En 2015, l’auteure Michèle Minelli publia un livre basé sur la vie de Frieda Keller. Son succès littéraire fut assez vite au rendez-vous. Presque 10 ans après, le 7e Art helvétique le transposa. Bien qu’intéressant, ce film manque beaucoup d’envergure.
Peu de temps avant certaines importantes élections locales, le sentiment d’effroi envahit la population de Saint-Gall en cette année 1904. Le corps d’un petit garçon de 5 ans a été découvert dans une forêt voisine. L’enquête à peine débutée, mènera notamment l’avocat Walter Gmür, à la mère de l’enfant, Frieda Keller. Suite à son comportement étrange, elle devint très vite suspecte et finalement, elle avoua son horrible acte. Tandis que son mutisme volontaire perdure, les habitant-e-s de la ville s’interrogent grandement sur les raisons de cette mort. Car Frieda est reconnue pour être calme et réfléchie. Cherche-t-elle à protéger sa sœur ? Mais pourquoi ? La complexité de la situation locale s’intensifia davantage au point que la presse suissesse en parla sur l’entier du territoire. En sus, de plus en plus de femmes se permettent de revendiquer leurs droits, au travers de manifestations plutôt intenses.
Née à la fin des années 1960 à Zürich, la Suissesse et romancière Michèle Minelli s’est rapidement dirigée dans le milieu culturel pour en faire son domaine professionnel. Scénariste, écrivaine ou cheffe de production au sein du 7e Art, elle reste néanmoins très méconnue en Suisse romande.
Mais grâce à ses expériences et vécus, qu’elle aidera à la transposition de son ouvrage littéraire sur grand écran. Adapté aussi en partie, et surtout filmé par l’Allemande Maria Brendle, « Friedas Fall » est diffusé en Romandie un peu plus de 6 mois après la Suisse alémanique.
Un décalage assez étrange car normalement, les réalisations dotées de gros budgets, sont proposées plus ou moins simultanément en territoire helvétique.
Quoiqu’il en soit, le 1er long-métrage de cinéaste susmentionnée, s’avère très soigné, intéressant quant à ses sujets sociaux et historiques, et plonge surtout dès le début, les spectateurs-trices, au sein d’une période antérieure de la ville de Saint-Gall.
Si cet incident reste encore dans la plupart des mémoires alémaniques, davantage en région saint-galloise, en Romandie ce scandale du début du siècle dernier s’avère déjà tristement oublié. Et surtout, totalement inconnu par les générations actuelles.
Au cœur de cette intrigue, normalement bien respectée par rapport au livre et à la réelle situation, l’investie Julia « Frieda » Buchmann (« Tatort »), la solidaire Rachel « Erna Gmür » Braunchschweig (« Berlin, été 42 ») et son époux têtu, Stefan « Walter Gmür » Merki (« Le Faussaire ») qui interprètent plutôt bien cette fiction.
Dramatique sous bien des aspects, « Friedas Fall » fera assez rapidement ressentir au sein du public, plusieurs formes d’injustice. Entre autres, les contextes envers les femmes à cette époque qui seraient intolérables actuellement, et à justes raisons.
Malheureusement, ce film manque de dynamique et ne s’intéresse pas suffisamment à cette polémique qui secoua la Suisse à cette époque. Un choix scénaristique et littéraire probablement, mais les réflexions, actes et impactes en découlant, furent très importants et pas assez démontrés dans la fiction.
Néanmoins, cette immersion réussie devrait plaire aux spectateurs-trices curieux-euses de découvrir cette tragédie interpellante. Ne s’adressant pas aux enfants, ce long-métrage rend hommage à toutes les personnes concernées par ce drame et il est à espérer, qu’il ne s’oubliera jamais.
Friedas Fall
SUI- 2024
Drame, Histoire
Durée: 1h45 min
Réalisatrice: Marie Brendle
Avec: Julia Buchmann, Stefan Merki, Maximilian Simonischek, Rachel Braunschweig, Liliane Amuat, Aaron Hitz
Praesens-Film
27.08.2025 au cinéma
