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vendredi, avril 19, 2024
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Seules les bêtes : Le monde est petit, très, très petit…

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Avec un titre autant énigmatique, l’histoire se devait d’en faire de même. Si effectivement l’intrigue se découvre par chapitre, le mystère manque d’intensité. Quoiqu’il en soit, le récit est original et l’envie de connaître la fin s’en fait ressentir.


Au cœur des Causses, dans le département d’Occitanie au Sud de la France, une femme disparaît sans raison apparente. Quelques heures après, la police retrouve sa voiture, mais sans sa conductrice. En outre, la zone est désertique en dehors de rares fermes éparpillées. Pendant que la gendarmerie peine à démêler l’affaire, 5 personnes vont se découvrir directement ou indirectement liés à la disparition de la femme et en plus, chacun-e avec son lourd secret… Néanmoins, toute cette histoire n’a pas commencé dans le froid des Causses. Mais plutôt à des milliers de kilomètres, là où le soleil et la pauvreté n’empêche pas la convoitise de se développer sous différentes formes…

Adapté du roman homonyme de Colin Niel, « Seules les bêtes» a été écrit en 2017. Habitué des polars et livres sombres, l’auteur débuta sa carrière littéraire en 2012 avec « Les Hamacs de carton ». Depuis, il a écrit plus de 6 romans. Toutefois, son 1er travail n’avait rien à voir car il était ingénieur en agronomie (donc l’ingénierie dans le domaine rural, des forêts et des eaux) durant de nombreuses années en Guyane française. Ce département lui avait beaucoup plu et de ce fait, il intégra la plupart de ses histoires là-bas.

Pourtant, « Seules les bêtes » est l’exception qui confirme la règle. En effet, comme précisé dans le résumé, la trame se déroule au sein de 2 endroits bien distincts et surtout, pendant 2 saisons diamétralement opposées. Un fait que semble avoir respecté le metteur en scène Dominik Moll (« Dans la forêt ») par rapport au roman. D’ailleurs et même si la rédaction n’a pas lu l’ouvrage littéraire, la grande majorité des éléments et thèmes paraissent avoir été transposés avec respect.

Mais si l’histoire ne manque pas d’originalité et démontre un côté très cruel de la vie trop peu adapté au cinéma, malheureusement elle ne s’avère pas assez dynamique. Certes, l’œuvre cinématographique ne se prête pas à des scènes d’action époustouflante, néanmoins les rares séquences auraient pu être un peu plus rallongées et intenses, notamment celle de la fin.

Cependant, le fait que le scénario soit scindé en chapitres et le principe des destins entrecroisés, le rend davantage intéressant et intriguant. Le casting de « Seules les bêtes » met également le long-métrage en valeur. A commencer par Denis Menochet (« Grâce à Dieu ») qui incarne le fermier bourru, mais agissant de manière étrange au niveau de la gestion de sa ferme… La jeune comédienne Nadia Tereszkiewicz (« Persona non grata ») joue aussi très bien son personnage un peu plus sauvage et malicieux. Si elle dégage un certain charme grâce à son jeu d’actrice, il est sûr qu’elle a du potentiel avec son interprétation.

Au niveau du tournage et contrairement à ce que les spectateurs-trices pourraient croire, les plans filmés à l’extérieur de la France se sont bien passés. En effet, la production a pu compter sur l’aide des comédiens engagés pour « Seules les bêtes » comme Joël Akafou afin de se faire assez facilement accepter par les habitants des quartiers au moment du tournage. Une solution qui a été grandement acceptée par toutes les parties et a permis de donner une impression supplémentaire à la réalisation. Soit l’ajout d’une dimension presque documentaire et se percevant relativement bien.

Finalement, si « Seules les bêtes » aborde certains sujets tabous et pouvant déplaire à des bien-pensants, entre son aspect politique plus subtile, son côté dramatique et cette sensation que le monde est petit, le long-métrage demeure davantage efficace qu’il ne paraît.

Et même si « Seules les bêtes » ne plaira pas à un large public car il traite de sujets sérieux et pouvant fâchés, il mérite d’être découvert pour les raisons évoquées et qui sait, peut-être qu’une partie des spectateurs-trices seront davantage curieux-euses et voudront lire les autres romans de Colin Niel.

Seules les bêtes
FR – ALL – 2019
Durée: 1h57 min
Drame, Suspens, Polar
Réalisateur: Dominik Moll
Avec: Laure Calamy, Denis Ménochet, Valeria Bruni Tedeschi, Damien Bonnard, Nadia Tereszkiewicz, Fred Ulysse
Filmcoopi
08.01.2020 au cinéma

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