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jeudi, mars 28, 2024
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Robuste : Quelques mots d’amour

La réalisatrice Constance Meyer livre une oeuvre pleine de sensibilité et de justesse sur la rencontre de deux solitudes.


Georges est un grand acteur, reconnu et respecté. Georges râle et éructe, dort mal, fait des crises d’angoisse, boit trop, fume trop, tombe à moto, s’efforce de compliquer la vie de tous ceux qui l’entourent. Georges s’ennuie et se sent fatigué.

Son homme à tout faire, garde du corps et seul ami devant s’absenter pour des raisons familiales, il sera remplacé, l’espace d’un mois, par la jeune Aïssa, agente de sécurité consciencieuse, qui s’efforcera de canaliser et d’organiser son quotidien et ses sautes d’humeur fréquentes et inattendues. Aïssa quant à elle aime son métier, a une passion, la lutte, et se démène avec une histoire d’amour floue.

Il fallait une femme comme Aïssa – ancrée, déterminée, sans jugement – pour « porter » et supporter Georges, le mettre face à lui-même, face au monde auquel il a renoncé. Et il fallait le regard et le non-conformisme d’un homme comme Georges pour qu’Aïssa laisse derrière elle un amour dont elle n’attendait rien et qu’elle retrouve la dimension ludique de la lutte. Ils apprendront à se connaitre et apaiser leurs peurs.

Constance Meyer a écrit ce film en pensant à ses deux acteurs et cela se sent. Gerard Depardieu, avec qui elle avait déjà tourné trois courts-métrages donc le remarqué « Rhapsody » et Déborah Lukumuena, César de la meilleure actrice dans un second rôle pour « Divines » en 2017. Les deux interprètes livrent une prestation tout à fait notable tout en sensibilité, nuances et justesse.

Il est facile de faire un parallèle entre le personnage de Georges et la figure presque encombrante d’un monstre de cinéma tel que Depardieu. Ses frasques sont connues, il ne s’en est jamais caché et constitue l’essence même de cet acteur hors norme. Cependant il réussit encore à surprendre et à nous faire(presque) oublier l’effet miroir inévitable.

Georges comme Gérard, navigue entre une notoriété qui le coupe de la réalité, un métier qui le lasse, une paternité compliquée et une envie de mort qu’il perçoit comme une libération.

Ce film met surtout en lumière le talent, que l’on connaissait déjà, de sa jeune actrice Déborah Lukumuena. Il émane d’elle une présence rare. Une force d’abord, sûre, posée, douce. et une détermination à toute épreuve qui la rend fascinante, ce qui est loin d’être banal. On apprécie également son intelligence de jeu et sa sensibilité.

La direction d’acteur, vous l’aurez compris, ne souffre d’aucunes faiblesses et ce jusqu’aux seconds rôles dont notamment Megan Northam et Lucas Mortier. Avec une mise en scène sobre et directe Constance Meyer nous offre un film tout en nuances mettant en valeur ses interprètes et ne soulignant jamais à l’excès son propos.

On peut mettre en évidence également le travail du chef opérateur Simon Beaufils qui, en utilisant entres autres de vieilles optiques de cinéma, donne au film une atmosphère légèrement irréelle et onirique.

La bande son enfin, composée par BABX, est une autre valeur ajoutée . Pas d’instruments ici, mais uniquement des voix créant ainsi une sensation intime et émotionnelle qui colle parfaitement au tout.

ROBUSTE est sans aucun doute une œuvre aboutie tant dans son propos que dans sa forme et mérite largement d’être vue.

Robuste
BR, BE – 2021 – 95min – Drame
De Constance Meyer
Avec Gérard Depardieu, Déborah Lukumuena, Lucas Mortier, Megan Northam, Florence Janas, Steve Tientcheu, Théodore Le Blanc…
First Hand Films
02.03.2022 au cinéma

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