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vendredi, avril 19, 2024
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Dark Mission

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Dark Mission
Dark Mission

L’illustre Jesus « Jess » Franco, cinéaste prolifique, est décédé le 2 avril dernier à 82 ans. Touche-à-tout débrouillard, il aura magnifié l’indigence permanente dans laquelle on le faisait travailler en arrivant toujours à créer des ambiances uniques. Il aura évolué du bis honorable au nanar le plus hilarant, en passant par des délires expérimentaux, mettant un point d’honneur à toujours inclure un érotisme que l’on qualifiera pieusement de décomplexé. Cette chronique lui rend un modeste hommage.

DREAM TEAM
« Dark Mission, les Fleurs du Mal » (quelle étrange sous-titre), ou un réjouissant casting nanar. Jugez plutôt : à la production Daniel Lesoeur – fils de l’illustre Marius – pour Eurociné (clap clap clap), illustre firme sans le sou qui a produit parmi les pires horreurs des années 70-80 ; à la réalisation Jesus Franco (yeeeeehaa !) et côté interprétation Christopher Lee, Christopher Mitchum, Brigitte Lahaie et Richard Harrison (standing ovation).

Le film s’ouvre sur des images d’archives de la révolution cubaine, finement commentée par une voix synthétique genre super robot nanar. Sans prévenir, l’objectif zoome brutalement sur un proche du leader communiste situé un peu en arrière-plan, le visage mangé par une paire de lunettes opaques et une moustache épaisse. Cet homme, c’est… Christopher Lee ! Ou plus exactement Luis Montana, un ex-guérillero reconverti dans le trafic de stupéfiants pour se venger des Américains, qui ont fait de lui un veuf inconsolable lors d’une attaque contre Che Guevara.

Pour empêcher cet américanophobe virulent de corrompre la pimpante jeunesse étasunienne, la CIA décide d’envoyer un homme, un seul. Pesant soigneusement le pour et le contre, son boss Richard Harrison décide de jouer la carte de la discrétion, préférant envoyer Chris Mitchum plutôt que Chuck Norris. C’est alors le début d’une looongue enquête, trèèès tranquillement menée par notre héros.

SOMBRE HÉROS
Second fiston de l’acteur Robert Mitchum, Chris se démène tout au long du film avec une cruelle absence de charisme, preuve éclatante que l’hérédité a ses limites. Profitant de la notoriété de papa – avec qui il entretient une vague ressemblance – pour cachetonner autant qu’il le peut, petit Mitchum vivote dans les plus indigentes productions entre l’Espagne, Hong Kong, l’Indonésie et les Philippines. Les paupières effondrées sur un regard blasé, le maintien flasque et la démarche avachie, Chris Mitchum est une sorte de Droopy défoncé à la kétamine, qui ne semble pas trop comprendre ce qu’il fout là.

Comme toute bonne production Eurociné, « Dark Mission » utilise les mêmes ficelles : exotisme bon marché, avec cet inévitable côté « poudre aux yeux » (hôtels chics, plages et palmiers plus quelques voitures « luxueuses » pour masquer la misère), acteurs qui assurent le minimum, figurants ahuris, dialogues se voulant classieux mais s’avérant ridiculement ampoulés, réalisation plate façon « mon premier téléfilm », rythme de gastéropode sous Tranxène, musique d’ascenseur vaguement latino pour faire couleur locale et, bien entendu, recours salvateur au sacro-saint stock-shot pour tout ce qui est un peu spectaculaire.

On mentionnera pour la bonne bouche cette anecdote narrée par le petit ami de Brigitte Lahaie à l’époque, le célèbre éditeur René Château, tirée du Starfix hors-série N°2 de Juin 88 : « En débarquant, j’ai trouvé Jess en train de filmer une attaque de guérilleros dans un jardin. L’action était censée se dérouler en Amérique Latine.

Pendant dix-huit ans, j’ai suivi tous les tournages de Belmondo. Je n’avais jamais vu ça. Franco ne pouvait déplacer son cadre à droite – il y avait une maison de campagne – ni à gauche – il y avait des cantonniers au boulot – ni vers le haut – il y avait des fils électriques. Il a trouvé presque instantanément la solution pour tourner dans ce carré de verdure… Et sans autorisation.

D’ailleurs, en plein tournage, la propriétaire a fait son apparition en hurlant. Jess a joué celui qui ne comprenait pas un mot et il a bouclé le plan. Je l’ai engagé le soir même. »

Si le potentiel que laissait espérer une telle réunion d’acteurs ne se concrétise jamais pleinement (la faute à ce côté mou récurrent chez Eurociné), « Dark Mission » demeure un nanar racé qui mérite incontestablement d’être vu par tout bon fan qui se respecte.

[Régis Autran]

www.nanarland.com

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