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mardi, octobre 15, 2024
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L’Homme qui tua Don Quichotte : Un film étonnant à bien des égards

Moïra Farwagi
Moïra Farwagi
Passionnée par l’écriture et le cinéma depuis longtemps, Moïra Farwagi a trouvé au sein de Daily Movies un merveilleux moyen de communiquer ses passions. Des films cultes aux films un peu moins cultes et franchement risibles des années 80, en passant par les comédies, les films de super-héros, les films qui font pleurer et encore un tas d’autres choses, le genre préféré de Moïra peut se résumer par « ce qu’elle aime ».

Probablement le film qui aura pris le plus de temps à être réalisé, « L’Homme qui tua Don Quichotte » est une adaptation étonnante et intelligente du livre « Don Quichotte » de Cervantès. Alliant modernité et poésie, le long-métrage tant attendu inspire beaucoup de tendresse, tant pour sa laborieuse réalisation que pour son contenu.


« L’Homme qui tua Don Quichotte » est un film étonnant à bien des égards. Non seulement, il aura pris près de 20 ans à sortir, mais les membres du casting ont changé maintes et maintes fois ; trop occupés ou plus intéressés, les acteurs et actrices ont tour à tour quitté ce qui devenait le bateau fantôme du cinéma. Dédié à la mémoire de Jean Rochefort et John Hurt, qui devaient tous deux interpréter Don Quichotte (respectivement de 1989 à 2002 et de 2005 à 2016), le film sort enfin en 2018 avec Jonathan Pryce Brazil », « Les Aventures du baron de Münchhausen », la série « Pirates des Caraïbes ») dans le rôle de Don Quichotte et Adam Driver (les épisodes VII et VIII de « Star Wars », « C’est ici que l’on se quitte », « Logan Lucky ») dans le rôle de Toby Grisoni. Si les déboires rencontrés par Terry Gilliam ont piqué votre curiosité, le documentaire « Lost in La Mancha » montre le déroulement de la première tentative de tournage, des problèmes d’organisation aux pluies torrentielles survenues dans un lieu désertique et aride où il ne pleuvait jamais.

Toby Grisoni est un réalisateur de publicités cynique et plutôt égocentrique qui se trouve être en Espagne pour tourner une pub. Retombant sur son film de fin d’études, une adaptation du roman de Don Quichotte où il avait mis un point d’honneur à engager des gens de la région, des gens « authentiques », il tente de retrouver ses acteurs improvisés pour voir ce qu’ils sont devenus. C’est alors qu’il tombe sur son acteur phare de l’époque, absolument convaincu qu’il est Don Quichotte en chair et en os, le chevalier errant voué à protéger les opprimés et à rétablir l’âge d’or de la chevalerie. Toby est alors embarqué dans les divagations du vieil homme et il ne devient alors plus si évident de distinguer les illusions de la réalité.

Un peu comme dans « Le Roi Pêcheur » (Terry Gilliam, 1991), où Robin Williams joue un illuminé qui s’est donné la mission personnelle de trouver le Graal, « L’Homme qui tua Don Quichotte » traite avec poésie et irréalisme le conte d’un homme vivant complètement en dehors du temps et qui reste accroché à sa propre vérité. Il serait difficile de raconter un tel film, parce qu’on ne peut pas réellement dire que le scénario est ce qui fait sa puissance. La prémisse de base est plus qu’intrigante, mais j’ai l’impression qu’il revient à chacun d’en faire son interprétation personnelle : ce film m’a touchée et je vois beaucoup de tristesse dans le personnage de Don Quichotte, mais il n’est pas non plus le meilleur film de l’année et son manque d’assistance tant dans le script (on ne sait pas bien où il va) que dans les messages (rien n’est dit clairement, ce n’est pas comme dans « Le Roi Pêcheur » où le thème de la rédemption est très présent) pourrait en laisser perplexe plus d’un (moi y compris).

Mais qui sait, c’est peut-être justement parce que Terry Gilliam a fait de ce projet sa Dulcinea (la parfaite dame des pensées de Don Quichotte, qu’il s’est juré de délivrer), qu’on passe très aisément au-dessus de ce manque de codes conventionnels pour ainsi voire tout l’onirisme et l’affection qu’inspire un personnage comme Don Quichotte. Il est certes quelque peu risible, peut-être même grotesque par moments, mais il a le mérite de croire en ses idéaux et de ne rien laisser se dresser en travers de son chemin. D’après les mots de Terry Gilliam, les héros comme Don Quichotte sont bien plus inspirants et réels que les superhéros actuels : ils montrent tout ce dont sont capables les hommes sans super pouvoirs, tout ce que l’humanité a à offrir.

L’Homme qui tua Don Quichotte
ANG – ESP – FR – POR – 2018
Durée: 2h13 min
Aventure, Drame, Comédie
Réalisateur: Terry Gilliam
Acteur: Adam Driver, Olga Kurylenko, Stellan Skarsgard, Michael Palin, Paloma Bloyd, Jonathan Pryce, Sonia Franco
Ascot Elite
19.05.2018 au cinéma

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