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jeudi, mars 28, 2024
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Interview de Zach Braff pour « Le rôle de sa vie »

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Interview de Zach Braff pour Le rôle de sa vie
Interview de Zach Braff pour Le rôle de sa vie

– Dans votre dernier film, « Le Rôle de ma vie », même si les personnages et l’histoire semblent très proches de vous et de votre vie, c’est aussi un peu l’histoire de tout le monde, n’est-ce-pas ?
– Oui et c’était le but. C’est également ce que j’avais essayé de faire dans « Garden State ». Même si je raconte une version de ma vie, je veux que les gens puissent eux aussi s’identifier. Bien évidemment, la plupart des gens ne sont pas des comédiens en galère comme mon personnage dans le film, mais on est tous en quête de quelque chose. Tout le monde n’est pas juif comme Aidan Bloom, mais chacun recherche sa propre spiritualité. Ce que je veux, c’est écrire des histoires qui me sont très personnelles mais dans lesquelles les gens peuvent se reconnaître.

– Vous avez co-écrit ce film avec votre frère. Est-ce plus simple d’écrire un script à deux ?
– Cette expérience a été super. C’est la première fois que j’écrivais avec quelqu’un et nous sommes très complémentaires. On a chacun nos défauts et nos qualités et on s’équilibrait parfaitement. Et puis c’est plus motivant d’écrire à deux car seul, on a tendance à procrastiner et perdre son temps. Donc quand on a rendez-vous pour écrire, c’est comme avoir un entraîneur sportif, on n’a pas le choix, on y va ! Et ça c’était bien. J’ai aimé aussi le fait de se défier, d’avoir un débat entre nous sur nos personnages.

– Le film oscille constamment entre scènes comiques et dramatiques. Etait-ce très important pour vous de créer cette ambiance entre rires et larmes ?
– J’aime ce mélange des deux, un peu comme dans la vie. Si je vais voir une comédie un peu niaise, je ris bien évidemment, mais j’oublie le film dès que j’ai récupéré ma voiture. Et si je vais voir un film dramatique très lourd, je n’ai qu’une envie, c’est rentrer chez moi à cause de cette noirceur impossible à supporter. Donc ma version préférée, c’est un mélange des deux. C’est ce qu’on faisait d’ailleurs dans « Scrubs », un savant dosage de comédie et drame.

– Le film se passe à Los Angeles et il y a beaucoup de références à cette ville pour ceux qui la connaissent…
– Pour moi, Los Angeles est comme un personnage. Cette ville est très belle mais elle isole beaucoup les gens, un peu comme mes personnages qui se sentent seuls et dans leur propre monde. Los Angeles est une ville dure pour ceux qui y vivent et même si ce n’est pas le personnage principal du film, c’en est un ! Tout est chouette dans cette ville mais tout est si vide à la fois. Mon directeur de photographie avait fait des plans magnifiques de Los Angeles mais au final on n’y voit personne. Etrange, non ?

– Le film parle de la relation entre un père et son fils ainsi que de la recherche de la spiritualité. En quoi croyez-vous ?
– Une fois de plus mon personnage me ressemble beaucoup. J’ai moi-même grandi dans une famille religieuse. Ce que j’essaie d’expliquer dans le film, c’est comment cet homme qui croit en la science et en l’évolution va se mettre en quête de sa propre spiritualité. Il veut donner un sens à sa crise existentielle et pouvoir expliquer à ses enfants sa nouvelle spiritualité qui n’est plus celle que ses parents lui avaient inculquée.

– Dans « Garden State », vous décriviez les tourments des jeunes de 20 ans et dans « Le Rôle de ma vie », ce sont plutôt les tourments des trentenaires… Une fois de plus, on vous suit !
– C’est vrai ! Dans « Garden State », je m’intéressais aux jeunes de notre société actuelle qui, une fois leurs études terminées, ne savent pas quoi faire de leur vie. Cette possibilité de pouvoir faire toutes sortes de choses, d’avoir le choix peut être aussi intimidante. Au final, on peut se sentir impuissant comme devant une montagne. Dans « Le Rôle de ma vie », je me suis concentré sur les plus de 30 ans qui n’ont jamais atteint leur rêve. Le sujet étant : combien de temps peut-on s’autoriser à poursuivre ses rêves surtout en ayant une femme et des enfants ?

– Vous avez attendu 10 ans entre vos deux réalisations. Pourquoi ce laps de temps énorme ?
– J’ai essayé de faire d’autres films mais cela n’a pas marché. J’aurais pu aussi réaliser un film très commercial, mais je voulais faire un film unique comme l’était à son époque « Garden State ». C’est très difficile de monter un film à Hollywood qui soit différent. Et au final je n’ai pu faire celui-ci qu’après avoir eu recours au crowdfunding.

– Même avec le succès public et critique de « Garden State », il était difficile pour vous de financer « Le Rôle de ma vie » ?
– J’ai été aussi surpris que tout le monde mais non, je n’ai pas pu obtenir de financement. J’aurais pu certes avec certaines conditions, comme tourner à Vancouver et non pas à Los Angeles. Je n’aurais pas eu le final cut et j’aurais dû choisir mes comédiens sur une liste imposée. Et puis le crowdfunding me semblait une expérience extravagante pour faire mon film.

– Avez-vous été surpris par le succès du crowdfunding ?
– Totalement. Je m’attendais à recueillir l’argent sur une période de un mois au moins et en 48 heures, on avait déjà la somme ! En deux jours, on avait dépassé les deux millions de dollars qu’on espérait réunir pour financer le film.

– Ce sont donc des personnes lambda qui ont financé votre film. Vous avez une relation particulière avec ces gens ?
– Bien sûr ! Sur la plupart des films, vous avez d’habitude quelques financiers avec qui vous parlez mais là j’avais 47’000 personnes qui avaient toutes mises de l’argent. J’avais beaucoup de pression pour ne pas les décevoir.

– Vous n’avez pas eu peur que le résultat final ne leur plaise pas ?
– Disons que ces 47’000 personnes se sont éclatées sur ce projet. On a créé un site en ligne rien que pour eux, où ils pouvaient voir le déroulement du tournage ainsi qu’un magazine en ligne où ils pouvaient lire toutes les étapes du film avec un maximum de contenu. C’était une expérience géniale et unique. Et puis je me suis dit que j’avais donné plus que ce qui était prévu. J’étais à peu près certain que ces 47’000 personnes aimeraient le film, complètement dans la lignée de « Garden State » et « Scrubs ». Après les autres… disons que mon style n’est pas pour tout le monde. Ce film est très honnête, trop honnête même !

– Votre cast est plutôt impressionnant… Cela veut-il dire que les comédiens ont baissé leur salaire ?
– Oh oui ! Ils ont gagné le minimum qu’on puisse donner légalement à un acteur. Ils ne l’ont pas fait pour l’argent mais parce qu’ils aimaient cette histoire.

– Maintenant que le film est sorti, auriez-vous recours une fois de plus au crowdfunding ?
– Non ! C’était une expérience incroyable mais c’était tellement de travail. Disons que j’ai eu 10 fois plus de boulot que sur un film financé par la voie normale. Il fallait que j’explique tout en permanence. C’était épuisant. Je ne suis pas un politicien. Je veux juste faire des films et puis cette histoire de financement a pris le dessus et on ne me parlait plus que de cela. Ça m’a fait du mal car mon projet était réduit à une histoire de fric plutôt qu’à mon intégrité artistique. C’est un peu comme si j’avais été en campagne politique…

– Mais cela veut dire qu’il faudra que vous trouviez vous-même de l’argent pour votre prochain film…
– Oui mais la prochaine fois, je ferais un film plus commercial et moins cher. Le film que j’ai écrit avec mon frère ne pouvait pas se faire à moins de 5.5 millions de dollars.

– Allez-vous refaire de la télé ?
– Oui j’aimerais bien. J’ai eu une super expérience avec « Scrubs ». J’attends juste le bon projet.

Le Rôle de ma vie
De Zach Braff
Avec Zach Braff, Kate Hudson, Pierce Gagnon, Joey King, Mandy Patinkin
Filmcoopi
Sortie le 22/10

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