« Les petits, on les pend, les gros, on les laisse courir. » Cette thèse est illustrée à merveille par l’histoire d’Ernst S. que relate le documentaire de Niklaus Meienberg et Richard Dindo. Ernst S., aspirant bohémien naïf et marginal grandi dans la région de Saint-Gall, ne voulait pas trimer en usine pour un salaire horaire de quelques centimes et préférait faire de la musique.
En 1941, pour s’acheter de la bière, il a monnayé à des Allemands quelques grenades chapardées dans un dépôt de munitions. Ce qui a valu à ce « traître à la patrie » d’être fusillé une nuit dans une forêt, alors que la moitié du Conseil fédéral, le général Wille, Emil Bührle et d’autres éminents confédérés déroulaient le tapis rouge pour les nazis et faisaient de juteuses affaires avec eux.
Une pièce importante et ahurissante à insérer dans la manière dont la Suisse assume son passé, où les témoignages des proches d’Ernst S. ont autant de poids que les explications de l’historien Edgar Bonjour. La chanson préférée du loser Ernst S. était aussi celle du protagoniste du film de Kurt Früh «Dällebach Kari». Hasard ou fatalité ? Michel Bodmer
Die Erschiessung des Landesverräters Ernst S.
De Richard Dindo
1 h 39 min | Historique-Documentaire | 1976 | CH