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samedi, avril 20, 2024
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Dans « Frankie », Isabelle Huppert joue la résilience

Lauren von Beust
Lauren von Beust
Amoureux du film «American Gigolo», ses parents la prénomme en hommage à l'actrice américaine Lauren Hutton. Ainsi marquée dans le berceau, comment aurait-elle pu, en grandissant, rester indifférente au 7ème art ? S'enivrant des classiques comme des films d'auteur, cette inconditionnelle de Meryl Streep a prolongé sa culture en menant des études universitaires en théories et histoire du cinéma. Omniprésent dans sa vie, c'est encore et toujours le cinéma qui l'a guidée vers le journalisme, dont elle a fait son métier. Celle qui se rend dans les salles pour s'évader et prolonger ses rêves, ne passe pas un jour sans glisser une réplique de film dans les conversations. Une preuve indélébile de sa passion. Et à tous ceux qui n'épellent pas son prénom correctement ou qui le prononcent au masculin, la Vaudoise leur répond fièrement, non sans une pointe de revanche : «L-A-U-R-E-N, comme Lauren Bacall !». Ça fait classe !

Ce film franco-américain, réalisé par Ira Sachs, a fait partie de la Sélection officielle du Festival de Cannes cette année. Sa sortie en salles françaises est prévue pour le 28 août prochain, mais la date romande n’est pas encore confirmée. Daily Movies prend donc un peu d’avance sur la programmation.


Le film ouvre sur le bleu azur de la piscine de vacances, qui s’ajoute au le blanc des cailloux délimitant le contour du bassin ainsi que le jardin verdoyant qui occupe l’arrière-plan. Frankie, interprétée par Isabelle Huppert, descend les escaliers en pierre qui mène jusqu’à l’eau. Elle y trempe ses pieds. Très poétique comme entrée en matière. Une envie de liberté la gagne soudain. Elle plonge, seins nus, dans cette étendue limpide, comme pour ne faire qu’un avec cette dernière. Et pour oublier la fatalité qui la guette.

Célèbre actrice française, Frankie a souhaité réunir sa famille et ses amis dans la maison de vacances du Portugal, avant qu’elle ne quitte définitivement ce monde. Gravement malade, elle choisit de s’entourer de ses proches une dernière fois dans la station balnéaire de Sintra. Une place de choix est accordée au lieu. A ce milieu rural et retiré. A la nature. En somme, à l’essence même des choses.

Ira Sachs explore les relations sociales entre une mère et son fils, une épouse et son mari, une amie et sa confidente. Le film n’est peut-être pas un chef d’œuvre, mais il a au moins le mérite de proposer un autre regard, un regard résilient sur une mort assurément proche, sans tomber dans les représentations fréquentes de cette longue maladie. Si bien que l’on ne se douterait jamais que Frankie puisse en être atteinte.

L’idée de confier à une actrice le rôle d’une actrice est originale, mais absolument inutile en ce qui concerne les besoins du récit. L’anecdote passe inaperçue. Le rapport à l’image, au physique, au regard des autres et du public n’y étant pas abordés. L’heure et demi se veut centrée sur la famille, les amis, les proches de Frankie après l’annonce de la nouvelle. C’est un plaisir d’entendre Isabelle Huppert manier l’anglais pour donner la réplique aux anglophones (Marisa Tomei, Greg Kinnear, Brendan Gleeson), et d’alterner avec français pour s’adresser à Jérémie Renier ou Pascal Greggory, respectivement son fils et ex-mari dans l’histoire.

Le film terminera aussi poétiquement qu’il a commencé. Un interminable plan-séquence, tourné en plongée sur le sommet d’une colline, attend le coucher du soleil. La fin de la journée. Celle des vacances peut-être. Le symbole d’une fin de vie.

Frankie
De Ira Sachs
Avec Isabelle Huppert, Marisa Tomei, Brendan Gleeson…
Genre Drame
Nationalités américain, français, portugais
28.08.2019 au cinéma
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