Le cinéma gothique a plus que jamais le vent en poupe. En 2024, le consternant Nosferatu d’Eggers a préparé le terrain d’une longue série puisque deux films sur l’univers du Dr. Frankenstein sont à venir prochainement, l’un par Guillemo del Toro, l’autre par Maggie Gyllenhaal. L’année 2025 n’est pas en reste et il y a également de quoi se mettre sous la canine avec deux films sur Dracula – celui de Luc Besson durant l’été, puis celui de Radu Jude à l’automne. Le premier sort dès le 30 juillet dans les salles romandes. À quoi s’attendre, outre du sang ? À un film surprenamment divertissant !
Le Dracula de Besson se veut être quelque chose entre le remake et la création. Le film tâche avec ardeur de se démarquer de l’immense Dracula de Coppola, adaptation cinématographique sortie en 1992 du roman gothique de Bram Stoker. Il n’est pas tâche aisée de rivaliser avec l’un des plus grands succès commerciaux du cinéma… Le film s’y attelle pourtant, avec une série d’innovations plus ou moins réussies.

L’innovation majeure repose sur l’angle adopté. Dracula – joué par Caleb Landry Jones, surprenant d’intensité – est amant avant d’être vampire et le film est avant tout l’exploration d’une relation amoureuse qui traverse les époques. C’est que Dracula (sous-titré A Love Tale) raconte la manière dont le prince Vlad se détourne de la religion et entame un périple de quatre siècles pour retrouver la réincarnation de sa femme morte (Zoë Bleu, pourtant assez oubliable). Jusqu’ici, tout va bien. On voyage, avec Vlad, d’époque en pays pour finir à Paris.

Le film soigne sa photographie, dramatise puis fait sourire, accorde la teinte du sang à celles du décor, accompagne les séquences d’une bande-son de Danny Elfman. Il semble piocher un peu partout et on a l’impression que le périple de Vlad l’emmène tour à tour chez Tim Burton, dans le film parodique de vampires What We Do in the Shadows et dans Le Parfum de Patrick Süskind. Il prend également un détour – et c’est là que le bât blesse – pour se rendre dans Les Visiteurs. C’est qu’à trop vouloir styliser, le film verse parfois dans le pastiche qui sue sang et eau pour convaincre. Le pire ? C’est que le film fonctionne tout de même rudement bien – ce qui n’est pas sans lien avec la présence de Christoph Waltz en prêtre spécialiste de l’occulte. S’il n’y aura pas de quoi glacer le sang dans ce Dracula, il y a néanmoins de quoi plaire.


