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samedi, avril 20, 2024
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Pistol : Interview croisé avec Anson Boone, Louis Partridge et Jacob Slater

Pauline Brandt
Pauline Brandt
Avec un master de français moderne avec spécialisation en études théâtrales, un bachelor en français moderne et histoire et esthétique du cinéma, Pauline Brandt met en œuvre tout son savoir-faire pour promouvoir le cinéma.

Comment avez-vous réagi en apprenant que vous aviez été choisi pour incarner ce groupe si iconique ?
Anson Boone : J’ai ressenti beaucoup de pression, parce que je voulais sincèrement leur rendre hommage. On les aime ou on les déteste, mais on a tous une opinion à leur sujet. J’ai vraiment ressenti cette immense pression, et j’espère vraiment que nous sommes parvenus à leur faire honneur. Nous sommes devenus de véritables fans.

Louis Partridge : J’ai ressenti énormément de pression moi aussi. Comme tu l’as dit, il y a tellement d’enjeu… On a cette unique chance de représenter ces icônes, il n’y en aura pas une deuxième. C’est étrange de se l’avouer. Disons qu’on a appris à se représenter ces mecs comme les vraies personnes qu’ils sont, et non juste comme des personnages fictifs. Au bout d’un moment, tu te dis : c’est aussi juste un mec comme tout le monde… ce n’est pas une légende.

Jacob Slater : Moi, je ne pouvais pas y croire. Je n’avais jamais joué la comédie auparavant, donc… J’étais complètement halluciné, d’autant plus que je suis un fan du groupe depuis mes 14-15 ans. Je me suis dit : oh mon Dieu, je vais jouer l’un de ces mecs… avec Danny Boyle pour me diriger ! J’étais un grand fan de ses films, j’ai grandi avec.

Que saviez-vous sur les Sex Pistols avant le tournage, et qu’avez-vous appris pendant ?
JS : Je les écoutais depuis longtemps. Cette époque musicale c’est vraiment mon truc – avec les Clash et tout ça. Mais j’en ai appris beaucoup plus, notamment sur leurs vies. C’était vraiment génial, je me disais tout le temps : « il y a tellement de trucs que je ne savais pas ! ».

LP : Moi je crois que je les ai enfin compris, j’ai enfin cerné ce qu’ils représentaient. C’est facile de se dire qu’ils ne sont là que pour faire du gros son discordant – mais c’est bien plus que ça. J’ai honnêtement beaucoup apprécié d’en apprendre plus sur eux, c’était très intéressant.

AB : Moi je ne connaissais pas grand-chose sur eux. Enfin, je connaissais leurs chansons les plus connues, comme Anarchy in the UK ou God Save the Queen. Je me souviens avoir appris que ces chansons ont été écrites quand ces mecs avaient seulement 18 ans ! J’étais complètement époustouflé de me dire qu’ils étaient si jeunes pour écrire une page si importante de l’histoire de la musique.

Vous aviez une routine musique précise pendant le tournage. Pouvez-vous nous en dire quelques mots sur le « bandcamp » que vous avez suivi ?
JS : Eh bien… Le matin, on répétait chacun de notre côté. Pendant la deuxième partie de la journée, on se regroupait pour essayer de faire quelque chose qui tienne la route, pour trouver l’alchimie nécessaire entre nous. C’est un peu ce que vous voyez dans la série finalement : toute la musique que vous entendez, c’est nous qui la jouons.

Je me souviens de quand on a travaillé sur le concert de Winterland. C’était sérieusement l’un des concerts les plus incroyables qu’on ait faits. La scène a duré tellement longtemps ! Vous voyez, normalement quand on filme, on tente de garder les prises les plus courtes possibles, simplement parce que c’est plus facile de les retravailler ensuite. Mais nous, on faisait des prises de 10 minutes ou plus, ce qui est vraiment unique. Il existe une version particulière de No Fun, justement, qui est la dernière chanson qu’ils ont jouée ensemble, et qui dure quasiment huit minutes. C’est dingue parce que pendant ce laps de temps, ils se laissent aller, ils se perdent dans leur musique, individuellement, puis se retrouvent pour jouer ensemble. Et je me souviens, quand on a joué cette chanson, c’est ce qu’on a tâché de faire nous aussi – et c’est vraiment pas un truc facile. J’en suis fier finalement, parce qu’on s’en est sortis. On n’aurait jamais réussi à faire cette expérience, à se retrouver individuellement dans nos instruments et à se coordonner ensemble, sans les trois mois intensifs de répètes de groupe qu’on a faits auparavant. C’est là qu’on a vraiment appris à être un groupe et à se faire confiance, à faire connaissance via la musique.

Vous jouez des personnes réelles. Deux d’entre elles sont toujours vivantes, l’un s’est publiquement exprimé en défaveur du projet de série. Comment avez-vous vécu cela ? Avez-vous eu des craintes, ou des doutes sachant que vos performances allaient être vues par vos personnages eux-mêmes ?
JS : Nous regrettons la réaction de Steve (Jones), c’est vraiment dommage. Le pire dans tout ça, c’est que je suis complètement fan de lui. Tout ce que j’ai fait dans ce projet est nourri par mon admiration pour lui. Je pense que sa réaction nous force à chercher autant d’authenticité que possible, et j’espère qu’en voyant la série, il verra cela aussi.

AB : Moi j’ai été chanceux car mon personnage était atteignable. Il a été impliqué dans tout le processus. J’espère avoir su lui faire justice. Il a été d’une très grande aide. Je crois qu’il est assez content de ce qu’on a fait.

LP : Moi, je n’avais pas le stress de ce qu’il allait penser de ma performance. Par contre, j’ai bien senti celui lié au fait de vouloir lui rendre hommage, parce que je crois que par le passé il a été incompris, et vu d’une manière un peu réductrice. Je suis très reconnaissant d’avoir été celui qui a pu incarner toutes ses différentes facettes.

Pouvez-vous nous parler des auditions ? Comment se sont-elles passées – en particulier pour vous, Jacob, qui n’êtes pas acteur ?
JS : Eh bien, c’est une histoire marrante. Je donnais des cours de surf à cette époque, donc vraiment un truc à des milliers de kilomètres du monde du cinéma. Quelqu’un que je connaissais à cause de la musique m’a dit : tu sais, tu devrais vraiment auditionner pour ce truc ! Moi, je n’étais pas très convaincu mais je l’ai fait tout de même. J’étais vraiment halluciné, ils arrêtaient pas de me dire de revenir pour passer l’audition suivante… Je me disais : « bon, il doit y avoir une erreur quelque part ». Bref, j’ai passé toutes les étapes, comme n’importe qui. Je me souviens, bizarrement, que je n’étais pas nerveux parce je n’avais jamais fait un truc pareil, je n’avais aucune référence pour comparer. Je me souviens de l’audition finale, où j’ai rencontré Danny (Boyle). Je me disais : bon, sois pas nerveux, ça va bien se passer, tu le connais pas ce mec. Mais je suis arrivé, je l’ai vu pour de vrai, et tout m’est tombé dessus d’un coup, j’ai pris conscience de la réalité, de ce qui m’arrivait. Evidemment, j’en suis sorti en me disant que j’avais fait n’importe quoi, qu’ils ne me garderaient jamais. Mais voilà, il s’avère que… ils ont voulu que ce soit moi. Et pour ça, je suis extrêmement reconnaissant.

LP : Pour moi, c’était une audition vraiment standard. Je me souviens que je répétais le texte avec ma mère, qui me donnait la réplique et faisait Nancy Spungen. Bon, j’ai réussi à me sortir ça de la tête ensuite, Dieu merci (rires). Je me souviens de certaines répliques pour lesquels je ne m’en sortais pas très bien. Quand j’y repense maintenant, je me demande ce qu’ils ont bien pu voir en moi ! Mais bon, visiblement, ils ont vu quelque chose et je leur en suis très reconnaissant. J’ai passé plusieurs auditions, appris des scènes supplémentaires, et ensuite j’ai rencontré Danny (Boyle) deux fois. Là aussi, j’étais tellement nerveux, mais il a une manière de faire tellement géniale avec les gens qu’il rencontre. Je voulais vraiment travailler avec lui depuis le départ. Et finalement, ils m’ont rappelé, et tout a commencé. Je me disais : ok, c’est parti, on commence quand ?

AB : Moi, au départ, j’ai auditionné pour le projet en général, mais pas pour un membre des Sex Pistols en particulier. Je n’ai pas reçu d’extrait du script original de Pistols, mais un truc qu’on appelle un « dummy side », qu’on utilise pour les castings. C’est un texte différent, comme une fausse scène. C’est ça que j’ai lu. C’est comme une page blanche, qui permet de montrer ce que vous savez faire. Moi je n’avais jamais entendu parler de Johnny Lydon, je n’avais jamais entendu parler de Johnny Rotten. Et je me souviens avoir demandé à mon père : « c’est qui, Johnny Lydon ? ».  Et il m’a répondu : « c’est le frontman du groupe, c’est lui le chanteur ! ». Et j’étais tellement content, et franchement épaté aussi – personne ne m’avait jamais dit que je lui ressemblais. Je ne m’étais jamais considéré comme étant un punk de quelque forme que ce soit. Alors j’étais vraiment hyper excité, mais j’ai aussi été un peu lancé dans le grand bain direct : ma scène d’audition a été la scène où Johnny auditionne pour chanter dans le groupe. Le moment où Malcolm demande de chanter sur Eighteen d’Alice Cooper, et où on utilise un pommeau de douche comme micro… Moi, je n’avais pas de pommeau de douche, alors j’ai utilisé une brosse pour les toilettes ! Et puis, comme Louis, j’ai répété avec un de mes parents. Mon père jouait les autres personnages, et moi je chantais Eighteen d’Alice Cooper. Je me souviens m’être dit : « bon, ils vont se dire que je suis cinglé… ils vont supprimer mon enregistrement direct. » L’autre possibilité, c’était qu’ils voient quelque chose dans ce que j’ai fait. Et par chance, c’est ce qu’il s’est passé. Ils ont tenté le coup avec moi. J’ai rencontré Danny (Boyle)… Et bon, voilà, le reste fait partie de l’histoire maintenant.

Est-ce que votre impression concernant les Sex Pistols a changé depuis le tournage ?
LP : On est devenus des méga fans ! Bon, Jacob en était déjà un. Mais je pense qu’entre les trois mois de répètes intensives du bandcamp et les sept mois de tournages, on a eu l’opportunité d’apprendre tellement de choses.

AB : C’est aussi fascinant de réaliser à quel point ils ont façonné le monde dans lequel on vit maintenant.

JS : Moi j’en sais plus que jamais sur eux maintenant. Je connaissais un peu leur histoire, mais surtout leur musique. La différence, c’est que maintenant j’ai l’impression de les connaître en tant que personnes.

Comment pensez-vous que les fans des Sex Pistols vont réagir à la série ?
LP : Eh bien… On va voir ! Je suis sûr qu’il y aura des réactions diverses. Les Sex Pistols étaient comme ça.

JS : C’est ça qu’on veut !

AB : Ce serait ennuyeux si tout le monde aimait les mêmes trucs, non ?

Ressentez-vous de la nostalgie concernant cette époque ?
LP : Cette époque a probablement été très glamourisée, non ? C’était vraiment rude, comme période. Je me souviens d’une interview de Sid Vicious, dans laquelle les gens pensaient qu’il était une sorte de rockstar. Et il leur répond : « bof, je suis juste assis toute la journée dans le salon chez ma mère à boire de la bière et à me sentir seul. » Bref, je crois qu’il y a beaucoup de glamourisation de cette époque. Je crois que la série fait du bon boulot pour montrer cela.

JS : Je me sens nostalgique du tournage, parce que c’étaient des moments super.

AB : Moi je suis content qu’on ait pu s’en approcher. On a pu goûter aux années 70 et au punk de cette manière. On apporte tout ça à un nouveau public, ce qui est vraiment cool.

Pistol
U.S.A, GB – 2022 – 60 min – Biopic, Musical
Créée par Craig Pearce
Avec Toby Wallace, Sydney Chandler, Christian Lees
Disponible sur Disney+

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