Si quelque chose reste encore clair dans votre esprit, après le choc que provoque « Furyo », c’est sûrement les notes entêtantes de son thème principal. À la fois mélancolique et poétique, il traduit parfaitement la beauté douce-amère du film et le hante d’un bout à l’autre, passant du piano au xylophone, et enfin à l’orchestre. S’entrecoupent ensuite des ambiances plus minimalistes et plus oppressantes. Ryuichi Sakamoto, dont il s’agit ici de la première composition filmique, utilise des instruments électroniques, nouveaux à l’époque, et expérimente la froideur de leurs sons pour forcer le contraste créé avec le thème, plus doux et classique. Et c’est dans ce changement, souvent mesuré, parfois brutal, que réside toute la force de cette composition. On se retrouve alors déstabilisé et étiré entre la passion et la fatalité, deux émotions opposées qui sont sublimées par la voix hantée de David Sylvian dans « Forbidden Colours ». Premier coup de maître de Sakamoto, la musique de « Furyo » est donc, à l’image du film, dérangeante et envoûtante.
Furyo
Ryuichi Sakamoto
Milan Records