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mercredi, décembre 11, 2024
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David Krüger : « En 28 ans de carrière, j’ai souvent doublé des méchants »

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Au printemps 2022, avec notre partenaire « Baka News Network », nous avons eu la joie de rencontrer David Krüger à Paris qui nous a parlé de son attachement quant au jeu « Halo », de son 1er doublage sur « Star Lord » et pourquoi il n’apprécie guère la série avec « Le Major ».


Certaines bandes-annonces sont parfois diffusées soudainement au cinéma et sur internet. Pour vous, est-ce un stress supplémentaire d’en faire « express » ? Non, aucun stress, aucun dans ce métier. On sait que le film va venir, donc on se doute qu’il va y avoir 1 film-annonce, 2 ou même 3 films-annonces. On reçoit un coup de téléphone pour le (ou les) doubler. C’est une convocation au travail comme une autre. Je crois savoir qu’au mois de novembre-décembre 2022, il va y avoir un « Gardiens de la Galaxie Spécial Noël ». Puis en 2023, le 3ème volet des « Gardiens ». J’imagine donc que vers octobre, on m’appellera pour le film-annonce des « Gardiens de Noël ». Et ce sera pareil pour le film des « Gardiens » prévu pour 2023 où on me demandera de venir travailler.

Vous est-il arrivé de faire une postsynchronisation si intense, que vous aviez du mal à lâcher-prise ? Non, non, non. Je vais me faire des ennemis, mais je m’en fous. Le plan Acteur Studio où il faut que je souffre et n’arrive pas à sortir de mon personnage, il m’a fallu 3 jours pour m’en remettre… Et on fait quoi quand on joue la mort ? Vraiment mourir ? Non, faut arrêter. Mon prof d’art dramatique disait : « Jouer la comédie, c’est « simple », c’est faire semblant avec sincérité ». C’est pareil quand on est petits et qu’on joue aux cow-boys et aux indiens avec les copains. On est un cow-boy, le copain nous envoie une flèche, on la prend. Soit on meurt, soit on est blessés, mais on souffre, on y croit. Bien sûr, quand mon prof disait que c’était « simple », ça ne l’est pas en soi parce qu’il y a du travail. A la base, c’est oublier son égo, sa pudeur et sa timidité. On y va à fond, avec sincérité.

La franchise « Halo » est sortie dans un format télévisé l’été dernier. Vous prêtez votre voix à l’inoubliable « Major John » depuis longtemps. Que pensez-vous de cette série et de son acteur Pablo Schreiber ? Je ne vais pas me faire des amis… J’étais heureux quand on m’a appelé pour me dire que la série « Halo » allait arriver et que j’allais interpréter « John ». Est-ce que Schreiber est le bon acteur ? Dans ma question et mes mimiques, on peut voir que je m’interroge et que j’émets un petit doute. Mais, il a été choisi et il donne tout ce qu’il peut. Quand on discute avec des fans, ils m’expliquent que « John » doit faire une certaine taille et qu’il a combinaison de 500 kilos. Pour le coup, Schreiber n’est pas forcément là physiquement il devrait faire une tête de plus. Je pense que c’est plus au niveau des choix de production et scénaristiques. A un moment donné, « John » perd sa virginité dans la série. Quand je l’ai vu en studio, honnêtement, ce choix m’a un peu surpris et je me suis dit : « Mais qu’est-ce que ça vient faire là ? ». Beaucoup de fans ont réagi par rapport à ça. En plus, l’histoire de la série n’est pas « canon ». Il y a aussi ce problème où « John » commence à enlever son casque… Quelque part, ils auraient peut-être dû garder le mystère de ce visage. Car, on le voit sans casque et « John » c’est « John ». Il le porte tout le temps. Si j’avais été producteur, j’aurais fait signer des contrats de confidentialité drastiques, j’aurais pris un acteur connu inconnu, mais qui soit vraiment dans le rôle. Et je n’aurais dévoilé son visage à personne.

Comment trouvez-vous vos différentes intonations et sont-elles faciles à créer ? Je ne sais pas, je rentre en studio, j’entends le comédien que l’on me demande de doubler et inévitablement, je m’adapte. Si on me le demandait sur un personnage qui a une voix grave, d’en faire une plus légère, je dirais oui au départ. Mais très vite, en écoutant la scène et l’acteur, je redescendrais naturellement dans mes graves. Parce que je suis constitué comme ça. Cela fait partie de mon métier de jouer le mieux possible la comédie, de m’adapter à la situation. Tout en m’adaptant à la voix et en étant synchrone. Quand j’ai fait les essais sur « John » il y a 21 ans, j’avais une quinzaine de phrases d’essai. J’entendais sa voix très sur le souffle, très grave. Je me suis tourné vers l’ingénieur-son et lui ai dit : « Vient me chercher un maximum, tu m’en donnes beaucoup dans mes oreilles, que je m’entende, que je ne force pas sur ma voix, ce qui me permettra de rester dans mes graves ». Je me suis approché du micro, à 2 centimètres. Depuis et à chaque fois que j’enregistre des jeux (vidéo), je descends dans ces graves pour être au plus proche. Je suis engagé et payé pour ça et je ne me donne pas le droit de trahir ce travail extraordinaire fait en amont. J’amène aussi ce que je suis avec mon énergie. C’est une des choses les plus importantes dans ce métier, la correspondance des énergies.

En 2014, vous êtes devenu un « Gardien de la Galaxie » au travers de Chris Pratt. Comment s’était passé le casting vocal à l’époque ? Un directeur artistique m’appelle, celui qui a dirigé le film, et me dit que j’ai des essais à passer sur un film de science-fiction sympa. Je vais donc en studio en sachant un peu, quel était l’univers. Il me dit de passer un essai sur « cette petite boule de poil », soit sur « Rocket ». Ce faisant, je voyais quand même que c’était un gros film. Même si je ne savais pas ce que c’était, ne connaissais pas l’univers des « Marvel » et que ce n’est pas de ma génération, ça a avait l’air vachement bien foutu. Après cet essai et au moment de partir, je le vois trifouiller dans ses fiches. Il me propose de passer un autre essai sur le type qui s’appelle « Star-Lord ». Je le fais et je pars. Les 2-3 semaines d’attente passent, celles où on se demande parfois si on a réussi. Cette fois-ci, je l’espérais vraiment parce que je sentais que ça allait être un gros film. J’ai finalement reçu un message où j’apprenais que j’ai été retenu sur le personnage de « Star-Lord ». Et en plus, c’est le héros du film. J’étais vraiment heureux ! Parce qu’interpréter un personnage qui semblait rigolo, au bout de 28 ans de carrière en jouant souvent des méchants, m’a permis d’accéder à un personnage sympathique et un héros. J’attendais ce moment depuis longtemps en étant doublement heureux.

Beaucoup de films de super-héros sortent au cinéma. Avez-vous l’impression que cela en devient répétitif dans le milieu du doublage ? Je ne fais pas de super-héros à proprement parler. Car « Star-Lord » n’a pas de capes, pas de super-pouvoirs. Il a une espèce de réacteur aux pieds pour voler et un casque pour respirer dans l’espace. Il n’a pas de super-pouvoirs en soi. D’ailleurs, c’est que j’aime beaucoup chez lui. Comme je le dis souvent, Chris Pratt a dans l’œil toujours quelque chose qui pétille, qui frise. Il a toujours une petite pointe d’humour derrière ce qu’il dit. Et tu sens que ça peut basculer très vite dans une petite connerie à dire. Il est aussi surprenant, comme son personnage. Donc, pas de lassitude par rapport à ce que je fais, ou vais faire. Je trouve toujours un intérêt, heureusement d’ailleurs. Parce que pendant pas mal d’années, ça m’arrive encore maintenant, j’ai fait beaucoup de méchants. Donc, si je devais m’en lasser, j’aurais arrêté depuis longtemps.

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