L’apartheid en photos, vue par un œil qui a vécu et éprouvé les événements de ségrégation en Afrique du Sud. Un récit cru et réaliste sans arrondir les angles et sans diplomatie. Ernest Cole est le photographe privilégié de la haine et de la peur qui en naît.
De 1967 dans les rues réglementées par la ségrégation d’Afrique du Sud jusqu’aux avenues new-yorkaises, Ernest Cole a immortalisé, avec son appareil photo la vie quotidienne autant que les événements historiques, une époque qui a vu nombres de figures inoubliables façonner le visage de l’humanité actuelle.
Nelson Mandela, Martin Luther King, la Guerre du Vietnam, le mouvement hippie, l’apartheid, la pauvreté, la censure, la liberté d’expression ou encore l’émancipation des femmes américaines, tous ces événements ont produit malgré eux des sujets fascinants pour l’objectif de Cole. En voulant faire parler les images, en capturant les actions quotidiennes de populations à la dérive, pleines d’espoir, luttant sans cesse pour leur survie, l’artiste devient le porte-parole d’une génération.
Le témoin essentiel des dessous d’une Histoire honteuse, d’une Histoire trop répétée et jamais apprise.
Ernest Cole arrive à quitter l’Afrique du Sud pour atterrir aux Etats-Unis où il publie un livre de photographie qui sera longtemps interdit dans son pays d’origine, House of Bondage (La Maison de l’Esclavage). Cet ouvrage expose des clichés sur la vie des noirs en Afrique du Sud pendant les années 1960 à 1970. Des vérités choquantes aujourd’hui, mais qui l’étaient moins à l’époque. Bien que l’ONU condamne la loi sur l’apartheid, le gouvernement sur place tient bon et résiste plus de 30 ans aux injonctions politiques extérieures. Trop de victimes, trop de drames, trop d’injustices criantes marquent encore des milliers de familles africaines, même si la fin de l’apartheid est officiellement terminée depuis 1991. Le travail d’Ernest Cole est essentiel pour notre mémoire collective, aujourd’hui plus que jamais à l’heure du règne des réseaux sociaux où l’image est souveraine. Les mots et les textes sont interprétables plus facilement que les images, qui ont pour elles de figer un instant dans l’éternité.
Ce documentaire relate plus un début de révélation de l’ensemble de l’œuvre photographique qu’un exposé exhaustif. Il serait intéressant de se pencher sur cette vie-là pour en faire un biopic.
En attendant vous pouvez visionner ce film en VOD en exclusivité sur filmingo.ch
https://www.filmingo.ch/fr/films/1891-ernest-cole-photographe
Réal. : Raoul Peck
Avec : Lakeith Stanfield/Raoul Peck
Distrib. : Condor Distribution
