Un biopic sur une vision de la dépression qui ronge même le plus grand des artistes. Une plongée dans l’Enfer de la noirceur de la solitude de l’âme, dans le combat de l’homme contre sa propre identité. Un film fort en émotion et en musique.

Au cœur de sa carrière, Bruce Springsteen tombe dans les méandre de la dépression. Il ne sait plus qui il est. Le Boss visualise son enfance, la dépression qui tenait son père et alcoolisme qui en à découlé. Les turpitudes de ses émotions le prennent au ventre et force à regarder le miroir de la vie, de faire un bilan maussade de sa santé psychologique. Springsteen compose alors un album plus doux et résolument blessé. Sa recherche de la vérité passe par un son brut qui sera finalement la clé vers une guérison suffisante.

Un film important et vrai qui danse avec l’image de l’icône et de ce qu’il y a de fragilité dans l’être. La dépression, récemment reconnue comme maladie psychique génétique, fait des ravages sans se préoccuper de la nature de l’esprit. Nombres de scénarios sur les artistes tournent autour du combat qu’ils ont mené pour arriver à la gloire. Celui-ci expose ce qu’il y a de vraiment intime, de presque honteux. Même sans être une idole, nous ne devons pas vivre nos faiblesses au grand jour, sous peine de perdre notre place dans la société et c’est pire lorsque l’on représente une image publique comme celle de Bruce Springsteen. Pourtant l’art est l’expression, souvent, des peurs, des blessures, des regrets ou encore des peines et des échecs de l’humain. Alors pourquoi s’en priver et cacher la source principale de la beauté de l’art ?

Côté réalisation, c’est un succès tout simplement. Un décor simpliste et une ambiance lourde incarnent parfaitement l’état d’esprit du musicien de l’époque. La prestation de Jeremy Allen White est plus que bluffante, tellement que souvent on peut se tromper et voir vraiment le Boss. Les scènes quotidiennes que ce soit en privé ou professionnel sont parfaitement réalisées, comme une lucarne dans une vie. Le film est stimulant de la façon la plus sombre possible. On entre littéralement dans l’esprit du sujet, presque avec voyeurisme, mais jamais avec obscénité. Une retenue de respect est gardée tout au long de la trame.

Les thèmes principaux qui se dégagent sont ancestraux et construise le monde : l’identification aux parents, l’identité personnelle, la valeur de la vie, l’importance de l’amour. Faire un film sur une faiblesse aussi rejetée que la dépression est un pari osé mais, à mon sens, pas dangereux. Énormément de gens vivent souvent en secret le même trouble. Si cette œuvre peut les aider à simplement se sentir moins seuls dans leur combat, ce sera déjà une victoire. Pour les autres, n’oublions pas que nous sommes jamais à l’abri d’apprendre quelque chose.

Ce qui est sûr, c’est que ce film restera dans les exemples de biopics intimes et glorieux à la fois, ceux qui nous donnent une raison de s’accrocher, une raison de continuer avec ou sans mal-être.

Réal. : Scott Cooper
Acteurs : Jeremy Allen White/Jeremy Strong/Paul Walter Hauser/Stephen Graham/Gaby Hoffmann/Odessa Young/Marc Maron
Distrib. : The Walt Disney Compagny



