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mercredi, avril 24, 2024
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« Sous les étoiles de Paris » : La misère existe partout

La pauvreté est aussi multiculturelle.

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Si les migrant-e-s et réfugié-e-s demeurent souvent abordés dans l’univers du cinéma français depuis quelques années, les films traitant des SDF deviennent plus rares. Cette fiction les dépeint aussi avec justesse. Dommage que l’enquête prime sur cet aspect de base.


Malgré son air et son caractère vraiment bourrus et renfermés, Christine sait très bien qu’elle représente ce que la société appelle, une sans-abri, une Sans Domicile Fixe, ou encore, une clodo… S’isolant volontairement de tout et tout le monde depuis fort longtemps, par une nuit bien froide, son petit chez soi très secret va être envahi par une jeune présence non désirée. Elle va d’abord la détester fortement car il s’agit d’un petit garçon semblant se nommer, Suli. Mais en plus d’être invasif, il est terrorisé, glacé par les températures extérieures et ne parle pas un mot de la langue de Molière. Afin de retrouver son calme adoré, Christine va d’abord faire de son mieux pour se débarrasser du petit garçon, en essayant même de l’abandonner. Cependant, l’acharné Suli la retrouve toujours. A force, la SDF finira par l’apprécier un peu et… finalement l’aimer. Au point qu’elle fera de son mieux en l’aidant à retrouver sa vraie famille.

7 ans après son documentaire « Au bout du monde » présenté au « Festival de Cannes », Claus Drexel décide de passer de la réalité à la fiction en démontrant notamment que le sentiment d’isolation se ressent sous différentes formes, peu importe l’origine, le contexte social et financier.

Pour se faire, il casta la comédienne Catherine Frot (« Qui m’aime me suive ») à juste titre. Car cette dernière endossa son rôle femme renfrognée, hargneuse, malpropre et coriace à la perfection. Cheveux ébouriffés, crasse, vêtements usés et déchirés et même jusqu’au parlé, l’actrice s’est beaucoup impliquée au niveau de son personnage et cela s’en ressent dès les premières minutes de « Sous les étoiles de Paris ».

Mais elle n’est pas la seule à apporter une belle plus-value au sein de ce long-métrage. En effet, le jeune acteur Mahamadou Yaffa, d’origine Malienne, démontre son talent au travers de son aisance face aux caméras. Interprétant un personnage principal têtu, audacieux, spontané et intuitif, l’alchimie avec sa partenaire fonctionne très bien.

« Mahamadou Yaffa démontre son talent face aux caméras »


En outre, « Sous les étoiles de Paris » immerge dès le début de son histoire, les spectateurs-trices dans le milieu des sans-abris parisiens-iennes. Jusqu’à montrer même certaines zones dangereuses de cet univers méconnu (plus ou moins volontairement) du grand public. Si cette fiction aborde une parallèle intéressante entre les SDF et les migrant-e-s et réfugié-e-s politiques, elle aura malheureusement tendance à les relayer au second plan au fur et à mesure de l’histoire.

En effet, la trame s’orientera davantage par rapport aux recherches menées par le duo pour retrouver la famille de « Suli ». A regret, car il aurait été tout autant judicieux de continuer cette immersion, sans délaisser l’aspect social et humain. De plus, quelques séquences demeurent trop longues et parfois même inutiles.

Dans tous les cas, « Sous les étoiles de Paris » reste un long-métrage dramatique. Néanmoins doté d’une certaine poésie, allégeant ainsi le scénario et le film. Les différentes langues, également employées à bon escient, démontrent qu’entre la gestuelle et les émotions, la compréhension peut aussi s’instaurer et carrément, créer un sentiment de confiance envers son prochain. Même si ce ressenti peut cesser à n’importe quel moment, car la vie s’avère rude pour tout le monde et la réalisation le montre très bien.

S’adressant aux spectateurs-trices sensibles aux causes humaines, « Sous les étoiles de Paris » de Claus Drexel, exprime d’une certaine manière, la pauvreté au 21ème siècle. Qui plus est, il démontre son fil rouge et ses perspectives, au travers d’une multiculturalité souvent peu employée par les médias.

En fin de compte, « Sous les étoiles de Paris » demeure touchant et montre une réalité ayant lieu ici et maintenant en Occident, que trop de gens (même en Suisse) préfèrent oublier (volontairement ou pas).

Sous les étoiles de Paris
FR – 2020 – 1h30mn – Comédie dramatique
Réalisateur: Claus Drexel
Casting: Catherine Frot, Mahamadou Yaffa, Dominique Frot, Richna Louvet
JMH
28.10.2020 au cinéma

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