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LA sélection fantastique des courts-métrages internationaux du NIFFF 2017

Lors de l’édition précédente, c’est le film suisse « Ivan’s Need » qui remportait le Méliès d’Argent du meilleur court métrage international. Veronica Lingg, Manuela Leuenberger et Lukas Suter y dépeignaient un drôle de monde en animation, couleurs fluos et onomatopées à la pelle, autour de la thématique de la sexualité, du désir. Comique et touchant, ce court-métrage avait su saisir le jury et s’emparer de leurs votes.


Cette année, à l’heure où ces lignes sont écrites, le vainqueur n’est pas encore connu, mais la compétition est rude ! De l’animation, du comique, du drame, de l’horreur, du sexe aussi, et, bien sûr, du fantastique à toutes les sauces.

Le premier des six courts présentés est un australien, « Wandering Soul », de Josh Tanner. Vietnam 1967, dans les tunnels de Chi, un soldat enterre un de ses compatriotes tombés au combat. Alors qu’il désire prier pour lui, tout ne se passe pas comme prévu, il est interrompu par des voix, prend peur, et court sans s’arrêter dans le dédale labyrinthique des tunnels, entre ombre et lumière, mais surtout ombre. L’histoire fait donc allusion à des faits réels : l’opération Wandering Soul lors de guerre du Vietnam, menée par les Américains, à des fins de tests psychologiques et de propagande. Les tunnels sont ouverts au public à l’heure actuelle, et la page Wikipédia précise même que les galeries ont été aménagées pour que même les touristes « un peu corpulents » puissent y entrer… Claustrophobes et cardiaques s’abstenir !

Changement de registre avec « The Absence of Eddy Table » du norvégien Rune Spaans. Cravate au coup, chemise blanche et sac à dos, Eddy part en balade dans la forêt, suit une petite lumière qui semble vouloir le guider, mais se retrouve perdu. Une musique douce accompagne le petit bonhomme dont les yeux gigantesques n’ont d’égal que la dentition superbement définie. Jusqu’à ce que… S’ensuivent de drôles d’évènements, un peu effrayants, mais on s’accroche pour tenter de comprendre les enjeux de ce monde étrange et coloré. Au fil des personnages qu’il croise, Eddy fait de plus ou moins mauvaises rencontres, et devrait se rappeler qu’il ne faut pas, mais alors pas du tout, se fier aux apparences.

En troisième place, voici le film français « Les Îles » de Yann Gonzalez, présenté en séance spéciale lors de la Semaine de la Critique à Cannes. Comme pour plusieurs de ses précédents courts et longs-métrages, Gonzalez explore la forme du rêve et/ou du cauchemar. Des personnages, hommes et femmes, expérimentent leur désir, les identités sont floues et poreuses, en surimpressions, comme les genres qui se mélangent sans limites. Le film a été tourné en 35mm, dans un désir romantique du réalisateur, mais le DCP fait tout aussi bien l’affaire pour montrer cette histoire basée sur le désir, la sexualité, les envies. Le rendu final n’est pas très clair, on avoue ne pas avoir tout compris, mais la poésie prend le pas sur la narration, et le but est probablement plutôt de se laisser emporter par l’image, la musique, et l’émotion.

Et on reste dans la thématique de la sexualité, mais cette fois-ci dans un univers totalement différent avec « Rétrosexe » du français Jean-Baptiste Saurel. Années 2050, un groupe d’adolescents part sur les traces du sexe à l’ancienne, de « comment les gens, ils faisaient avant ». Dans leur monde où les baisers et les contacts corporels sont interdits – trop de bactéries échangées, vous comprenez – le club des cinq réuni des indices pour pouvoir atteindre le but ultime : l’orgasme. Une belle réflexion sur la sexualité, et même sur l’éducation sexuelle ; ces jeunes se basent sur ce qu’ils ont à disposition pour comprendre le sexe et le désir, c’est-à-dire un vieil ordinateur avec des gifs et des fenêtres pop-ups avec des sites pornographiques en veux-tu en voilà. S’informer sur le sexe prend une importance d’autant plus considérable que c’est un interdit. Ce besoin et cette envie de savoir, que tout adolescent a déjà vécu, rappelle la société actuelle, dans laquelle le porno a une place prépondérante en dépit du « vrai » sexe dans la « vraie » vie. Une belle leçon de sexualité.

Cinquième court, qui a vraiment moins convaincu, « Don’t Open Your Eyes » de Adrián García Bogliano et Andrea Quiroz, qui compte l’histoire de Céleste et sa sœur Isa, la deuxième ayant apparemment « réussi » sa vie en dépit de la première. Ainsi, Céleste, sur les conseils de sa sœur, doit écouter, pendant la nuit, avant de dormir, un vinyle répondant au nom étrange de « Magnetic Hypnosis » pour avoir une vie meilleure. On ne spoile pas la fin, mais l’histoire est très peu développée, le fantastique semble plus un prétexte qu’autre chose, l’image ne dégage rien de spécial. La déception de cette sélection de court-métrage, alors qu’il semblait être un des réalisateurs chouchou du festival, ayant déjà participé en 2015 avec Scherzo Diabolico.

Dernier, mais pas des moindres, le sixième court est complètement barré ! Une comédie musicale sur le thème de « My Burden », mon poids, mon fardeau, ma charge, dans une petite ville morne dans laquelle habitent des animaux : les souris travaillent dans un fast-food, les singes sont téléphonistes, les chiens sont employés de supermarché, et les harengs vivent à l’hôtel. Mais pas n’importe quel hôtel, le « Long Stay » qui accueillent les gens qui sont seuls, qui veulent être seuls et ont des amis, qui ne veulent pas être seuls, mais qui n’ont pas d’amis, qui veulent être seuls car ils n’ont pas d’amis, bref, un hôtel où chacun est seul, mais ensemble. Chaque mini-séquence en animation se déroule dans un de ces lieux avec une chanson toujours peu compréhensible, mais avec une mise en scène très drôle et qui rend vraiment hommage aux comédies musicales classiques, avec des numéros de claquettes et des chorégraphiques spectaculaires. La fin est totalement énigmatique, on n’a pas compris le message du film, si message, il y avait, mais le tout est complètement grotesque et absurde. On aime ou on n’aime pas !

En bref, une sélection très variée pour cette édition 2017 du NIFFF, on se réjouit vraiment de découvrir samedi 8 juillet lors de la cérémonie de clôture – avec la projection très attendue de Baby Driver – lequel de ces six courts aura convaincu le jury, et, de notre côté, on croise les doigts pour Rétrosexe, mais ce n’est que l’avis de la rédaction!

« Wandering Soul »
Josh Tanner, Australie, 2016.

« The Absence of Eddy Table »
Rune Spaans, Norvège, 2016.

« Les îles »
Yann Gonzalez, France, 2017.

« Rétrosexe »
Jean-Baptiste Saurel, France, 2016.

« Don’t Open Your Eyes »
Adrián García Bogliano, Andrea Quiroz, Suède, Mexique, 2017.

« My Burden »
Niki Lindroth Von Bahr, Suède, 2017.

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