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mardi, mars 19, 2024
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« GIFF 2019 » : Pour Lucie Borleteau, représenter la folie de « Lucie » était très important

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Invitée au « Geneva International Film Festival » afin de présenter sa récente réalisation « Chanson douce », la metteuse en scène Lucie Borleteau prit aussi le temps de répondre à nos questions en expliquant notamment, qu’elle ne voulait pas de poulpes numériques.

Bonjour Lucie et du coup, bon anniversaire et bienvenue sur Genève. Comment se passe la phase promotion de « Chanson douce » pour vous qui êtes davantage metteuse en scène ?
En fait, j’aime bien ça parce que je crois que dans mes multiples désirs, j’avais notamment très envie d’être actrice et du coup, j’ai l’impression que c’est un peu comme une tournée. Évidemment, tout est déjà joué sur l’œuvre parce qu’après les montages, le film ne change plus jamais. Mais je trouve assez chouette de venir le présenter et de débattre avec le public à l’issue des projections.

A l’heure des mouvements féministes, avez-vous voulu montrer que même une femme peut devenir malsaine, voire dangereuse au travers de votre fiction ?
Je ne sais pas si j’ai voulu démontrer ou montrer quelque chose. Mais je pense que le mouvement féministe dont je fais partie et que je soutiens sans aucune réserve, bouscule un petit peu la représentation du féminin. En même temps, il y a des générations de réalisateurs masculins qui ont montré des femmes justement très, très maléfiques. Et moi ce que j’aime beaucoup avec le personnage de « Louise », c’est qu’on pourrait se dire qu’elle est un monstre, mais elle ne l’est pas en fait. Moi je l’aime et je trouve qu’on peut avoir de l’empathie pour elle, malgré son geste inexcusable. Par rapport au livre, je pense qu’il montre aussi que la maternité a une part sombre.

Vous avez préféré ajouter des couleurs chaudes pour les décors, notamment au niveau de la peinture. Mais pour quelles raisons ?
C’est très juste et c’est vrai qu’on avait décidé cela en amont avec le chef opérateur Alexis Kavyrchine (« La Lutte des classes »). C’est-à-dire qu’on fait un film qui fait peur, mais sans être dans les codes du thriller. Aussi parce que c’est un drame qui se passe de jour et au cœur de la famille. Et finalement, les scènes les plus terrifiantes, montrent l’emprise que « Louise » a sur les enfants. Et tout cela, dans un appartement d’une famille qui ne sont pas des grands bourgeois. Du coup, la déco est un peu comme chez moi avec pleins de couleurs (rire). Et puis, dès qu’on a des enfants, on a des explosions de couleurs avec les jouets. Et même les costumes de Karin Viard ne sont pas sombres volontairement.

La bande-son est aussi très éclectique…
Elle est très éclectique et c’est un mélange de musiques existants vraiment. Et pour la première fois, j’ai travaillé avec un compositeur qui s’appelle Pierre Desprats (« Les Garçons sauvages ») avec qui ça s’est royalement bien passé. Il faut savoir que j’avais très peur de travailler avec un compositeur parce que je n’ai pas fait de musique. Donc, j’avais l’impression de ne pas être légitime et forte pour pouvoir dire exactement ce que je voulais. D’autant que souvent, la musique dans les films me dérange car je la trouve trop conventionnelle. Là, je trouve vraiment qu’il a réussi à faire quelque chose qui n’appartient qu’au film. Je me souviens lui avoir demandé de trouver des instruments de « sorcières » comme la guitare nue, des tambours…

Comment c’est passé les séquences avec les bébés, notamment pour leurs pleurs ?
Oui, c’est une question qu’on me pose souvent. Effectivement, on avait plusieurs bébés et 2 principaux. Un premier qui est mon bébé en fait. Donc, je vous assure que je ne lui ai pas fait de mal pour le faire pleurer (rire). Et ensuite, ce fut une paire de jumeaux qui jouèrent « Adam » plus grand. Mais effectivement au niveau des pleurs, il faut savoir que si vous restez 30 mn avec un bébé, normalement il pleure. Et quand c’était avec mon propre bébé, je savais exactement comment caler le moment.

Karin Viard, a-t-elle eu l’occasion d’improviser certaines scènes ?
En fait Karin avait déjà très, très envie de faire ce rôle et elle s’était très bien préparée. Elle était dans son personnage très rapidement et comme parfois avec les enfants, on n’a pas le temps de se préparer à jouer, il faut totalement être dans son personnage et avoir la bonne réaction. Au niveau de l’improvisation, autant les scènes sont très écrites et concordent avec le scénario, autant la scène avec le lion dans le scénario, c’était une ligne, même pas une scène. Mais durant le montage, cette séquence était tellement impressionnante, qu’on en a fait une scène.

Et pour terminer, comment se sont passées les scènes avec les poulpes ?
Et bien tout simplement, on a tourné avec les poulpes… C’est-à-dire qu’on a fait beaucoup réunions avec la production sur d’éventuels effets spéciaux. Mais cela ne m’intéressait pas. Ce que je trouvais super excitant, c’était de pouvoir représenter la folie de « Louise ».

On va mettre des êtres vivants qui ne devraient pas être là. On a eu la chance de rencontrer un pêcheur qui nous les a amenées et à la fin des scènes, il les a remises dans l’eau.

Chanson douce
FR   –   2019   –   95 Min.   –   Drame
Réalisatrice : Lucie Borleteau
Acteur: Leïla Bekhti, Karin Viard, Antoine Reinartz
Frenetic
27.11.2019 au cinéma

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