Comment ne pas chopper un coup de vieux avec Recrosio, espèce d’animal étrange, qui nous démontre par A + B que si on n’est pas encore vieux, ce n’est qu’une question de temps ! Pas de quoi nous rassurer avec ce tableau guère réjouissant… Sauf si c’est raconté avec sa légendaire verve, son sens de l’humour toujours percutant et ses histoires du quotidien, contées sans pudeur. Recrosio se dévoile et nous parle de kebab, d’amour et d’érection…
Dis-moi, t’es pas un peu jeune pour être vieux ?
– (Rires) C’est certain qu’il y a des gens qui sont plus vieux que moi, mais quand je réfléchis, je réalise qu’il y en a quand même de moins en moins. Je ne suis plus dans la catégorie des gens de 20 ans qui ont tout devant eux. J’ai une partie de moi qui est derrière et je peux faire un petit inventaire de quelques ratages… même s’il me reste plein de choses à rater encore !
Avant Recrosio rimait avec sexe, plus maintenant, qu’est-ce qui s’est passé ?
– Je crois que je suis au-delà du sexe ! J’ai fini le sexe ! (rires) Non ça correspond vraiment à mes préoccupations, le premier spectacle était sur le malentendu sexuel entre les garçons et les filles. J’avais 25 ans, on pouvait se prodiguer des soins mutuels, se faire des échanges de bon procédés, c’était infini. Mais c’était aussi le début des emmerdes ! J’ai fait un spectacle là-dessus, et comme je n’ai pas parlé d’amour dans le premier spectacle où je n’ai parlé que du corps, j’ai fait un deuxième spectacle sur le cœur. Mais le rêve amoureux est très présent, surtout quand on est jeune et jusqu’à ce qu’on se dise « C’est bon, tout foire, qu’elles aillent toutes chier ». Et je baise moins.
C’est quoi être vieux pour toi ?
– C’est ce constat qu’on est plus invincible. Quand tu peux sentir ton foie, tu peux savoir que t’as plus 20 ans, car à cet âge tu sens pas ton foie, tu sais même pas que t’as un foie. Et puis c’est une succession de choses comme ça, tu te regardes en vieillissant avec tes potes pis tu dis « tiens c’est marrant, t’as commandé un kebab sur assiette », on aurait pas fait ça avant. Il y a tout un tas de petites choses comme ça qui te montrent que c’est plus comme avant. Et je parle pas des troubles érectiles car c’est le choc absolu. Et là, quand tu t’arrêtes et que tu regardes la vie, tu crées la crise.
Elles sont pas un peu exagérées tes histoires des fois ?
– Je pense qu’il faut jamais exagérer, d’abord parce que la tragédie elle est là et il y a pas besoin d’inventer et ensuite parce que quand tu dis que d’autres peuvent se reconnaître, c’est justement parce que nos destins sont similaires. D’ailleurs quand il y a des choses très spéciales qui m’arrivent, je n’en parle pas car ça ne permet pas de se lier à d’autres. Donc je prends les passages obligés dans les destins ordinaires. Car au final, on a des vies qui se ressemblent pas mal.
Pour voir l’interview complète en vidéo, c’est par ici:
[Vincent Bonvin]