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samedi, avril 20, 2024
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Interview : James Cameron et le casting de « Avatar : la voie de l’eau » retiennent leur souffle

Pauline Brandt
Pauline Brandt
Avec un master de français moderne avec spécialisation en études théâtrales, un bachelor en français moderne et histoire et esthétique du cinéma, Pauline Brandt met en œuvre tout son savoir-faire pour promouvoir le cinéma.

Avatar est de retour ! Après une première visite en 2009 (plus gros succès de l’histoire du cinéma à ce jour), voilà qu’en 2022 on retourne sur Pandora. En 13 ans, qu’est-ce qui a changé ? Tour d’horizon aquatique avec James Cameron et le casting complet d’Avatar 2 : La voie de l’eau.


James Cameron, y a-t-il eu un moment décisif où vous avez su que nous retournerions dans l’univers d’Avatar ?
James Cameron : C’est une question intéressante parce qu’avec Avatar, tout le monde se dit : “Tu as ramené beaucoup d’argent dans les caisses, il faut faire une suite”. Pourtant, Steven Spielberg n’a pas fait de suite à ET, le film le mieux classé de son époque… D’un côté, on se demande si ça vaut la peine de reprendre le risque ; est-ce que c’est possible que la foudre tombe deux fois au même endroit, que le succès soit au rendez-vous à nouveau ? C’est un immense précédent qu’il faut parvenir à honorer. Mais nous avons cette équipe formidable, nous avons trouvé un moyen de faire revenir Sigourney Weaver, même si son personnage meurt dans le premier film. Nous avions aussi cette famille d’artistes formidables, tous les autres acteurs de l’équipe. Quand vous voyez une immense foule de cent personne dans un film, ce soit en fait juste les mêmes 10 acteurs qui se déplacent, vous voyez ? C’est donc un tout petit groupe qui s’adore et qui adore travailler ensemble. C’était formidable pour moi d’y retourner et de vivre tout cela à nouveau.

Est-ce que cette nouvelle aventure était facile à diriger ?
James Cameron : Je pense que c’est important pour une suite d’honorer ce que le public a apprécié lors de sa première expérience du film. Mais il faut aussi parfois les prendre par surprise, leur proposer quelque chose d’inattendu. Disons qu’en termes d’histoire, il y a beaucoup de surprises dans ce film, que nous n’avons pas incluses dans les trailers ou dans les bande-annonces pour la TV. Il faut en faire l’expérience, en vrai. Cela va puiser loin dans les émotions et dans l’attachement. Le premier film proposait une histoire plus simple, et des personnages plus simplifiés aussi. Nous avons été inspirés par le fait que cette fois-ci, Zoe (Saldana, qui joue Neytiri) et Sam (Worthington, qui joue Jake Sully) sont devenus parents. Moi, je suis le parent de cinq enfants ! Nous avons voulu intégrer des dynamiques familiales, et montrer ce que représente la responsabilité d’avoir des enfants, tout en intégrant le point de vue de l’enfant.

Jon, pouvez-vous nous décrire ce que cela représentait pour vous de retourner dans cet univers, auprès de ces personnages, et de nous présenter ces nouveaux protagonistes ?
Jon Landau : Il y avait beaucoup d’attentes et d’impatience, liées aux thèmes que James incorpore dans ses histoires. Je parle des thèmes qui vous suivent une fois que vous avez quitté le cinéma ; ce film a du coeur, de l’émotion, un message sur le monde, sur l’humanité et sur le fait d’accepter les différences. Dans le film, James a écrit cette réplique (il dit la réplique en Na’vi) : “Je te vois” . C’est ça que nous voulons, c’est montrer au gens qu’ils sont vus, tels qu’ils sont, et leur demander de poser ce même regard d’acceptation sur les autres.

Zoe et Sam, c’était une vraie joie de vous voir ensemble dans ce film et de retrouver vos personnages. Ils ont vécu leur vie, et nous les retrouvons pour faire un bout de chemin avec eux. Pouvez-vous nous parler de cela?
Sam Worthington: Eh bien, pour être honnête… James, je peux le dire ? James m’a donné un script qui était “Avatar 1.5”, en quelque sorte. C’était incroyablement détaillé, et rempli des détails de ce qui était arrivé aux personnages entre les deux films. J’ai l’impression que cette histoire parlait de leur identité de combattants, de leur manière de combattre pour leur clan. Ce n’est pas abordé dans Avatar 2, car, comme James l’a dit, il s’agissait plutôt d’explorer les dynamiques familiales et leur histoire d’amour. Mais cela nous a donné un bon point de départ pour explorer cet espace entre les deux films. C’était vraiment génial.

Neytiri est une vraie combattante. Comment était-ce de la retrouver ?
Zoe Saldana: C’était incroyable. C’est étrange, parce que quand vous rencontrez quelque chose qui vous ressemble à ce point, vous n’en êtes pas conscient tout de suite. C’est devant vous, mais vous ne le voyez pas. C’était mon cas, avec Neytiri. Elle et moi, nous avons vécu des existences parallèles, en quelque sorte. J’ai une forme de rebéllion, en moi, que Neytiri a également. J’ai trouvé une connivence avec elle par ce moyen. Son dilemme a toujours été de tomber amoureuse, d’accepter de s’aventurer en-dehors de ce qu’elle connaît. Se laisser aller à cela, et ensuite, montrer les résultats de cet amour. C’est un challenge, pour elle. Parce que cela la force à grandir, cela la force à aimer quelque chose qu’elle a appris à haïr. C’est très difficile. Et puis, il y a la peur… Dans ma vie personnelle, quand je suis devenue mère, la peur est entrée dans ma vie. La peur de perdre quelque chose que vous aimez autant. Vous passez du temps à créer des scénarios hypothétiques dans votre tête… Quand j’ai lu le deuxième script, c’était elle, c’était Neytiri. Je le sais maintenant. Je ne l’ai pas vu à ce moment, parce que mon travail n’était pas de la voir, c’était de l’incarner entièrement.

James Cameron: Zoe a raison. Quand on n’a pas d’enfants, on peut ne pas avoir peur. On apprend la peur quand on a des enfants, on apprend qu’il existe quelque chose de plus grand que soi, qu’on pourrait perdre à tout moment. Et c’est un peu ça qui se passe pour vos personnages, n’est-ce pas ? Je n’y avais pas pensé en ces termes, mais c’est exactement ça. Vous savez, Sam joue un personnage qui pourrait sauter d’un leonopteryx, sauter sans parachute pour atterrir sur le plus féroce des prédateurs, pour résoudre un problème. Mais en tant que père de 4 enfants, est-ce qu’il ferait ça ? Probablement pas. (rires)

Sam Worthington : Il faut dire que c’est pas un truc qu’on aurait envie de voir ses enfants reproduire ensuite…

Stephen Lang, comment était-ce pour vous de retrouver votre personnage ?
Stephen Lang: Oh, c’était génial, très excitant, vraiment. J’étais tellement honoré de pouvoir approfondir la vision que James a pour ce personnage. Je pense que dans le premier film, il est haut en couleurs, il a beaucoup de personnalité, il a énormément de qualités. Mais il bouge comme un requin. Il revient d’une manière magnifique écrite par James, il revient en tant que l’élément même qu’il souhaitait détruire. Il doit maintenant s’ajuster, s’adapter à cela. Pour moi, cela a été un tel plaisir de continuer à jouer ce personnage, de trouver sa profondeur, et même un peu de son humanité. Il est chaleureux, et il y a tant de personnes qui l’apprécient. (rires)

Kate Winslet, comment était-ce pour vous de venir sur le plateau ? Vous avez déjà travaillé avec James Cameron dans le passé, mais ceci est une nouvelle collaboration.
Kate Winslet: Eh bien, je dois dire que connaissant James, j’avais de très hautes attentes. Parce que ce qu’il fait est précis et méticuleux. Je crois que ce qui m’a fait rejoindre ce projet, par-dessus tout, ce sont les personnages que James a créés. Vous savez, James a toujours écrit des personnages féminins qui ne se contentent pas d’être forts ; elles sont des leaders, elles commandent avec coeur et intégrité, elles sont en possession de la vérité. Elles ont des qualités physiques admirables. C’était très flatteur que James me propose ce projet. Je me suis dit que j’allais lui montrer que j’étais à la hauteur.

Evidemment, il n’en attendait pas moins. Quand je suis arrivée, j’ai été incluse dans ce monde immédiatement. Vous voyez, c’est une chose pour James d’écrire ce monde, c’en est une autre de le faire vivre, de lui donner du sang dans les veines et un pouls ! C’est vraiment, vraiment extraordinaire de faire partie de cela. C’est un univers entier, palpable, tout autour de vous.

C’était inattendu d’apprendre que Kate a battu un record d’apnée sous l’eau pendant le tournage.
James Cameron : Arrêtez, j’en suis encore jaloux, franchement. Je fais de l’apnée depuis 15 ans. Et toi, Kate, tu débarques, et tu fais mieux que tout le monde directement.

Kate Winslet : Tout le monde parle du fait que j’aurais battu le record de Tom Cruise. Bon. Il paraît que son record serait d’environ six minutes… Mais comment sais-tu que tu ne l’as pas déjà battu ? Ton record personnel, c’est six minutes trente, non ?

James Cameron : OK, c’est vrai. Bien joué.

Kate Winslet : C’est drôle parce que j’ai une vidéo du tournage, du jour où je suis remontée à la surface après cette apnée. J’en ai une parce que ce jour-là mon mari était venu sur le plateau en cachette. Je savais qu’on allait travailler l’apnée ce jour-là, et j’avais dit à mon mari de ne pas venir, parce que j’allais être trop stressée ensuite. Mais il est venu, et il a cette vidéo de moi qui remonte à la surface et qui demande : “je suis morte, c’est ça ? Je suis morte ?” et tout de suite après : “combien de temps j’ai tenu ?” J’ai voulu savoir mon temps tout de suite. Quand j’ai appris que j’avais tenu sept minutes 15, je n’en revenais pas.

Sigourney Weaver, votre personnage dans le film est vraiment spécial. Comment était cette expérience de revenir auprès de ce personnage que vous aviez déjà joué?
Sigourney Weaver: C’était une chance d’avoir cette connection. La première fois qu’on en a parlé, en 2010, nous avions cette idée d’une fille qui serait plus à l’aise dans la forêt, avec les créatures, la faune et la flore. James voulait créer un personnage complexe. Il y a des choses formidables la concernant, mais elle a aussi ses failles. J’ai adoré l’opportunité de jouer ce personnage qui a des côtés très adolescents. J’étais très honorée, mais j’étais aussi terrifiée. Heureusement, j’ai eu du temps pour me préparer. Je suis allée suivre des cours avec des ados, pour écouter les intonations dans leurs voix. Il y a une grande gamme de différences entre un adolescent de 12 ans et un adolescent de 15 ans. Une fois que j’ai observé tout cela, je me suis dit que c’était bon, que j’allais pouvoir laisser Kiri s’exprimer. Kiri, mélangée à celle que j’étais quand j’avais 14 ans. C’était un mélange.

James Cameron: Sigourney a fait un travail magnifique, et j’en suis extrêmement fier. Vraiment.

James Cameron, ce film comporte beaucoup de personnages féminins forts. Comment avez-vous approché cet aspect de votre travail après avoir réalisé “La Voie de l’eau” ?
James Cameron : C’était plutôt facile avec le personnage de Zoe, Neytiri, parce que c’est un personnage fort depuis le premier film. Ce qui se produit lorsqu’elle devient mère change les choses pour elle. Elle est la fille du chef de la tribu, la princesse du clan. Quel est son nouveau rang, après cet événement ? C’était très intéressant d’observer Zoe, avec toute la force et la puissance qui la caractérisent, jouer cela. C’est un questionnement qui se construit dans ce film, mais également dans le suivant.C’était important pour nous de parler de cet arc narratif et de le construire d’un film à l’autre.

Et puis, c’était un plaisir de travailler avec Sigourney Weaver à nouveau. C’était une création, puisque son personnage est mort dans le premier film ; on ne peut pas y faire grand-chose… On a dû se demander : comment la faire revenir ? L’avatar de Grace était encore vivant, il ne possède pas d’esprit propre. Il devait être en lien avec Grace pour pouvoir parler et se déplacer. Mais il est devenu porteur de ce bébé ; cela devient le problème de Jake et Neytiri, et elle devient leur fille adoptive. Jake et Grace avaient une forme de relation mère/fils dans le premier film, alors évidemment, lui va protéger cet enfant et l’élever comme si c’était le sien. Il y a quelque chose de très énigmatique chez elle, quelque chose d’inconnu. Je crois que Sigourney a très bien réussi à montrer cela. Ce n’est pas quelqu’un qui réagit comme le ferait Neytiri. Elle réagit de manière très différente. Pour moi, c’était l’opportunité de s’adresser aux adolescentes, de leur parler d’une manière qui aurait du sens. J’ai des filles. Je les ai vues grandir et passer par cette étape de confusion, où on se demande qui on est, quelle est son identité. Pour Titanic, j’avais travaillé là-dessus, et puis ensuite, je l’ai vécu en tant que père. Nous avons donc réfléchi au fait qu’il existait plusieurs manières d’être forte, de montrer sa puissance. Le personnage de Kate, par exemple, part au combat en étant enceinte – bon, je ne crois pas que ce soit un spoiler de dire ça, puisqu’on le voit dans la bande-annonce… Elle part au combat, sans hésiter. Dès que ses enfants sont en danger, elle se met en marche. C’est instantané. Son mari, le personnage de Cliff Curtis, tente de l’en empêcher. Mais c’est instantané. Elle part.

Zoe, diriez-vous que vous avez changé, en tant qu’actrice ?
Zoe Saldana : Oh, ça, je ne sais pas. J’ai une présence que je n’avais pas auparavant, que j’avais perdue à un moment donné. Je suis heureuse de la retrouver. Il y a la peur, évidemment. La peur m’a parfois paralysée, et cela arrive encore aujourd’hui. Je suis mère depuis huit ans, et j’essaie d’apprendre à gérer ce sentiment. J’essaie d’apprendre à lâcher prise.

James et Jon, quelle a été votre plus grande fierté lors du tournage du deuxième volet d’Avatar ?
Jon : Je pense que mon plus grand moment de fierté était il y a une semaine, quand j’ai diffusé le film à Sam, Zoe, Stephen et Sigourney. J’ai pu voir leurs réactions, voir tout ce qu’ils ont instillé dans leurs personnages, et la camaraderie qu’ils avaient tous développé. Ils s’échangeaient des retours, se disaient : “c’est génial, ce que tu as fait”. Faire un film, c’est comme embarquer sur un grand voyage tous ensemble. Et les voir échanger de cette manière, je crois que c’était ça, le plus gratifiant.

Je l’avais vu une première fois il y a six mois. Les effets spéciaux n’étaient pas terminés, il n’y avait pas encore de 3D. Et puis je l’ai revu il y a une semaine – j’essaie de ne pas regarder le film trop souvent. Je travaille avec minutie sur de petits détails, mais je me prends moins souvent du recul pour voir le résultat dans son ensemble. Quand je l’ai fait, j’ai été frappé par les performances de chacun. Je regarde au-delà du spectacle, du design, des créatures. Je me sens fier du travail accompli.

Dans le premier film, Jake a été notre guide dans ce nouveau monde, jusqu’à ce qu’il trouve l’amour. Que peut-on attendre de Jake dans cette suite ? Va-t-il naviguer dans ce nouveau voyage de la paternité ?
Sam Worthington: Quand je pense au premier film, je pense à cette réplique qu’on entend en voix-over : “ouvre les yeux.” Je crois que Jake a ouvert ses yeux à l’amour : celui de la culture, celui de la planète, et celui pour Neytiri. Dans sa vie, il a toujours cherché son identité ; et cherché quelqu’un pour qui cela vaudrait la peine de se battre. Jake sera aussi la personne parfaite pour aider Lo’ak et Neteyam, qui sont joués par Britain Dalton et Jamie Flatters. Et puis, il y a aussi Kiri…

James Cameron : Il y a une belle histoire entre vos deux personnages.

Sam Worthington: Oui, je crois que Jake s’identifie à Kiri, ils ont des points communs. Jake est un guerrier, mais parfois, pour écouter les enfants, il faut savoir se calmer et devenir plus pacifique. Je crois que j’ai appris à faire cela moi aussi.

Sigourney et Stephen, vous avez appris que votre présence était tellement importante pour l’équipe qu’ils ont trouvé un moyen de vous faire revenir. Comment était-ce pour vous de recevoir cet appel pour revenir dans la famille d’Avatar ?
Stephen Land: J’ai senti une grande responsabilité. Je me suis dit, j’ai intérêt à faire les choses correctement. Je voulais vraiment faire de mon mieux, remplir toutes les attentes concernant ce rôle.

James Cameron : Il est trop humble. Quand vous aurez vu le film, vous verrez à quelque point son personnage est complexe. Je voudrais ajouter que Stephen est aussi un excellent scénariste. Il nous a proposé des idées que j’ai pu incorporer dans ma phase d’écriture. L’idée de trouver ses propres restes dans la forêt, c’était l’idée de Stephen.

Jon Landau : Attention spoiler !

James Cameron : Arrête, c’est dans le trailer !

Stephen Lang : Honnêtement, ça a été un tel plaisir. James et moi avons une bonne relation de travail. C’est presque une performance de nous voir travailler ensemble, parce qu’il me casse la figure et que je lui rends la pareille.

James Cameron : C’est un amour un peu tordu, entre nous. Bon, je vais vous donner le contexte : tous les matins, on commençait la journée par de l’exercice physique. On faisait de la boxe thaïe, et c’est là qu’on se cassait la figure.

Avatar: La Voie de l’eau (Avatar: The Way of Water)
USA – 2022
Durée: 3h00 min
Action, Aventure, Science-Fiction
Réalisateur: James Cameron
Avec: Kate Winslet, Sam Worthington, Sigourney Weaver, Zoe Saldana, Stephen Lang, Michelle Yeoh, Oona Chaplin, Edie Falco 
Twentieth Century Fox Film Corporation
14.12.2022 au cinéma

Cette interview a été réalisée dans le cadre d’une table ronde avec des journalistes du monde entier : les questions n’appartiennent pas toutes à Daily Movies.

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