplique. Ce duo occulte presque les autres personnages, même dans les scènes où elles ne sont pas ensemble, comme une identité constante en trame de fond. Après tout, c’est bien normal, puisque Wicked est une fenêtre sur leur relation bien plus que sur tout autre aspect du Monde d’Oz.

En tant que fan de l’univers, je regrette de ne pas pouvoir vivre une troisième partie pour que ça dure le plus longtemps possible. Encore une fois, ne vous arrêtez pas simplement au filtre de la comédie musicale et osez plonger dans un univers merveilleux à la vitrine frivole, mais au armatures plus symboliques et sérieuses. Vous pourriez bien en tomber amoureux.


Réal. : Jon M. Chu
Acteurs/Actrices : Ariana Grande/Jeff Goldblum/Cynthia Erivo/Jonathan Bailey/Ethan Slater/Michelle Yeoh/Marissa Bode
Distrib. : Universal Pictures
Sortie : 21 novembre 2025



