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mardi, avril 30, 2024
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EMPIRE OF LIGHT – La maison des rêves

Claire Blanchard-Buffon
Claire Blanchard-Buffon
Cinéphile passionnée, écrivaine et musicienne depuis son enfance, elle offre son âme d’écorchée vive au besoin de l’art et de la transmission de ses émotions. Voter folie est-elle la même ?

Une danse dans un univers merveilleux et fantasmé autour de la vie idéale se construit au sein d’un cinéma vétuste en décalage avec son époque. Désirs, amour et haine se déchaînent et crient à l’aide dans un vent d’émotions qui étouffe leurs appels.


Hilary est employée dans un cinéma anglais en bordure de mer au décor élimé, témoin de sa splendeur passée. Tout comme ce symbole de l’âge d’or du cinéma, Hilary se débat entre une relation qui n’a rien d’amoureuse et ses propres démons qui n’ont de cesse que de la tirer vers les ténèbres de sa solitude. Un jour, un jeune employé commence son aventure au sein de l’équipe du dit cinéma et ouvre une fenêtre sur les espoirs contrariés de sa collègue expérimentée en bien des domaines.

Une fresque humaine sur les douleurs passées et quotidiennes dans une Angleterre du début des années 1980 qui se transforme et se découvre entre appartenances sociales et artistiques. C’est l’Angleterre de Thatcher avec ses manifestations contre une austérité économique trop lourde et une précarité de l’emploi nouvellement refusée. Sur une toile de fond politique où l’émergence de groupes sociaux comme les Boneheads et Skinheads opèrent leur scission, où le punk drague allègrement la Pop et où les Mod’s apparaissent, la vie préservée de ce cinéma est comme une parenthèse dans le rythme accéléré de cette nouvelle société. Si on y est attentif, plusieurs témoins de ce changement d’époque sont présents tout au long de l’histoire. Les marques et leur packaging, la musique avec les Specials, les Skatalites ou du côté plus Pop New Wave Pat Benatar, Frankie goes to Hollywood ou encore Nina Hagen. Le cinéma enfin, avec la sortie des Chariots de Feu qui va révolutionner un genre de cinéma encore empreint des années 1950/60.

Ce film met en lumière également un sujet encore grandement tabou, hélas, les relations de désirs simples entre une femme plus âgée que son partenaire. Une belle histoire de deux êtres consentants dans ce que le sexe a de sublime, le plaisir pour le plaisir, l’envie pour l’envie et l’intimité brève et sans entraves. Nous avons suffisamment été témoins dans l’art, pas qu’au cinéma, des passions répondant malgré tout aux normes acceptées. Il est rafraîchissant de voir qu’il existe encore des réalisateurs qui ne sont pas dépourvu de courage pour franchir les frontières du convenu.

Finalement, le public doit continuer à filtrer ses craintes et ses a priori, pour voir et ressentir l’essence des histoires d’amour et pas leurs visages. Côté technique, c’est un délice pour les yeux que de voir le travail fantastique des décorateurs et des accessoiristes qui n’ont rien laissé au hasard de l’époque. Jusqu’aux détails vestimentaires comme les pantalons raccourcis des Rude Boys ou encore les coupes de cheveux des Punk New Wave. La plupart du temps les films qui traversent cette époque des années 80, omettent ces repères pourtant importants de la mode. Pour s’identifier une société a besoin de ses codes.

Pour le focus sur les personnages, Olivia Colman offre une interprétation délicate et authentique d’une femme à la dérive dans une vie et un esprit qui ne lui appartiennent plus. Michael Ward est aussi innocent que l’espoir de croire en un monde meilleur que cherche son personnage de Stephen. Colin Firth joue un patron désabusé qui court après les miettes de la gloire passée de son cher Cinéma qui lui avait conféré un statut social enviable. Tous les acteurs, y compris le cinéma, créent une ambiance d’uniformité autour de ce lieu de travail atypique et simultanément une solitude morbide avec laquelle ils se débattent. Après tout, le sujet réel de cette histoire est la solitude sous toutes ses formes, les rêves contrariés et la dureté de la monotonie en pleine lumière en sont ses enfants.

Un film dur et triste, dans le silence d’un monstre de merveilles qui agonise.

Empire of Light
ANG, USA – 2022
Durée: 1h56 min
Romance, Drame
Réalisateur: Sam Mendes 
Avec: Olivia Colman, Micheal Ward, Colin Firth, Toby Jones, Tom Brooke, Tanya Moodie, Hannah Onslow, Crystal Clarke
Walt Disney Switzerland
01.03.2023 au cinéma

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