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vendredi, juillet 26, 2024
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Sébastien Desjours : « L’Intelligence Artificielle est une inquiétude, ça aplatit tout et il faut la légiférer ».

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Au moment où la vague de la nouvelle série « Ahsoka » a récemment pris fin et que la 10ème saison de « Chicago Police » se termine sur un suspens efficace, c’est l’occasion d’en savoir plus sur un comédien de doublage assez discret et professionnel, Sébastien Desjours.


Vous prêtez votre voix à « Huyang », un robot dans la récente série « Ahsoka ». Comment êtes-vous arrivé dans ce projet ? D’une manière très habituelle, Fabrice Josso qui dirige la série m’a appelé pour passer un essai. J’y suis allé, j’ai été choisi et l’aventure a débuté !

J’imagine qu’une telle série a beaucoup de spécificités. Lesquelles et comment réagissez-vous face à la barre ? Il fallait trouver quelque chose de robotique dans le jeu tout en étant naturel et non dénué d’humour. Nous avons cherché, essayé avec Fabrice Josso le Directeur Artistique et Simon Terrasson l’Ingénieur du son. Fabrice est quelqu’un de très méticuleux avec une écoute très précise des versions originales et du comédien français qu’il dirige. Simon est très engagé et passionné, je me sentais donc vraiment en confiance. David Tennant qui prête sa voix en version originale à « Huyang », est un acteur formidable et c’est donc plus facile. Mais l’accent britannique est très spécifique, il faut faire attention à ne pas se faire happer par son aspect musical, même si ça peut être tentant.

Encore plus intense, mais moins connue du grand public, la série « Chicago Police » où vous doublez « Adam Ruzek » depuis bientôt 10 ans. Votre voix a-t-elle changé au gré de son rôle ? Je pense que oui parce que le timbre peut évoluer et que son personnage s’affirme. « Adam » a pris de l’assurance au cours des saisons, il est plus posé, moins « naïf ». Son jeu et son timbre évoluent également. Ce ne sont pas des grands changements, mais ils ne sont pas anodins.

On vous a aussi entendu pendant 15 ans, prononcé un prénom devenu inoubliable dans une série médicale. De quoi s’agit-il et quels souvenirs en gardez-vous ? Vous devez parler de « Grey’s Anatomy » et donc du « Docteur Karev ». C’est un formidable souvenir. J’ai adoré doubler Justin Chambers. Il campait un personnage brut et direct qui était très jubilatoire à interpréter. C’est très agréable de voir un acteur évoluer avec un même personnage. Et puis, ça crée des liens avec certain-e-s actrices et acteurs sur le plateau, des amitiés naissent.

A propos de modifications de voix, dans « Ahsoka », la vôtre est modifiée de manière robotisée. Comment ce changement se fait-il et en êtes-vous au courant au préalable ? On y pense sur le plateau mais la modification est faite après, au mixage. Même si au moment de l’enregistrement, il y a déjà un effet qui est travaillé par l’ingénieur du son.

Depuis quelques années, le milieu du doublage français subit de nombreuses décisions souvent décriées comme le « Star Talent ». A présent, vous endurez l’Intelligence Artificielle (I.A.) de plein fouet. Qu’en pensez-vous ? C’est une inquiétude, mais on ne peut pas arrêter les avancées technologiques. Pour l’instant, ce n’est pas très probant car ça efface beaucoup de subtilités, ça aplatit tout. La richesse se situe aussi dans les détails qui font la justesse, l’authenticité et l’humanité d’une interprétation. Je pense qu’il faut légiférer mais la robotisation de la société est malheureusement en cours dans bien des domaines et ça me désole. Il est nécessaire de se battre.

Vous doublez beaucoup. Mais, les planches vous plaisent aussi. De quelle manière avez-vous commencé théâtralement et où en êtes-vous maintenant ? J’ai débuté le théâtre au collège puis j’ai suivi des cours d’art dramatique. J’ai commencé à travailler professionnellement pendant ma dernière année. Le théâtre est très important pour mon équilibre, c’est une grande chance de pouvoir combiner scène et doublage. Le travail est différent en ce qui concerne la recherche. Au théâtre, il faut tout créer, en doublage, on s’appuie sur ce qui a été fait en y apportant notre sensibilité. Il s’agit du « jeu » dans les deux cas.

Il y a 3 ans, j’ai adapté et joué plus d’une centaine de fois « Point Cardinal » de Léonor de Récondo. Ce fut une aventure magnifique. Actuellement, j’ai la chance de jouer dans « Le repas des fauves » de Vahé Katcha au théâtre Hébertot à Paris. Adapté et mis en scène par Julien Sibre, avec Thierry Frémont et des actrices-teurs formidables dont Stéphanie Hédin, Barbara Tissier, Jeremy Prevost et Alexis Victor. En janvier, je jouerai « Les Consolantes » de Pauline Susini qui évoque la consolation, la reconstruction après les attentats du 13 novembre. Un projet très fort et nécessaire.

Plusieurs changements eurent lieu dans le milieu du doublage depuis la Covid. Que regrettez-vous le plus ? Je regrette beaucoup que nous prenions l’habitude d’enregistrer seul-e. Ce n’est pas toujours le cas mais c’est de plus en plus répandu. C’est quand même plus jubilatoire de jouer avec l’autre…

Si « Barba » (« New York Unité Spéciale ») croisait « Ruzek » (« Chicago Police »), quels seraient leurs dialogues en français selon vous ?

« Barba :
J’adore new York !
Ruzek :
Je préfère Chicago ! »

Quel est le doublage français le plus fou où vous avez participé ? Je ne sais pas si c’est le plus fou, mais doubler Rami Malek qui interprétait « Freddie Mercury » dans « Bohemian Rhapsody » sous la direction de Barbara Tissier, est un souvenir important et fort.

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