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vendredi, mars 29, 2024
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Dany Boon : « C’était important pour moi de mettre en valeur les gens du RAID, leur esprit de groupe et leur courage. »

Le dernier film de Dany Boon, « Raid Dingue », est sorti sur les écrans suisses ce 1er février. Pour l’occasion, nous avons pu rencontrer l’acteur, réalisateur, scénariste et producteur de cette nouvelle comédie française.

Dans « Raid Dingue », le personnage que vous interprétez est radicalement différent de ceux dont vous avez l’habitude, était-ce un challenge pour vous et jouer ce rôle vous a-t-il plu ?
A chaque fois qu’on joue un nouveau personnage, c’est un challenge. Parce qu’il faut être crédible, parce qu’il y a un travail à faire sur le personnage qui est très important. Il faut être ce qu’on interprète sans que ce soit trop caricatural. Mais moi c’est les histoires qui m’emmènent, lorsque j’ai une idée d’histoire qui me plaît elle m’emmène là où elle doit m’emmener. J’entends beaucoup dire, maintenant vous allez faire des comédies d’action, mais non. J’étais content de raconter cette histoire et c’est l’histoire de cette femme qui essaie de rentrer au RAID qui m’a emmené dans une comédie d’action. Mais après, une fois que je me suis retrouvé face à la montagne d’emmerdements que ça représente de faire un film d’action, c’était très compliqué. Mais je l’ai fait, je m’en suis sorti, et je me suis beaucoup battu pour que ce soit crédible.

Combiner les rôles d’acteur, de scénariste et de réalisateur est quelque chose dont vous avez l’habitude, est-ce difficile à assumer ?
Je ne me pose pas la question de la difficulté, c’est difficile et ça demande beaucoup de temps et d’investissement mais je le fais. Ce qui me motive c’est le fantasme du résultat. Je me dis ça va être comme ça, que les gens vont rire là, ils vont être impressionnés à tel endroit, être émus là, ça va être super, on va les surprendre et c’est que ça. Je fonctionne que comme ça. Et après je ne regarde pas le temps que je passe, je ne regarde pas l’investissement que ça représente. Par contre quand je ne suis qu’acteur dans un film, je fais que l’acteur, et pareil pour ceux qui travaillent dans mes films.

Votre film rend hommage aux policiers et à tous ceux qui mettent leur vie en danger pour protéger les citoyens de menaces terroristes, c’est un sujet qui vous touche particulièrement ?
J’avais en tête une idée qui s’appelait « Eugène au GIGN », qui me tenait à cœur depuis une dizaine d’années. Avec un mec très mauvais, qui se retrouve par accident dans une élite des forces de l’ordre, que ce soit le GIGN ou le RAID. En tournant « Supercondriaque » avec Alice Pol, j’ai vu qu’elle était un clown hilarant, elle m’a fait beaucoup rire et elle a une palette de jeu assez incroyable, c’est à dire qu’elle peut être à la fois très clownesque mais aussi très jolie, enfantine et femme, enfin bref : elle est très douée. Kad Merad et moi on était un duo assez fort dans « Supercondriaque », et c’est dur de s’intégrer, mais avec elle le film est devenu un trio. Après je me suis dit que ce projet que j’ai depuis longtemps, je me mettais jamais à l’écrire, parce qu’il manquait ça, il manquait une idée un peu plus originale qu’un flic mauvais, comme y’a eu déjà. Ensuite je me suis dit, il faudrait une femme, surtout qui intègre un milieu masculin, souvent machiste. Ensuite j’ai poussé la misogynie, parce que comme je ne joue pas le rôle principal, je vais faire le personnage opposé, misogyne parce que sa femme est partie avec son propre frère et qu’il a la haine des femmes. Et on lui impose de former cette fille, qui en plus est une incapable, et qui est la fille du ministre de l’Intérieur. Donc pour lui c’est ce qu’il y a de pire, une femme et pistonnée. C’était important pour moi de mettre en valeur les gens du RAID, et de leur rendre hommage en montrant leur esprit de groupe, leur courage, et c’est ça que montre le film. C’était important pour moi que ce ne soit pas une caricature du RAID avec des scènes d’action qui n’ont rien à voir. J’ai commencé à écrire le scénario en 2014 donc c’était pas la même situation qu’aujourd’hui, il n’y avait pas l’état d’urgence. Après j’ai vu des gens courageux qui font tout pour sauver des gens qu’ils ne connaissent pas, au péril de leur vie. L’important c’était d’être réaliste, de faire rire tout du long, et d’avoir des moments d’émotions en montrant ce qu’est le RAID. D’ailleurs j’ai beaucoup travaillé avec le RAID, je me suis entrainé pendant six mois, j’ai un binôme que je vois toujours, je suis même devenu parrain du RAID. Je me suis exercé au tir, j’ai fait de la muscu et j’ai travaillé mon personnage comme ça pendant six mois. Je pensais que ça allait me fatiguer mais en fait non j’étais très en forme.

« Raid Dingue » est un film qui aborde divers sujets sensibles, des conflits amoureux aux relations familiales compliquées, ce sont des thèmes qui vous touchent personnellement ?
C’est des thèmes qui touchent tout le monde. Je pense que pour faire une comédie populaire il faut que les enjeux et que les désirs des personnages soient clairs, et après ce que j’aime c’est que c’est l’humanité qui œuvre, l’humanité dégagée par les personnages et c’est ça qui me fascine et qui m’intéresse. Par exemple quand Michel Blanc, le père, use de son pouvoir pour faire entrer sa fille au RAID, c’est horrible ce qu’il fait, du chantage, du pistonnage, mais on est d’accord avec ça, on est content qu’il le fasse et on a de l’empathie pour lui parce qu’il a beaucoup d’amour pour sa fille, qu’il élève seul et il est donc à la fois un père et une mère. Il en devient touchant, ça amorce le fait qu’il est dans le déni de la nullité de sa fille et en même temps il a raison parce que bien qu’elle soit nulle, elle est très instinctive et naïve, ce qui fait qu’elle va voir ce qu’il faut au bon moment. Et elle va ainsi sauver des gens grâce à ses défauts, elle a fait de ses défauts une qualité, et c’est ce qu’on recherche tous à faire dans la vie. Tout vient de drames qu’on a pu vivre dans notre vie, notre personnalité se façonne en fonction des drames et des bonheurs qu’on vit. Et plus on vieillit plus on se rapproche de notre enfance et de ce qui nous a marqués.

Quand vous avez rencontré Alice Pol, elle vous a fait penser à Johanna Pasquali, son rôle dans « Raid Dingue » ?
Ouais c’est vrai que j’ai en partie écrit en pensant à elle. Moi je trouve qu’elle crève l’écran, elle tient très bien son rôle. Dans la scène où elle s’amuse dans le sous-marin à faire des grimaces elle m’a juste dit « Eh ben c’est pas avec ça que j’aurais un César ». J’ai dit ouais c’est pas faux, mais au moins elle s’amusait et je sais que dès qu’une actrice a peur du ridicule et se dit « Je vais avoir l’air de quoi si je fais ça dans cette scène », c’est foutu, elle fera plus rire. Mais Alice Pol elle s’est vraiment marrée pendant le tournage et c’est ça qui a fait que c’est réussi. Mais en même temps, elle a quand même dû suivre une formation de boxe et faire un travail pour rentrer dans son personnage. D’ailleurs là où elle est proche dans sa gaucherie de son personnage de Johanna Pasquali, c’est que pendant un de ses entraînements de boxe, elle a quand même réussi à s’assommer avec son propre poing, donc faut le faire. Et sans même se rendre compte que c’était le sien ! Donc oui, elle me fait un peu penser à son personnage.

Envisagez-vous un jour de réaliser un film dramatique ?
Je pense que c’est plus facile de faire des drames que des comédies. Enfin c’est pas plus facile, mais on a un champ d’action plus large, on est moins sur le fil. Un silence ou un long temps dans un drame, c’est une force, mais dans une comédie, c’est une longueur. C’est là toute la différence. Maintenant le rire ça fait partie de la vie, moi j’ai la chance d’avoir ce don-là, de savoir écrire et faire rire, sans avoir totalement analysé le pourquoi du comment. Pourquoi ça fait rire, je sais pas, mais quand j’écris le scénario d’un film je jubile à l’idée de me dire que ça va faire rire à tel moment. Il y a beaucoup de rires dans « Raid Dingue », quand je l’ai vu projeté la première fois j’ai entendu beaucoup de rires, d’émotion et j’en étais très heureux. C’était pareil dans « Bienvenue chez les Ch’tis », dans la scène finale où je dis « On pleure deux fois dans le Nord, en arrivant et en partant », j’étais ému, Kad aussi, et le public aussi, j’étais scié de voir des gens pleurer. J’ai fait les choses avec sincérité, comme j’essaie à chaque fois. Y’a une force, une magie dans le cinéma, comme quand on réussit un poème, il faut être synthétique mais en même temps original et émouvant. Ou original et drôle, c’est là toute la difficulté.

Raid Dingue
De Dany Boon
Avec Alice Pol, Dany Boon, Michel Blanc
Pathé Films
Sortie le 01/02

 

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